L'histoire :
En décembre 1991, Sharko vient d’arriver à Paris, pour sa première affectation en tant qu’inspecteur de police. Il reçoit la visite de sa copine, qui est montée à la capitale pour les besoins d’un entretien dans un laboratoire d’analyses médicales. Elle espère décrocher le poste, et pouvoir s’installer avec lui. Mais l’esprit de Sharko est ailleurs, hanté par la découverte qu’il a faire le jour même. Suite au coup de fil paniqué d’un certain Philippe Vasquez, Sharko est entré dans un atelier d’artiste, l’arme au poing. Au milieu des mouches, il a découvert un cadavre de femme alité et mis en scène d’horrible manière : un sac en papier sur la tête, sur lequel est dessiné un smiley ; 22 photos d’enfants nus accrochés au mur, au milieu desquels l’une manque ostensiblement ; les seins et le sexe de la victime brûlés au chalumeau – de son vivant, affirmera l’autopsie. L’appartement est fermé de l’intérieur, mais l’assassin n’est plus là. Sur la tranche du montant de la porte est inscrit le mot « pagode ». Vasquez a reçu un courrier étrange accompagné du célèbre recueil de poésie de Baudelaire, Les fleurs du mal. Bref, que d’énigmes particulièrement retorses, qui obsèdent Sharko. Il commence son enquête en allant rendre visite aux parents de la propriétaire de l’appartement, supposée être la victime…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Philéas ont déjà adapté les trois romans qui composent La trilogie de la violence (le syndrome [E], Gataca, Atom[ka]), ainsi que [Angor] en 2024, du romancier Franck Thilliez. Tous mettent en scène l’expérimenté inspecteur de police Franck Sharko, face à des affaires sordides et torturées, comme on n’en croise que dans les… polars les plus retors. Cette nouvelle adaptation, par un grand scénariste de la scène BD, Luc Brunschwig, place le héros face à sa toute première enquête, en l’année 1991 qui en définit le titre. Les plus vieux lecteurs se souviendront peut-être qu’à l’époque, il n’y avait pas de téléphones portables, mais des fax, et c’était les débuts de l’ADN, devenu depuis lors le domaine d’expertise policière numéro 1. Ils se souviendront peut-être aussi que 1991, c’est l’année de sortie d’un film fondateur : Le silence des agneaux. Sharko est donc ici une « bleusaille », qui commet des erreurs de débutant et fait des projets de vie avec sa jeune compagne laborantine. Pour autant, il s’investit déjà pleinement dans ce job pour lequel il est façonné. Sa première affaire l’envoie d’emblée dans des dimensions psychologiques particulièrement tourmentées de l’âme humaine. Les thématiques de la sexualité, de la gémellité, de la drogue, ou du jeu de piste de psychopathe, récurrentes dans l’œuvre de Thilliez, sont déjà présentes. Le découpage et les dialogues de Brunschwig sont parfaitement addictifs. On ne lâche pas l’intrigue avant de l’avoir terminée. Persévérant et cohérent tout au long des 110 planches, le dessin encré réaliste de Michel Montheillet est adapté au registre. Il n’est cependant pas exempt d’approximations dans les proportions ou les faciès changeants des personnages.
