L'histoire :
Pendant un voyage dans la péninsule ibérique effectué en l’an 1142, l’abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, rencontre deux célèbres traducteurs d’ouvrages scientifiques de l’arabe vers le latin : Robert de Ketton et Herman de Carinthie. Soucieux d’établir un fonds de connaissances de l’islam basé sur des sources fiables et non sur des légendes, il charge les deux savants de traduire des textes clés de l’islam, dont le Coran : c’est la première traduction latine. En 1288, le frère dominicain Riccoldo da Monte de Croce quitte Florence pour gagner l’Orient dans le but d’apprendre l’arabe et de convertir les musulmans au christianisme. Il étudie le coran et discute avec les savants musulmans de Bagdad. S’il est ébloui par la beauté des lieux, il est en même temps frustré par son incapacité à convertir les musulmans.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce docu-BD retrace l’histoire du Coran en Europe entre le XIIe et le XIXe siècle. A l’origine de ce projet, deux professeurs d’Histoire : John Tolan et Jan Loop. Ces deux universitaires se sont entourés d’un comité scientifique, avec notamment un spécialiste de l’islam (Roberto Tottoli), une historienne (Mercedes Gracia-Arenal) et de nombreux chercheurs. Ce livre retrace en 12 chapitres une page historique et culturelle assez mal connue de l’Europe : l’épopée du Coran sur le continent occidental. Les auteurs évoquent les différents travaux de traduction qui, pour certains hommes d’Eglise, s’inscrivaient dans une optique de comprendre une religion différente. Pour d’autres, c’était un moyen de trouver dans le Coran des arguments en faveur du christianisme ou encore d’étudier un ouvrage dont la langue est proche de l’hébreu, permettant ainsi de mieux comprendre les évangiles. On apprend entre autre qu’au XVIe siècle, le Coran a été instrumentalisé dans les débats qui opposaient les catholiques et les protestants. Même Napoléon manifestait un intérêt pour les textes sacrés de l’Islam. C’est bien le coran en tant qu’objet historique et culturel qui est évoqué dans cet ouvrage et non son contenu religieux. Cet ouvrage sérieux est agrémenté entre chaque chapitre de documents historiques et d’une analyse fine sur la période concernée. Le dessin vif et nerveux d’Ernesto Anderle se montre lisible et approprié à cet ouvrage didactique.