L'histoire :
Vienne, 1968 : Antonia n'est encore qu'une adolescente de la haute noblesse de l'empire des Habsbourg. Mais à 13 ans, elle est promise à un mariage avec le fils du Roi de France, le futur Louis XVI. C'est un déchirement pour elle, mais elle n'a aucun choix, cernée par sa mère, qui la fait surveiller par un prêtre de confiance. Son futur mari n'a pas le choix non plus, lui qui n'a que 15 ans... Elle arrive en France où elle est bientôt encadrée par une femme chargée de « l'étiquette », c'est-à-dire de la bonne façon de se comporter selon son rang. Pourtant, peu à peu, avec son goût pour la fête et les amusements, elle se fait une place et charme son entourage. Tandis que le Roi Louis XV s'affiche avec sa favorite, la comtesse du Barry, son petit-fils Louis, le dauphin, désormais époux de Marie-Antoinette, s'ennuie et s'évade dans ses passe-temps favoris : astronomie, serrurerie... Sa personnalité finalement singulière, cultivée (il a appris plusieurs langues) le rend attachant pour sa femme, au point qu'ils deviennent complices. La fonction officielle n'est donc pas évidente pour les jeunes époux qui ont en commun de ne pas se sentir à leur place. Ils sont en effet beaucoup plus originaux que les conventions de la Cour, ses moqueries cruelles et son hypocrisie. L'enjeu central, pour eux et pour l'instant, va être de donner naissance à un héritier. Fin de la première partie en 1777... la Révolution est encore loin !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette édition bénéficie de la garantie scientifique et historique de l'Etablissement public du Château de Versailles (relevant donc de l'Etat) qui le coédite, et d'une experte, Hélène Delalex, conservatrice en chef du patrimoine. Le récit est donc indiscutablement exact, loin des clichés liés habituellement à Marie-Antoinette. Ceci vaut aussi pour son royal mari, que les travaux historiques récents ont en quelque sorte réhabilité. Les deux sont plus victimes du régime, de la période et des soubresauts politiques. On a affaire à une reine plus moderne que la célèbre citation apocryphe qui lui reste attachée (« Le peuple n'a pas de pain ? Qu'on lui donne de la brioche ! »). Quant au futur roi, certes dépassé tel qu'on le connaît, il fut plus fin qu'on ne le croyait. Le propos historique est le principal apport, notamment pour les jeunes désirant mieux connaître cette période pré-révolutionnaire, et particulièrement les filles, les femmes, qui se sentiront naturellement plus proches d'Antonia. Pour le dessin, très académique, c'est autre chose. Les descriptions des bâtiments et costumes sont cependant honnêtes, sûrement correctes, mais la flamme n'y est pas. Cette tâche ingrate a été confiée à un dessinateur ayant déjà l'expérience de BD historiques, bon faiseur, mais ici qui est loin de la vivacité de la BD, ses codes et ses manières de plaire. Le dessin se tient, mais les hachures, les traits trop appuyés, le côté statique empêchent une lecture qui aurait pu être agréable. Bruno Rocco saura certainement faire mieux de prochaines fois. Le lecteur BD habituel s'y retrouve peu, mais l'album peut en intéresser les autres, notamment les habitués de Ouest-France, ils sont plus nombreux !