L'histoire :
Au IIème siècle, la centurie commandée par le romain Lucius Aemilus Karus s’est frottée à un puissant ennemi, outre-Manche. Envoyés en Caledonia (Ecosse) pour pacifier ce territoire, ses hommes ont subi la férocité des guerriers autochtones, mais aussi de leurs alliés démoniaques ! Des monstres horribles et des hominidés géants venus d’une île maudite, les ont attaqués et ont éradiqué tout le monde… sauf lui. De retour à Rome, il doit rendre des comptes. Devant l’assemblée des sénateurs qui promet d’être sévère, il raconte la violence et la puissance de cet ennemi qui semble invincible. Il explique comment un pur hasard lui a permis de s’en sortir, seul vivant sur un champ de bataille jonché des cadavres de sa troupe. Les sénateurs sont majoritairement dubitatifs et critiques. Ils lui retirent son grade de centurion. Mais l’empereur Hadrien est tout de même intrigué par ce danger mythique. Il décide de renvoyer Lucius en Caledonia, en compagnie d’une troupe de bâtisseurs. Ils ont pour mission de construire un haut mur empêchant les créatures de se propager dans le Sud de l’Angleterre. Lucius reste particulièrement tourmenté. D’une part, il craint qu’un mur soit insuffisant… d’autre part, il souhaite et redoute en même temps de retrouver celle qui l’a trahi, Leta, la fille de Galam, le chef des guerriers pictes. Leta hante toutes ses pensées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sujet central de cette série, mélangeant le registre du péplum avec des touches de fantasy/mythologie, se dessine plus précisément dans ce tome 2. Entre l’an 122 et l’an 127, l’empereur romain Hadrien a en effet fait ériger un formidable mur de pierres, le fameux « mur d’Hadrien », dont des bribes sont encore visibles de nos jours. Ce mur était alors édifié sur toute la largeur de la Grande Bretagne, afin de délimiter la frontière Nord de l’Empire Romain sur l’île. En narrateur expérimenté qui ne laisse pas la culture au hasard, Corbeyran imagine ici la raison suprême d’un tel ouvrage, qui a dû réclamer un effort considérable : il fallait contenir les créatures monstrueuses dont se servaient les calédoniens (alias les pictes ou aujourd’hui les écossais) pour décimer les centuries romaines. Le scénariste attribue encore à son héros, le courageux Lucius, un trouble sentimental pour la belle et farouche rouquine Leta – l’amour pour l’ennemie est toujours un twist efficace en matière de dramaturgie. Alors que nous avions laissé nos troupes romaines face à un effroyable danger à la fin du tome 1, les 20 premières pages de cette suite s’ouvrent sur un retour ensoleillé à Rome. Pas de stress : un flashback explique ce qui s’est passé et enfonce le clou en renvoyant Lucius en Caledonia pour reprendre son combat, développer sa relation avec Leta et s’engager dans une aventure… de plus en plus fantastique. Sur cette partition martiale, le dessinateur Emmanuel Despujol livre un dessin semi-réaliste très appliqué (les palais, les troupes au combat, les bâtiments maritimes…), enluminé par les jolies couleurs de sa fille Juliette.