L'histoire :
Les soldats sont inquiets : les Pictes sont nombreux et le Prince en danger. Ils tentent d'atteindre leur chef pour aller à sa rescousse mais le combat a déjà commencé : terrible et intense. Le Prince se tient assis devant un monceau de cadavres. Il rappelle que ce n'est pas une poignée de Pictes qui le mettra en danger et que s'il en est à réclamer de l'aide pour se battre contre de vulgaires soldats, il ne mérite plus d'être Prince ! Cette phrase sonne comme une bravade et on reconnait facilement le ton intrépide et orgueilleux de son père... le fameux Conan ! Mais il possède aussi d'autres qualités : il regarde le crâne d'un des Pictes et il en déduit qu'ils ne viennent pas de cette région. Les peintures sur son visage l'attestent. De plus, ils ont des provisions pour plusieurs jours, ce qui prouve que ce ne sont pas des éclaireurs. Les hommes du Prince sont impressionnés : il chevauche depuis seulement quelques lunes et il est déjà plus perspicace que le meilleur de leurs guides ! Le Prince continue son exploration et il découvre non loin de là un campement, avec un feu à peine éteint. Cette attaque ridicule n'était qu'une diversion pour permettre à un autre groupe de fuir. Par Crom, ils n'échapperont pas bien longtemps au fils de Conan !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Graph Zeppelin se diversifie et étend son catalogue avec des titres indépendants plus sombres, explorant d’autres genres. On commence par du très lourd avec un comics qui s’attaque à un mythe : Conan. Dès le début, on sent que El Torres s’est imprégné de l’œuvre de Robert E. Howard et l’a fait sienne. La voix off nous happe avec un style âpre et comme venu d’une autre contrée. Mais ceci n’est rien en comparaison de la suite. L’auteur a l’idée folle d’inventer un personnage qui change tout : le fils de Conan ! Le célèbre Cimmérien est au crépuscule de sa vie, grand Roi émérite, pendant que son fils est un Prince jeune et ambitieux. El Torres pousse le concept en opposant les deux personnages et en plongeant dans la philosophie de l’œuvre, tout en y rajoutant une modernité incroyable. Conan est le vestige d’une civilisation passéiste et primaire tandis que le Prince représente l’avenir et la civilisation raisonnée. Le reste est un délice d’actions brutales et de menaces terrifiantes et si l’on ferme les yeux, on a l’impression de lire une nouvelle officielle de Howard. L’auteur se paie même le luxe de rendre hommage aux œuvres précédentes tout en y apportant de nouvelles idées très riches. Le graphisme participe également à cette singulière résurrection. Le style agressif de Joe Bocardo est parfait pour incarner le monde sauvage de l’Aquilonie et ses personnages, à commencer par le Prince, sont à la fois majestueux et d’une violence inouïe. Conan revit et son sang barbare est plus bouillonnant que jamais !