L'histoire :
Deimont Reeves n'avait que 9 ans lorsqu'il réalisa son premier court métrage. Ce gosse issu d'une famille de couleur avait une telle passion pour le cinéma que son père, Del, concierge au lycée blanc de Schellville, passa un mois de salaire pour lui offrir une Modackchrome 330, une caméra amateur. Mais quelques mois plus tard, un incident marqua le gosse pour le reste de sa vie. Un type du coin lâcha son doberman, bien dressé à attaquer en particulier les noirs. Le môme y perdit un œil mais pas sa détermination à devenir réalisateur et faire sa place parmi les grands d'Hollywood. Sept ans plus tard, Del est devenu le projectionniste du drive-in du coin. Il continue à être emmerdé régulièrement par une bande de petits cons passionnés de bagnoles, qui font rugir leurs moteurs en pleine séance. L'affaire finit par se régler à coups de poings, mais avant que la police ne s'en mêle, l'alerte anti-bombardement retentit dans toute la ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scott Snyder et Rafael Albuquerque sont deux poids lourds de l'industrie des comics. Le tandem, révélé par le mythique American Vampire, revient donc à la une, cette fois-ci avec un one-shot à la fin tellement ouverte qu'elle ressemble à la promesse d'une suite. Si l'action se déroule une fois de plus en terre US, cette fois-ci exit le western horrifique au profit d'une SF uchronique qui a tout d'un blockbuster. C'est une Amérique largement entachée de son racisme anti-noirs et complètement parano du fait du péril Rouge qui fait office de contexte, avec un héros black, un jeune adulte qui rêve de percer à Hollywood, entouré d'une bande de potes. Et puis c'est l'apocalypse, une attaque qui balaye tout et les isole du reste du monde. On pense que les Soviets sont les coupables, car des Mig survolent l'espace aérien mais bien vite, on se rend compte que leur armée a aussi succombé à une autre forme de menace, venue d'une autre galaxie mais implantée sur notre planète depuis des millénaires ! Vous l'avez compris, c'est un comics pop-corn qu'on a là, mais rudement bien foutu et truffé de références à la SF classique (en particulier à La Guerre des Mondes d'H.G Wells) mais aussi au cinéma (qui se souvient des Drive-In ? ). Quant à la présence d'un animateur radio, on ne peut qu'y voir un immense clin d’œil à Orson Wells, qui diffusa le roman sur les ondes radio de façon si réaliste à l'époque qu'il commença à semer la panique parmi la populace... Mais au delà de ces savoureux hommages, le scénariste écorche bien la société US et si le contexte est uchronique, on ne peut s'empêcher de penser que la paranoïa et le racisme ici dénoncés visent clairement les méthodes et le discours Trumpistes. Mais rassurez-vous, tout ceci est en arrière plan, le principal, et il est tout à fait réussi, c'est de lire une aventure bien délirante et menée tambour battant, qui s'appuie sur les dessins d'un maître parfaitement colorisés.