L'histoire :
Le 16 juillet 1942, au cœur de l’occupation allemande, la police de l’Etat français (pétainiste) procède à Paris à des arrestations massives de juifs – hommes, femmes, enfants, sans distinction. Ils toquent entre autre à la porte des Hoffmann, qui craignent le pire (NDLR : la détention au Vel d’hiv, puis la déportation et l’extermination). Les parents cachent aussitôt leurs deux enfants sous un lit et prétextent qu’ils sont absents, en vacances chez leur oncle du Périgord. L’ainé Nathanaël a pour consigne de veiller sur son petit frère et de ne pas bouger, jusqu’à ce que la police soit partie. Le concierge les aidera ensuite à rejoindre une maison d’enfants dans le Sud de la France. A Moissac, dans un grand camp de vacances du Tarn-et-Garonne, on s’inquiète de cette arrestation de 13 000 juifs en deux jours à Paris. Les encadrants adultes scouts, parmi lesquels un certain Castor (surnom de résistant de Robert Gamzon), organisent des camps. Il prévient ses jeunes encadrants (« Chamois » et « Jaguar ») qu’il va falloir protéger les enfants juifs dont ils ont la garde à la « Maison » de Moissac, car des rafles vont encore avoir lieu dans leur zone libre. Ces gens de bien s’organisent alors : élaboration d’un réseau d’informations, création de faux papier, placement d’enfants dans des familles, des collèges, des monastères…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album en one-shot se place dans la ligne éditoriale catholique des éditions Plein Vent / le Rocher (groupe Elidia) et dans le prolongement du précédent diptyque Justes parmi les nations. Le focus est porté cette fois sur le réseau de Résistants qui s’est mis en place autour de la maison de vacances de Moissac pendant l’été 1942 (après la Rafle du Vel d’hiv), afin de protéger un maximum d’enfants juifs placés en zone libre contre la déportation. Le scénario de Pierre Roland Saint-Dizier, rompu à cet exercice historique et expérimenté sur le sujet de la shoah, s’appuie sur une immersion documentaire et factuelle (articles, témoignages ouvrages…). La narration se déroule équilibrée et très lisible, bien que convenue et sans relief dans la personnalité des protagonistes, dont certains authentiques. Cela dit, quand on aborde un sujet mémoriel aussi lourd émotionnellement que la shoah, la prise de distance est sans doute nécessaire. On aurait aimé en savoir plus sur la répartition des tâches dans le binôme d’artistes italiens qui se charge du très joli dessin semi-réaliste, Andrea Mutti et Angelo Bassucchini. On reconnait cependant quelques traits de visages propres à Mutti (Chamois), pour une reconstitution historique à l’encrage et à la colorisation élégants.
