L'histoire :
Un soir d’automne, le détective londonien Thomas Cornacki a réuni pour diner quatre amis chez lui, au 472 Cheyne Walk. Il leur explique que la plupart des affaires qui lui sont soumises trouvent des explications cartésiennes… et ne l’intéressent donc guère. Lui, sa spécialité, c’est d’enquêter sur le petit pourcentage d’énigmes qui dépassent le cadre scientifique et cartésien. Le diner terminé, Cornacki installe ses auditeurs dans le salon et tandis qu’ils fument pipes et cigares, il commence par leur raconter l’affaire de la « chambre grise ». Ça avait commencé par une convocation de son ami Wentworth pour qu’il résolve les manifestations surnaturelles qui surviennent dans son cottage loué sur la côte. Une fois sur place, le locataire explique que chaque nuit, il entend des craquements sinistres et des gémissements. Mais le pire, c’est que les murs se mettent aussi à suinter du sang, qui dégouline sur le mur de l’escalier. Cornacki se mit alors à enquêter… mais dans le même temps, il reçut aussi une seconde lettre, d’un noble, pour une affaire de chambre hantée au sein d’un magnifique château. Chaque nuit, la porte de cette chambre claque violemment par intervalles réguliers, les meubles se déplacent, les draps du lit sont jetés au loin, et des coups sourds résonnent dans tout le bâtiment…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Second opus d’adaptation du détective de l’occulte Thomas Carnacki, sorte d’alter-ego d’Harry Dickson qui a le look de Mandrake le magicien… en pas mieux. En effet, Carnacki enquête sur des affaires réellement fantastiques, qui ont des explications aussi extraordinaires et faciles que le permet ce registre ultra ouvert. Le savoir-faire narratif du scénariste Corbeyran – dont les narratifs sont fort bien rédigés – n’est pas à remettre en cause. Ça semble bien la matière première des romans de William Hope Hodgson qui se trouve être d’une grande légèreté. Les phénomènes paranormaux sont en effet relativement convenus. Et a contrario de Conan Doyle, dont tout le sel des enquêtes est dérivé de la déduction et de l’observation, notre détective de l’occulte suce de son pouce leurs explications en les sortant de son chapeau. En somme, malgré le spectaculaire des faits, le fond est creux : de la problématique de départ, jusqu’à la non-finalité, en passant surtout par une résolution brodée sur deux fois rien. En outre Corbeyran ne s’est pas facilité la tâche en entremêlant trois enquêtes aucunement liées entre elles, mais racontées en parallèle, comme s’il s’agissait d’un exercice oubapien (ouvroir de bande dessinée potentiel). Primo, une chambre sacrément hantée ; deuxio, un manoir plus gentiment hanté ; tertio, l’apparition d’un livre unique en doublon. Résultat : à chaque fois qu’on passe d’une affaire à l’autre, lorsque les problématiques sont posées ou que Cornacki enquête, il faut vite zapper et on perd l’intensité installée précédemment par la voix off du détective. La principale plus-value de cette série provient donc de l’immersion graphique et des encrages réalistes dans l’ambiance victorienne du début du XXème siècle. L’artiste italien Luca Raimondo campe notamment ses personnages au sein de décors chics et anciens, de l’intérieur comme de l’extérieur. So posh.
