L'histoire :
Il y avait une fois, un riche marchand qui s’évertuait à procurer la meilleure éducation possible à ses six enfants. La cadette de ses filles était surnommée la « Belle », parce que mignonne, studieuse et moins orgueilleuse que ses ainées. Mais un jour, alors que les enfants étaient déjà grands et volaient presque tous de leurs propres ailes, le marchand perdit son bien et se retrouva à devoir vivre dans une modeste chaumière en campagne, en compagnie de sa dernière fille à ne pas s’être mariée, Belle. Plusieurs gentilshommes se mirent alors à plaindre la condition de la Belle et se proposèrent de l’épouser. Mais la jeune femme refusait toutes les avances, préférant aider son pauvre père pour le consoler et l’aider à travailler. Elle se levait tôt et s’habitua rapidement à cette vie de labeur, qui lui procura une excellente santé. Un jour, le marchand fut invité à venir récupérer la marchandise qu’il avait commandée sur le quai d’un port. Or lors de cette transaction, on lui fit un procès pour ses marchandises. Il revint aussi pauvre qu’il était parti… Au retour, alors qu’il traversait un grand bois, il se perdit. Il aperçut alors la lumière d’un grand palais, vers lequel il se dirigea…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La voilà, la fameuse « BD » commandée par l’Education Nationale à près d’un million d’exemplaires et finalement retoquée par la Ministre Elisabeth Borne ! L’ouvrage, une revisite moderne par le dessinateur Jul du célèbre texte La Belle et la bête dans sa version de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, avait été finalement jugée « pas adaptée » à des enfants de 10 ans. Alors donc, quid de cette polémique, aujourd’hui que le bouquin parait chez un éditeur « normal » Grand Palais Rmn Editions ? On vous propose ci-après notre regard sur cette adaptation, avec prise de recul maximale et sans préjugé partisan. En premier lieu, redonnons la définition de l’ouvrage, qui n’est pas du tout une BD, mais le conte originel illustré. Le texte rédigé sur une page ; l’illustration sur la page en vis-à-vis. Ensuite, la revisite graphique de Jul n’a en soi franchement rien de choquant. Jul fait du Jul, avec son dessin jeté et son farouche désir d’écorner les modes, sans doute pour s’adresser aux « jeunes ». Ainsi, les filles du vieux marchand sont des bimbos bloquées sur les réseaux sociaux, par exemple. Cela dit, 80% des illustrations se bornent (haha) à faire de l’illustration intemporelle, illustrative (sic) et sans truculence. D'une platitude confondante. Pour autant, il faut aussi reconnaître que le ton ne s’adresse pas non plus idéalement aux moins de 10 ans. Cette adaptation s’adresse surtout aux fans de Silex and the city, de Jul… et elle respecte à la lettre près le texte littérairement rédigé en 1756. Il n’y a rien non plus de choquant à mélanger une vieille écriture et un dessin moderne. Cela suscite le grand écart, la dichotomie, de bon aloi en matière d’humour… mais cela laissera effectivement de marbre les enfants de 10 ans. Au final, s’il n’y avait pas eu la polémique, cette adaptation n’aurait pas eu d'intérêt.
