L'histoire :
Un architecte français se rend en Nouvelle-Écosse pour rencontrer M. Richter, un client excentrique désireux de faire construire une demeure inspirée du mouvement métaboliste, sujet sur lequel l'architecte a lui-même rédigé un article. En chemin, il croise sans le savoir Bett, la mystérieuse épouse de Richter, qui s'amuse à séduire les clients d'une station-service isolée. Arrivé sur place, le client est absent. L’architecte commence alors à explorer les alentours de la propriété et découvre la curieuse extension de la maison, que Richter souhaite justement qu’il réinvente. Pendant ce temps, à Astro City, Eddy Table rentre chez lui, se prépare un cocktail, et s’installe confortablement pour lire un livre. Tandis qu'à Terrario del Planton, un jardin d’Éden étrange et luxuriant, l’Étalon, une divinité doublement phallique, façonne une nouvelle génération d’êtres, assisté par ses deux Mères Nature. Ensemble, ils tentent de les préserver de l’Étrier, un diable corrupteur qui rôde. Leur tâche accomplie, l’Étalon savoure quelques grenades dans un moment de repos bien mérité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Dog Head, Dave Cooper nous livre un objet aussi singulier dans sa forme que dans son fond : un grand format souple, présentant deux débuts d’histoires tête-bêche, comme deux portes entrouvertes sur des univers en pleine gestation. Un choix éditorial aussi audacieux qu’étrange, puisque ces récits ne sont que des introductions, appelant une suite dans un prochain tome. Les deux intrigues jouent avec les codes du surréalisme, saupoudrées d’humour noir et d’un érotisme dérangeant. Celle de l’architecte, la plus accessible des deux, déroule une atmosphère mystérieuse, où l’on sent poindre un trouble que l’on a hâte de voir éclore. La seconde, plus absurde, fascine autant qu’elle provoque un certain malaise, sans qu’on sache encore vraiment où elle veut nous emmener. Le dessin en noir et blanc, rehaussé de contours rougeâtres, adopte un style cartoonesque. Le trait doux contraste avec les physiques parfois grotesques des personnages, dont certains semblent tout droit sortis d’un cauchemar burlesque. Cette légèreté graphique vient atténuer le malaise diffus qui imprègne le récit, et rend l’ensemble curieusement digeste malgré son étrangeté.