L'histoire :
En 1749, les nantis s’ennuient à l’Opera de Paris. La pièce antique est bien trop sérieuse pour qu’on puisse faire quelque chose dans les loges et en même temps, ces dames ne goûtent guère au genre proposé. En observant les gens du parterre, Guillaume de Valmy remarque que l’un des hommes regarde son épouse avec insistance. Ce rustre n’est, en plus, qu’un simple hobereau de province. L’humiliation est donc double. Pour agrémenter la soirée, Guillaume descend et s’adresse au malotrus en plein spectacle. L’homme ne se démonte pas et il refuse de s’excuser pour si peu. Ils n’auront d’autre choix que de régler le litige en duel. A l’épée, comme deux gentilshommes. Bernard Feuillet n’a plus qu’à s’entraîner d’arrache pied. Car la réputation du baron de Valmy n’est plus à faire : on le dit meilleur bretteur du royaume. Il s’entraîne avec sa fille Françoise. Louise, sa deuxième fille, accourt, furieuse. Elle refuse que leur père se mette en danger et les abandonne pour une simple question d’ego. Bernard promet qu’il n’ira pas combattre pour rester auprès d’elles. Le lendemain matin, Louise remarque que son père n’est plus là. Il a laissé un mot pour dire qu’il tenait à tout prix sauver son honneur et qu’il comptait donc croiser le fer avec de Valmy. Françoise a elle aussi disparu de la maison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme à l’accoutumée, Tabou propose une deuxième version (plus adulte) de certaines œuvres du catalogue de Graph Zeppelin. C’est le cas avec cette Duelliste. Comme avec la série précédente de Trif (Thrace), il aurait été dommage de ne lire que la version soft. D’abord parce que votre visage n’aura pas à rougir de passages trop dévergondés. Trif a l’art unique de rendre chaque scène de sexe poétique et sublime. Mais aussi parce que les passages rajoutés complexifient encore plus une intrigue déjà formidablement construite. On reste bouche bée devant l’éventail immense déployé, avec un nombre de personnages conséquent, qui ont tous une interaction sulfureuse ou sanglante entre eux, façon Les liaisons dangereuses. Trif fait aussi un clin d’œil à Victor Hugo avec l’apparition osée d’Esmeralda ! L'auteur mêle intrigues de cour, langage fleuri, histoire de France, amours assassines, art pictural et honneur chevaleresque avec une habilité déconcertante. Ce mélange de styles est magnifiquement représenté dans un dessin élégant et raffiné, tout en étant particulièrement expressif quant aux visages durs de Françoise. Les actions trépidantes semblent tout droit sorties d’Alexandre Dumas. D’Artagnan lui même aurait pâli d’envie en voyant la dextérité de… Françoise ! Loin d’être un coup d’épée dans l’eau, les duels sont des moments marquants avec un style graphique dynamique et rythmé, à donner le tournis. Une œuvre tout en délicatesse malgré des scènes chaudes et du sang versé.