interview Comics

Emanuel Simeoni

Bonjour Emanuel Simeoni, quelles sont tes références ?
Emanuel Simeoni : Bonjour, il y en a plusieurs mais je dirais Sara Pichelli, Alberto Brescia un dessinateur argentin, Jorge Zaffino et aussi énormément Olivier Coipel.

Comment décrirais-tu ton style ?
Emanuel Simeoni : Je définirais mon style comme un divertissement. Ce qui me plaît le plus lorsque je fais un dessin ou une planche est de m'amuser, d'expérimenter de nouvelles techniques ou des moyens d'explorer des univers très différents. Par exemple, sur Batman Eternal, l'univers est très sombre, assez noir, j'essaie de sortir un style différent. Je te dirais donc que mon style est fait de divertissement et d'expérimentation.

Tu as fait tes débuts sur la série Batman Incorporated, quel regard portes-tu sur cette première expérience ?
Emanuel Simeoni : Premièrement, ça a été une grande émotion. Que DC Comics me choisisse pour un tel titre a été une grande surprise et cela a été une belle expérience. J'ai pu ainsi appréhender les exigences du métier avec les délais, du point de vue humain j'ai appris à me connaître et à m'organiser au niveau professionnel et personnel. Ça a été très enrichissant pour moi.

Tu as ensuite illustré 3 épisodes de la série Talon [NDR : une série DC Comics inédite en France] à la suite de Szymon Kudranski. Vos styles sont très différents. As-tu appréhendé un peu cela ?
Emanuel Simeoni : En fait, plus que la différence entre Szymon Kudranski et moi, ce que j'aime bien et que j'essaie de faire est d'adapter mon dessin, d'avoir une approche différente en utilisant d'autres techniques ou matériels. Tout ça pour se renouveler. Quand tu fais Batman, tu fais du sombre, alors que lorsque tu fais Flash, tu joues sur des effets de vitesse. Lorsque j'ai fait Talon, j'ai essayé d'adapter mon propre dessin au personnage de Talon.

Peux-tu nous parler un peu de ta prestation sur Batman Eternal ?
Emanuel Simeoni : D'un point de vue personnel, j'ai réfléchi à quel style j'allais mettre en place sur la série et, surtout, ce qui m'intéressait et qui est important dans l'histoire, était de montrer ma vision de Batman et de Gotham dans le futur. La difficulté de Batman Eternal est qu'il s'agit d'une série hebdomadaire avec beaucoup d'auteurs qui travaillent dessus. Il fallait se fondre dans le moule et faire ressortir mon style. Il y a beaucoup de personnages, et parfois Batman n'apparaît pas durant un épisode entier. Il y a plein d'endroits différents. Il fallait être capable d'enchaîner visuellement son épisode avec celui d'un autre, que cela ne soit pas trop choquant. Cela s'est bien passé et c'est pour ça que j'ai pu refaire d'autres épisodes. Batman a évolué, dans la série, il est plus guerrier et pour moi, c'est un personnage qui combat le mal par la peur. J'ai dessiné des oreilles plus courtes, le nez plus renfrogné, plein de détails dans le costume. Je me suis forcément inspiré du travail de Greg Capullo sur la série Batman et j'ai mélangé toutes mes sources d'inspiration.

Tu as déjà collaboré avec des artistes de renom comme Scott Snyder ou Tim Seeley, qu'as-tu retenu de cela et te verrais-tu écrire ton propre récit à l'avenir ?
Emanuel Simeoni : J'espère un jour pouvoir écrire moi-même mes scénario. Je n'en suis pas capable pour l'instant. J'ai énormément de respect pour ceux avec qui j'ai travaillé. Tim Seeley a été adorable avec moi et a fait le découpage de mes épisodes sur Batman Eternal, c'est une expérience qui m'a fait grandir. L'échange entre le scénariste et le dessinateur est extrêmement important.

Quels sont tes futurs projets ?
Emanuel Simeoni : Je ne sais pas. J'ai eu un accident à la fin de l'été et je viens tout juste de me rétablir. En parallèle du métier de dessinateur, je suis aussi professeur d'anatomie dans l'une des deux écoles de dessin à Rome. Je ne lâche pas pour l'instant le dessin. C'est une petite pause santé.

Quel super-héros rêverais-tu d'illustrer ?
Emanuel Simeoni : Le Joker et Wolverine. Mais comme Wolverine est mort ces derniers temps, c'est difficile. (rires)

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Emanuel Simeoni : C'est une question très difficile. C'est comme si tu me demandais de choisir entre Caravaggio et Leonard de Vinci. Beaucoup d'artistes ont des styles passionnants. Après si cela devait être quelqu'un de vivant, ce serait entre autres Goran Parlov pour sa technique narrative. Sinon on reviendrait sur mes influences Brescia et Zaffino.

Grazie mille !

Remerciements à Claire Regnault pour l'organisation de cette rencontre, à Laurent Nucera pour la traduction et à Mickaël Géreaume pour les questions, la mise en page et le chapeau..

Emanuel Simeoni


PAR

15 novembre 2014
©Urban Comics édition 2015

Discrètement, le nom d'Emanuel Simeoni fleurit de plus en plus sur les titres en provenance de DC Comics. Le compatriote de David Messina et de Sara Pichelli a su gravir les échelons chez l'éditeur au point qu'il a même intégré le cheptel d'artistes travaillant sur la série hebdomadaire Batman Eternal. Quelques semaines avant la sortie du premier recueil chez Urban Comics, nous avons rencontré l'artiste afin qu'il nous parle un peu plus de sa campagne américaine.

Réalisée en lien avec les albums Batman Eternal T1, Batman Saga – Hors série, T4
Lieu de l'interview : Paris Manga & Sci-Fi Show