L'histoire :
11 juin 1951, Budapest. Un homme, à qui on a passé un sac sur la tête, a la corde au cou. Sur proposition du ministre de la Défense, le Conseil présidentiel de la République populaire de Hongrie a condamné à mort Lajos Toth, sans possibilité d'amnistie. Son acte de condamnation : conspiration visant à renverser le régime. Il ne complotait pourtant rien, mais son tort a été d'avoir servi son pays 7 années auparavant, pendant la Seconde Guerre Mondiale, quand les forces militaires hongroises étaient alliées de l'Allemagne nazie. Son tort est d'avoir été un as, qui a envoyé au tapis 22 avions décorés de l'étoile rouge soviétique. Désormais, le pays est aux mains des apparatchiks. Son tort, c'est d'avoir soutenu qu'il ne regrettait pas un seul de ses combats aériens. Il était un homme d'honneur, qui descendit aussi des avions américains. Une fois même, un yankee atterrit en parachute, ayant réussi à s'extraire de la carcasse en feu du Mustang que Lajos avait abattu. Il empêcha alors une foule de paysans de le lyncher, pour en faire un prisonnier de guerre. Un courage et des valeurs de combattant que son propre pays allait punir d'une sanction sans retour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En trois ans et demi et quatre albums, Guyla Pozsgay a prouvé qu'il était un auteur complet qui s'est fait un nom dans la BD d'aviation. Tout commence avec Old Tiger, un récit dédié à la mémoire de son grand-père, qui fut artilleur sur un bombardier hongrois puis pilote, mais aussi peintre et qui lui transmis la passion pour l'aéronautique, mais aussi celle des arts graphiques. Formé à l'architecture et l'économie, mais incontestablement doué pour le dessin et les illustrations digitales, c'est sans doute en retraçant le récit de la guerre mené par son aïeul qu’il a découvert d'autres histoires de pilotes, ancrées par le contexte doublement dramatique de son pays. Non seulement les soldats hongrois ont étés défaits, car le pays était allié aux Nazis, mais ensuite ils ont du fuir leur pays tombé aux mains des communistes contre lesquels ils avaient combattu. C'est exactement le sort qu'a connu Lajos Toth, dit « Drummi ». Il fut un as, crédité de 26 victoires en combat aérien, 22 appareils soviétiques abattus et 4 américains. A la fin de la guerre, il est fait prisonnier par le nouveau régime et libéré deux ans plus tard ! Le gouvernement lui confie la mission de former de nouveaux pilotes, mais il ne cache pas son aversion pour la doctrine communiste. Une fois sa mission accomplie, il est condamné à mort en 1951 pour conspiration contre son pays, ce qui est alors qualifié par de serviles juges comme un « crime d'infidélité à la patrie ». Pozgay retrace donc son parcours en réalisant un nouveau récit de guerre où il nous emmène dans les cieux criblés par les obus. Un récit certes spectaculaire, mais qui laisse surtout à penser combien le Haut Commandement et le pouvoir politique peuvent être perfides, jusqu'à la folie et l'ignominie. Une BD magnifique.