parution 03 septembre 2025  éditeur Delcourt  collection Contrebande
 Public ado / adulte  Mots clés Reportage-BD / Thriller

Docteur Wertham

L'homme qui étudia les tueurs en série (et faillit tuer la Bande dessinée)

Wertham était un psychiatre qui pratiqua à partir des années 50. Progressiste de gauche, il laisse le souvenir de celui qui partit en croisade contre les comics, qu'il jugeait délétères pour la jeunesse. Une biographie riche et merveilleusement dessinée.


Docteur Wertham : L'homme qui étudia les tueurs en série (et faillit tuer la Bande dessinée) (0), comics chez Delcourt de Powell, Schechter
  • Notre note Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Blue Star

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L'histoire :

Depuis toujours, psychologues, sociologues et philosophes ont débattu des causes de la violence chez l'être humain. Certains comme Sigmund Freud, considèrent les pulsions homicides comme partie intégrante de la nature humaine, héritées de notre passé primitif. Un instinct aussi puissant que notre libido. C'est la fameuse théorie de la pulsion de vie et de la pulsion de mort, qui se répondent constamment. D'autres penseurs, à l'inverse, estiment que nous ne sommes pas des tueurs-nés. Pour cette école de pensée, seules les influences néfastes rencontrées pendant l'enfance expliquent le comportement des assassins. Selon ce même postulat, si la violence dans les médias était strictement interdite aux jeunes, la délinquance juvénile n'existerait pas. Le Docteur Wertham, qui épousa la spécialité de psychiatrie, faisait partie de ces derniers. Il considérait que la politique ségrégationniste produisait des schémas mentaux néfastes pour les enfants et pour l'avenir de la société américaine. Puis il fut convaincu que la lecture des comics par les jeunes était également un danger pour leur équilibre mental...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Après le terrifiant Ed Gein, Harold Schechter et Eric Powell se consacrent à une nouvelle biographie, celle d'un psychiatre immigré allemand à la personnalité complexe. Le Docteur Wertham laisse pourtant un souvenir particulièrement amer car sa doctrine l'a amené à être convaincu, à l'aube des années 50, que les comics et leur contenu violent produisaient une influence néfaste sur la jeunesse américaine. Petit flashback nécessaire. D'abord, il est important de dire que cet homme, à l'époque, s'inscrivait dans le mouvement de la gauche progressiste. Ainsi, ses convictions humanistes l'avaient conduit à penser que l'homme n'est pas néfaste en lui-même, ce qui veut dire que ses travers, dans son esprit, sont donc liés à son environnement. Porté par son désir d'améliorer la société, ce médecin d'origine allemande fut parmi les tout premiers psychiatres blancs à fonder un dispensaire en faveur des soins à des enfants de couleurs, situé en plein Harlem. Il s'impliqua très concrètement pour que cesse la ségrégation. Mais ce qu'il faut bien appeler son complexe de supériorité, l'amena quelques temps après, à fustiger les comics, au point de démolir l'industrie juteuse qu'ils étaient devenus en quelques années. Ne perdons pas de vue qu'on parle d'une époque où, certes, les super-héros sont en vogue (et Superman le plus populaire) mais que des millions de « crime comics » se vendent et ils ne faisaient pas dans la dentelle. Dans une Amérique qui céda à la paranoïa McCarthyste et à la bien pensance de l’Église, les thèses accusatrices de Wertham trouvèrent un grand écho parmi les juges. Et c'est sa doctrine qui aboutit au fameux Comics Code, qui ne fut rien d'autre qu'un règlement d'autocensure étranglant complètement le marché, certes, mais aussi tous ses auteurs. Ce livre met remarquablement en perspective la vie de ce médecin, qui laisse finalement cette image de persécuteur acharné des comics, alors que la réalité de ses intentions était différente. Il voulait éliminer toute source de violence dans le société mais n'admit jamais son utopie, dont il finit par être prisonnier. Son caractère cassant, son incapacité aussi à admettre qu'il pouvait se tromper, sa recherche d'une célébrité que ses conflits systématiques avec ses confrères avait empêchée dans sa corporation, sont aussi les causes du souvenir qu'il laisse. Harold Schechter retrace sa vie avec force détails et les planches contiennent beaucoup de texte. Son scénario est rigoureux et vraiment très documenté. Eric Powell, quant à lui, montre une nouvelle fois l'étendue de son talent, avec des crayonnés passés au lavis et son noir et blanc qui colle parfaitement à l'époque des faits. Une très belle biographie, qui vous fera regarder l'histoire de ce fameux Comics Code avec un bagage de connaissance supplémentaire.

voir la fiche officielle ISBN 9782413089599