L'histoire :
Au tout début du XXème siècle, au milieu de l’hiver, des paysans se livrent à un pogrom dans une modeste datcha de Roumanie. Adolescent, Samuel Zemurray assiste impuissant au massacre de ses parents. Il est laissé pour mort dans sa maison incendiée. Il parvient néanmoins à échapper aux flammes et fuit ce pays qui ne lui offre rien de bon. Deux ans plus tard, il a réussi à se payer une traversée pour les USA. Il se retrouve dans les entrepôts de l’immigration à Ellis Island, avec une bonne angine. Etant donné qu’il a l’adresse d’un oncle à New York, on le laisse entrer sur le territoire. Hélas, une fois rendu à l’adresse indiquée, le locataire lui annonce que son oncle est mort depuis quelques temps. Samuel cherche donc du travail. Dans une épicerie, il voit une affiche de l’United Fruit Company, qui exporte des bananes du Guatemala. Il tombe en admiration devant ce fruit qu’il ne connait pas et qu’il trouve délicieux. Dès le lendemain, il s’arrange pour grimper à bord d’un paquebot à destination du Guatemala. Durant la traversée, il découvre qu’il n’est pas le seul passager clandestin à chiper de la nourriture au cuisinier du bord. Il fait la connaissance de Tommy, un jeune vagabond de son âge, qui deviendra à la fois son meilleur ami et son rival…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous êtes amateur de bananes ou passionné(e) par les aventures industrielles, lancez-vous dans l’épluchage de ce diptyque en devenir. Il retrace sous un jour romanesque la success-story tumultueuse de l’autodidacte « Sam the banana man ». Cet authentique immigré juif roumain (moldave) a fui les pogroms pour rejoindre les USA au début du XXe siècle et y faire fortune dans la récolte et l’export/import de… bananes. Samuel Zemurray est réellement parti de deux fois rien, en revendant des bananes menacées de sur-maturité, il a traversé des épreuves inouïes, il a mis les mains dans le pétrin, il a osé l’entreprenariat dans un contexte complexe, il a fomenté des coups d’Etat… On assiste dans ce premier épisode à sa jeunesse, son immigration, sa compréhension d’un système, sa lente montée en puissance, aux côtés de deux amis, Tommy et Jimena (a priori fictifs), à son sens aigu des affaires, quitte à devoir en passer par des escroqueries et une forme d’esclavagisme… bien que son caractère volontariste le pousse aussi (authentiquement) à participer parfois aux durs labeurs ouvriers. Le scénariste Jack Manini s’affranchit librement de la réalité, mais propose de fait une narration plutôt efficace. Le triangle amoureux est plutôt insaisissable, on ne sait jamais trop sur quels pieds dansent les protagonistes. Le plus belge des coréens, Kyung Eun Park dessine sérieusement cette saga à l’aide d’un semi-réalisme stylisé et abouti, aux cases bien remplies, notamment par sa propre colorisation.