L'histoire :
Camille est une jeune femme travaillant dans un magasin de sport. Ses relations aux autres employés, dont certains gros lourds, ne sont pas aisées, et cela se complique le jour où des symptômes se signalent durement au niveau de son ventre. Après quelques examens, le diagnostique tombe : elle souffre de la maladie de Crohn. Une affection chronique inflammatoire de l’intestin, dont les traitements ne permettent pas une guérison, juste des accalmies dans des crises régulières. Rapidement, Camille va apprendre à adopter celle-ci, en lui donnant psychiquement l’apparence d’une petite mort voilée, l’accompagnant tout au long de sa vie. Son travail, ses relations, vont s’en trouver influencées et contrariées. Cela ne va pas l’empêcher de réaliser son rêve : être admise à une grande école graphique, afin de faire de la bande dessinée son métier.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Camille Valloton, alias Vamille, n’en est pas à son premier ouvrage, mais c’est avec ces Fleurs intestinales qu’elle se présente au grand jour au lectorat français, en signant chez Sarbacane, après quelques ouvrages parus en Suisse. Son style tout en rondeur, agréable dans les formes et le traitement doux des couleurs, bien qu’assez typique du genre attendu d’étudiants en école d’illustration et bande dessinée, démontre une patte personnelle apaisante, n’hésitant pas à faire ressortir la personnalité de l’autrice. Normal pour un récit autobiographique. Car avant ce projet introspectif et nécessaire, elle a obtenu en 2016 le prix Topffer de la jeune bande-dessinée du Canton de Genève pour sa BD de diplôme Speculum Mortis, dans un style noir beaucoup moins « jeunesse ». Celle-ci a été publiée fin 2018 par la maison d’édition Hélice Hélas, tandis qu’un manga rigolo Uogokoro areba mizugokoro (L'histoire de Sakana Kid), traitant d’un poisson d’aquarium, a paru chez Pépite club en 2024 ; résultat d’une résidence artistique au Japon l’année précédente. Dans Fleurs intestinales, l’autrice évoque avec sincérité et lucidité, mais surtout une grande poésie, sa maladie, encore peu connue. Si l’on aurait pu redouter un énième documentaire BD de type médical un peu sec (une BD sur la maladie existe d’ailleurs depuis 2021 : Ma Crohn de vie, chez Leduc Graphic), la version de Vamille n’a rien à voir et se déguste comme un réel récit de fiction émouvant, dans lequel l’autrice engage tout son savoir-faire graphique et émotionnel. Il en résulte une belle surprise, graphiquement surprenante et très agréable, et l’envie de suivre Vamille dans ses autres créations. Recommandé, quel que soit l’intérêt porté à la maladie.