L'histoire :
Autour de leurs 20 ans, après avoir été reçus à l'examen final des Arts Appliqués, trois copains, Alex, Bo et Laurent, doivent décider de leur avenir. Ils vont se lancer en créant un petit studio graphique et en s’installant près de Châteauroux. Leur voisin de palier s’appelle Cyril, marié à Evelyne. Le courant passe immédiatement entre eux. La bonne humeur constante de Cyril, son entrain à mordre la vie à pleine dents, communique quelque chose d'essentiel à Laurent. Celui-ci, grâce à Cyril, est amené à connaître Virginie, coiffeuse, qui partagera ensuite sa vie. Le couple s’installera à Paris, sans voir Cyril pendant quelques années. Le destin frappera alors durement Cyril, par deux maladies graves : une tumeur et une affection auto-immune... Il lutte pendant 13 ans. Lorsque Laurent recroise Cyril par hasard, ce dernier s'est enfoncé dans la maladie. Il sera tout de même témoin du mariage de Laurent et aura même un second enfant. Pour ses 35 ans, c'est l'occasion d'une fête entre amis.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On le sait dès les planches d’introduction de l’album : Cyril perdra la bataille après une troisième maladie grave, et il partira à l’âge de 40 ans. Mais pour Laurent, il a acquis le statut de « super-héros » développé dans un épilogue original. Après le succès de son western en 5 tomes La Venin, Laurent Astier, auteur complet, a pris deux ans de sa carrière pour ce récit autobiographique qu'il avait en tête depuis longtemps. Pas si facile de retracer sa propre vie et de mettre l’accent sur la grave maladie et la fin d'un proche. Astier a pris le parti d’une présentation détaillée des moments-clés et d’autres moments plus anodins, une description en profondeur des personnages, en motivations et en actes. Ce long album de 210 pages a de grandes qualités de lisibilité, une spontanéité du trait correspondant bien au propos. Il raconte en effet tous les épisodes de leur amitié et de leurs vies, avec simplicité et beaucoup de cœur. A travers cette double biographie (deux personnages principaux à égalité), l'auteur devait non seulement dessiner beaucoup mais aussi être dans la vérité, sans fioriture, en prise directe avec son histoire vécue. Il rend lisible sa narration par des couleurs choisies pour chaque période ou chaque moment. Ainsi, le jaune-orange couvre la première période jusqu'à l'installation parisienne. Puis le bleu du prologue annonçant le deuil, le rose pour la maladie et les soins médicaux, le vert pour l'espérance dans une guérison, etc. Tout n'est pas dramatisé, loin s’en faut, car heureusement il existe des moments joyeux, de rires, et le ton d'ensemble, bien sûr sincère, est bienveillant et néanmoins émouvant. Un album personnel, original, avec une couverture mate, un papier de qualité, une tranche en tissu : une création, toujours rare dans une carrière. Astier a bien fait.