L'histoire :
Brisa a un job alimentaire de serveuse dans un bar. La jeune sculptrice diplômée depuis quelques mois galère pour trouver un vrai poste qui corresponde à sa formation et à ses aspirations. Son obstination finit par payer. Elle est contactée par Junior, le directeur d’une agence spécialisée dans la conception de ronds-points en Espagne : Rotunda. Elle rejoint une équipe de 6 créatifs parmi lesquels elle s’intègre très rapidement et avec qui elle va nouer des liens. L’agence n’a pas de difficulté à décrocher des contrats publics, car le père de Junior n’est autre que le président de la direction générale des transports. Le patriarche autoritaire et sans cœur s’affranchit sans scrupule des appels d’offres. Junior, quant à lui, donne l’illusion de travailler, mais il préfère s’occuper des plantes vertes qui vont garnir son bureau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son premier roman graphique, Candela Sierra, ancienne étudiante des beaux-arts de Grenade, prend pour toile de fond le cynisme de certains patrons de start-up à l’égard de leurs salariés. Junior, le responsable de l’agence de création de ronds-points, ne doit son succès qu’au talent de son équipe qu’il exploite et à son père qui lui refile des marchés de manière pas très légale. Sous ses airs de mec sympa, Junior n’hésite pas à tacler les mères de famille qui demandent exceptionnellement à partir à l’heure, ou à proposer un contrat à mi-temps aux jeunes diplômés tout en exigeant une présence à plein temps. Quand un employé ne répond plus à ses attentes, il n’a aucun scrupule à le virer comme un malpropre. Ce parvenu use et abuse de son pouvoir de chef d’entreprise. Et comme le dit son père « Les principes c’est pour les pauvres ». Cette critique acerbe du monde du travail, de l’immoralité de chefs d’entreprises qui abusent de leur pouvoir ou qui profitent de la difficulté pour certains jeunes à trouver un premier boulot, est assez juste. Candela Sierra aborde également avec finesse le harcèlement sexuel ou encore l’attitude de certains salariés qui veulent briller aux yeux du patron. Le graphisme est moderne et audacieux avec une colorisation pêchue : les personnages n’ont pas toujours des traits gracieux, comme le visage de Junior qui ressemble à une chips. Ce roman graphique intéressant se lit facilement, bien qu’il traite d’un sujet de société consternant.