parution 03 octobre 2012  éditeur Sarbacane  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Graphic Novel / Guerre

Any Empire

De l’enfance à l’age adulte, les destins croisés de Lee, Sarah et Purdy, au tempo d’une société américaine viscéralement construite sur la violence. Une parabole antimilitariste agréablement dessinée, mais pas toujours accessible.


Any Empire, comics chez Sarbacane de Powell
  • Notre note Blue Star Blue Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

L'histoire :

Une fois de plus, la maison est à vendre. Lee va encore devoir changer d’école… et de copains. Au moins, il lui reste ses comic books et ses petites figurines qu’il manipule à loisirs pour les faire s’affronter dans d’interminables batailles. Il peut tout aussi prendre la tangente pour s’éloigner solitaire quelques heures dans les bois environnants. Pourquoi ne pas essayer de construire une cabane, avec quelques planches de récupération ? Oh ! Il y en a dejà une super chouette un peu plus loin, là-bas, perchée en haut d’un arbre, qui offre un superbe point d’observation. Le problème est que la belle masure appartient déjà à une bande de gamins du quartier. C’est pas qu’ils voudraient pas la partager... Ils accepteraient même de prendre Lee dans la bande, avec eux. Mais pour ça, il faudrait que Lee tue quelque chose. Même n’importe quoi. Alors Lee préfère tourner le dos à Purdy et sa bande. Une bande qui n’est d’ailleurs peut-être pas tout à fait étrangère au phénomène particulier qu’observe depuis quelques jours la petite Sarah. Elle a en effet retrouvé plusieurs petites tortues avec des carapaces étrangement et violemment détériorées...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Remarqué et multiprimé – notamment du prestigieux Eisner Award en 2010 – avec son premier ouvrage Swallow me whole, Nate Powell tente la passe de deux. Dans ce pavé de 300 pages, il utilise pour terreau adolescence, guerre et violence. Souvent complexe et confié à un entrelacs fantastique, onirique ou plus terre à terre, le récit croise et superpose les trajectoires de 3 gamins : Lee, Sarah et Purdy, que l’on suivra principalement pendant l’enfance et l’adolescence, mais qu’on retrouvera – en même temps qu’eux-mêmes se retrouveront – une fois devenus adultes. Petites tortues massacrées par défi ; comic books violents ; jeux de guéguerre ou permanente présence des armes à feu servent alors une parabole fondamentalement antimilitariste. Mais au-delà, plus que l’idée de violence elle-même, c’est la transmission de génération à génération des mécanismes de la culture de méfiance américaine (et donc la fascination pour tout ce qui sert à se défendre) qui est exposée. L’intention est là, admirablement servie par un trait à l’élégance extrême, impeccablement cadré, dédié au mouvement et par une narration où l’avarice du verbe est un bel atout. Pourtant, plusieurs freins subsistent pour ne pas totalement emporter une aveugle adhésion. D’abord cette ambiance – sertie par le jeu de flashbacks et la dualité fantastique/réalité – plus anxiogène que violente, qui prépare habilement un drame qui n’arrivera pourtant jamais vraiment. Ensuite, des protagonistes peu empathiques subissant à longueur de récit sans jamais trouver une quelconque force émotionnelle pour nous toucher. Enfin – et principalement – une conclusion qui, si elle joue l’originalité du choix multiple et de l’ouverture, laisse totalement sur sa faim en un jeu complexe, ambigu et pas forcément accessible. Néanmoins,cet album ne laisse pas indifférent...

voir la fiche officielle ISBN 9782848655550