L'histoire :
Goetia - La Goétie veut dire « invocation ». Il s'agit de remonter ce qui est en dessous, contrairement à la Théurgie, qui consiste à appeler poliment ce qui est en haut. C'est le fait d'aller ressortir la merde profondément enterrée, bien enroulée dans les méandres de la réalité. En gros, il y a des créatures, là-bas. 49, 69 ou 72 selon le grimoire sur lequel on se branle pour sa magie. Mais je ne vais pas me battre pour dire qui a vu juste et qui s'est planté, je suis mal placé pour distribuer les bons points, tout ce que je sais, c'est que ces entités sont plus ou moins vivantes. Et maléfiques. Elles règnent sur les Légions des Enfers et sont censées être dirigées par les quatre Roi Cardinaux - Orien, Paymon, Ariton et Amaymon - même si d'après ce que j'en sais, il s'agit plus de points cardinaux ou d'alizés. Un moyen de naviguer dans le noir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si on vous dit comics, détective et nécromancien, vous allez nous dire John Constantine. Et si on vous parle de ce titre mythique, c'est que malgré une couverture qui ressemble rageusement à celle d'un Walking Dead, c'est dans les sombres et mystérieuses arcanes d'un polar ésotérique que Charlie Adlard nous entraîne, pour une histoire bien âpre signée Simon Spurrier. Le scénariste anglais nous délivre une histoire certes classique, à base de démons libérés qui constituent le danger suprême parmi l'Humanité, mais la façon dont il déroule son scénario est redoutable d'efficacité. La narration est comme double, car elle juxtapose deux focales. D'un côté, on suit la parcours d' Ellie, une nécromancienne froide comme le métal du marteau qu'elle trimballe partout avec elle. De l'autre côté du miroir, il y a Alfie, son oncle qui lui a tout appris en matière de magie noire et qui en est mort. Pendant que la jeune femme mène l'enquête, on découvre les pages écrites de la main de l'oncle Alfie et qui sont en quelque sorte un grimoire encyclopédique des démons et magiciens occultes officiant sur Terre. Si bien que ce premier volet est véritablement immersif. Rien d'étonnant quand on connaît l'immense talent de Charlie Adlard à donner de l'âme à ses personnages et Sofie Dodgson vient apporter des couleurs inquiétantes à un visuel de haute volée. Damn Them All est donc bougrement bien lancé, dans un registre classique d'histoires de démons, mais à la production bien léchée. S'il vous reste un petit pentacle à la maison, vous pourrez poser ce volume 1 en son centre, il en est digne.
