interview Comics

Cullen Bunn

©Panini Comics édition 2013

Année après année, le nom de Cullen Bunn est de plus en plus présent chez Marvel. Ce scénariste a fait ses armes dans les comics indépendants, avec notamment l'étonnant polar fantastique The Damned. Grand fan d'horreur, il se plaît à confronter les nombreux super héros que la Maison aux idées lui confie, à des situations souvent inédites et extrêmes. Alors que les projets s’amoncellent pour cet auteur au devenir certain, il a accepté de nous parler de ses futurs projets, lors de sa première interview française...

Réalisée en lien avec les albums Deadpool Team-up T2, Fear Itself – The Fearless, T1, The Damned – version noir et blanc, T1
Lieu de l'interview : Le cyber espace

interview menée
par
23 janvier 2013

Bonjour Cullen Bunn, peux-tu te présenter ?
Cullen Bunn : Bonjour ! Mon nom est Cullen Bunn et je suis scénariste de comics books et romancier depuis plusieurs années. J'ai écrit énormément de choses ces deux dernières années, comme The 6th Gun et Helheim pour Oni Press, puis dernièrement Deadpoll Killustrated Fearless Defenders pour Marvel. J'ai débuté mon activité professionnelle avec The Damned chez Oni Press et ils ont publié aussi The 6th Gun. Ces deux albums m'ont permis de me faire une petite place dans le milieu professionnel des comics.

Quelles sont tes références ?
Cullen Bunn : J'en ai énormément. Il y a les comics d'horreur avec lesquels j'ai grandi, des fictions comme celles de Joe R. Lansdale ou H.P. Lovecraft. J'ai dévoré enfant tous les films d'horreur ou de monstres. La liste est sans fin.

Tu multiplies les projets de façon assez impressionnante. Comment fais-tu ?
Cullen Bunn : J'écris entre 8 et 10 heures par jour, 5 jours minimum par semaine... Ces derniers temps, j'ai cependant plus de difficultés. Je me suis focalisé exclusivement sur les comics, mais je reviens en forme en 2013 sur l'écriture de livres.

Comment fais-tu la distinction entre écrire un livre et un comic book ?
Cullen Bunn : Cela est très différent. La plus grande différence, je pense, est que lorsque j’écris des livres, je n'ai pas vraiment de structure narrative fixe. Je commence mon histoire et je vois où elle va m'emmener. Sur les comics, je travaille dans un cadre défini, qui doit se placer à un moment précis à la fin d'un épisode.

© Cullen Bunn – The damned

Qu'avais-tu créé avant The Damned ?
Cullen Bunn : The Damned était mon premier travail majeur. Avant, j'avais surtout publié des histoires courtes dans des revues ou des magazines. J'ai même fait un petit comic publié dans une anthologie anglaise qui s'appelle Futurequake.

L'histoire de The Damned est totalement dingue… Par quoi t’a-t-elle été inspirée ?
Cullen Bunn : L'histoire est une fusion entre mon amour pour les histoires de gangster et pour le surnaturel ou l'horreur. En mélangeant les deux, on obtient un univers étrange, mais qui m'est venu très naturellement... Le contraire aurait été étonnant !

Dans The Damned, il semble y avoir des influences du type d'Hellblazer...
Cullen Bunn : Je pense qu'à différents degrés, oui. Mais Hellboy a été une influence plus grande, et surtout les films de monstres d'Universal.

© Cullen Bunn – The damned

Il y a eu deux albums de The Damned. En prévoies-tu un troisième à l'avenir ?
Cullen Bunn : Quand Brian Hurtt et moi auront terminé The 6th Gun (aux environs des 50 épisodes), notre objectif est de revenir à The Damned.

L'horreur a vraiment une grande importance parmi tes influences. As-tu des références majeures dans ce style ?
Cullen Bunn : Oh oui ! J’adore l'horreur et tu en verras toujours des réminiscences dans tout ce que j'ai pu faire. J'ai grandi en regardant les vieux films d'horreurs et de monstres qui passaient très tard, le soir. Parmi mes favoris, je pourrais te citer Phantasm, Alien et The Thing.

Récemment, tu as commencé à travailler pour Marvel. Comment es-tu arrivé dans « La maison aux idées » ?
Cullen Bunn : Comme de nombreux auteurs, j'ai envoyé The 6th Gun aux éditeurs de Marvel. Ils m'ont contacté et m'ont demandé d'écrire quelques petits projets. Une chose en amenant une autre, ils m'ont attribué leur confiance à mesure.

© Cullen Bunn – The sixth gunSur The 6th Gun, tu as de nouveau travaillé avec Brian Hurtt. Vous êtes amis ?
Cullen Bunn : Nous sommes amis depuis de nombreuses années. En fait, nous nous sommes rencontrés en travaillant tous les deux dans une boutique de comics.

The 6th Gun est un western. Tu aimes les westerns ?
Cullen Bunn : Je les adore. Je pense qu'ils sont souvent sous-côtés car les gens ont des idées préconçues sur la façon dont l'histoire doit se dérouler. Les westerns, comme tous les autres genres, peuvent offrir des histoires fantastiques. De nombreuses personnes disent ne pas les aimer mais apprécient The 6th Gun. Alors...

Marvel t'a choisi pour écrire le Season One de Spider-Man. Étais-tu un fan de la série ?
Cullen Bunn : Je ne dirais pas ça… Mais Spider-Man et Peter Parker représentent mes premières expositions aux super héros modernes. Donc, d'une certaine façon, j'ai un vrai attachement au personnage. Avec Spider-Man Season One, je voulais écrire une histoire qu'un néophyte pourrait découvrir avec plaisir.

Ensuite, tu as aussi écrit sur des personnages comme Captain America, Wolverine, Deadpool ou la Veuve noire. Faisait-il partie de ceux que tu appréciais en amont ?
Cullen Bunn : Je les apprécie tous pour des raisons très différentes. Wolverine est mon favori. Mais j'ai adoré écrire des récits avec Deadpool. Je pense que tous les personnages peuvent t'offrir quelque chose à raconter.

Durant l'event Fear Itself, tu as écrit de nombreuses histoires comme The Deep ou Black Widow. As-tu pu faire ce que tu voulais sur ces récits ou Marvel te mettait des barrières ?
Cullen Bunn : Cela dépend du projet. Il y avait des dates buttoirs pour chacune, vu qu'elles étaient connectées à l'histoire principale. Beaucoup d'entre elles étaient bien structurées. Par exemple, quand j'ai écrit l'histoire sur la Veuve noire, j'ai réussi à imposer le cadre de l'histoire, la France, où elle devait désamorcer une menace nucléaire.

A la fin de Fear Itself, tu as créé avec Matt Fraction et Chris Yost Fear Itself The Fearless. Comment avez-vous collaboré ensemble ?
Cullen Bunn : Matt, Chris et moi avons passé quelques weekends de brainstorming pour savoir ce qu'on voulait qu'il se passe dedans. Une fois les bases posées, j'ai écrit chaque épisode.

© Cullen Bunn – Fearless defendersPour de nombreux lecteurs, The Fearless était plus intéressant que Fear Itself. Comment vous est-il venu l'idée de créer cette série post-event ?
Cullen Bunn : C'était prévu que l'on ait un avant et un après event. Nous savions que l'histoire serait centrée sur Valkyrie avant même de commencer l'écriture du premier épisode et nous savions les challenges et les pièges auxquelles elles auraient à faire face. J'avais aussi l'idée que l'on devait avoir de nombreux décors du Marvel Universe.

En plus de The Fearless, tu as aussi travaillé sur une autre série : Battle Scars. On y voit pour la première fois un certain Marcus Johnson...
Cullen Bunn : En fait, Battle Scars et The Fearless sont à la base un seul récit. Chris s'occupait d'écrire l'histoire de Marcus et je m'occupais de celle de Valkyrie. Les deux récits étaient supposés se croiser à plusieurs moments. Lorsque nous avons commencé à écrire nos histoires, on s'est rendu compte qu'il fallait mieux conserver deux récits distincts.

J'ai vu récemment que tu allais écrire une nouvelle série appelée Fearless Defenders. Peux-tu nous en dire un ou deux mots ?
Cullen Bunn : A la fin de The Fearless, j'ai révélé que Valkyrie devait trouver un nouveau lieu pour les Boucliers. Fearless Defenders racontera l'histoire de Valkyrie, à nouveau, qui réunira une nouvelle équipe, entièrement composée de femmes, des inattendues, dans des aventures assez folles.

© Cullen Bunn – DeadpoolEn 2012, tu as aussi œuvré sur Venom avec le scénariste Rick Remender...
Cullen Bunn : J'ai adoré travaillé avec Rick, mais il m'a abandonné en me laissant tout seul écrire la série. Je me suis bien amusé avec lui et à présent, je vais essayer de raconter de nombreuses histoires sur l'univers de Venom.

Peux-tu nous parler de Deadpool kills the Marvel Universe ?
Cullen Bunn : Le titre est assez parlant, non ? C'est l'histoire de Deadpool qui élimine tous les héros du Marvelverse, ceux que l'on connait et que l'on aime. C'est brutal, horrifique et amusant. Je crée aussi une suite à cette saga qui s'appelle Deadpool killustrated. Dans celle-ci, Deadpool décide que la meilleure façon de détruire tous les super-héros, est de se rendre dans toutes les dimensions du multivers pour détruire tous les personnages qui ont inspiré ses héros.

Dernièrement, tu as aussi écrit un roman qui a reçu un joli succès, Crooked hills. Peux-tu nous en parler ? J'ai cru voir qu'il s'agissait d'un livre d'horreur pour enfants...
Cullen Bunn : Oui, c'est bien ça. Crooked hills est un roman d'horreur pour les 8-12 ans. Je souhaitais écrire une histoire amusante, mais qui serait aussi très effrayante. Le récit suit un enfant qui part dans une petite ville du Missouri. Il a quitté la grande ville et découvre la ruralité. Il s'agit de l'endroit le plus hanté des USA.

© Cullen Bunn – Crooked hills

Ces dernières années, de nouveaux scénaristes sont apparus chez Marvel, très influents, Rick Remender notamment. Qu'espères-tu à l'avenir ? Travailler sur ton propre event ?
Cullen Bunn : Pour moi, le prochain gros projet sera Fearless Defenders. C'est le premier titre où je vais réellement pouvoir faire ce que je veux. Je suis très excité par cela. Ensuite, travailler sur un event dans le futur serait un immense plaisir. Nous verrons de quoi l'avenir sera fait !

Connais-tu des auteurs français ?
Cullen Bunn : Je n'ai pas encore eu la chance de travailler avec des auteurs français mais en tout cas, cela fait longtemps que j'en vois le potentiel !

Souhaiterais-tu travailler pour le marché français ?
Cullen Bunn : J’aimerais beaucoup.

Si tu pouvais écrire une histoire sur un super héros inédit pour toi, ce serait lequel ?
Cullen Bunn : J'aimerais écrire une histoire de Man-Thing... ou de Moon Knight.

As-tu une bande dessinée favorite ?
Cullen Bunn : Mon comic préféré de tous les temps reste Micronauts. Il m'a fait aimer la bande dessinée. Je suis aussi un grand fan des X-Men.

Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un auteur pour en comprendre son génie, qui choisirais-tu ?
Cullen Bunn : Wow, je ne suis pas sûr. Peut-être Lovecraft… mais je ne suis pas certain de vouloir rester très longtemps dans sa tête !

Si je t'offrais un super pouvoir, lequel prendrais-tu ?
Cullen Bunn : Je ne suis pas sûr, mais comme je hais les longs transports, je choisirais la téléportation.

Si tu n'avais pas fait de comics, qu'aurais-tu fait ?
Cullen Bunn : Avant d'être auteur de comics, j'étais vice-président en marketing. J'espère que je pourrais reprendre ma place.

As-tu un petit message pour tes lecteurs français ?
Cullen Bunn : Merci tout d'abord de votre soutien. Est-ce que tu savais que les lecteurs français étaient les seuls qui pouvaient lire une édition reliée du second cycle de The Damned ? Je ne crois pas que cela n'ait été publié ailleurs, pas même aux USA ! Donc merci !

Merci Cullen Bunn !

© Cullen Bunn – The fearless