interview Bande dessinée

Florent Humbert

©Delcourt édition 2009

C’est à Reims, dans la librairie spécialisée Bédérama, que nous avons rencontré Florent Humbert, à l’occasion de la sortie de son premier album Le jeu de l’amour et du hasard. Il a accepté de répondre à nos questions, sous le regard attentif et bienveillant de son directeur de collection, MONSIEUR Jean David Morvan.

Réalisée en lien avec l'album Le jeu de l'amour et du hasard
Lieu de l'interview : Librairie Bédérama de Reims

interview menée
par
18 mai 2009

Peux-tu nous résumer ton parcours ? Comment es-tu arrivé dans la bande dessinée ?
Florent Humbert : Après le Bac, je suis monté à Saint Luc, à Bruxelles, ça m’a beaucoup plu et j’y ai appris beaucoup. Je suis arrivé dans un endroit où tout le monde dessinait et ça m’a fait du bien, car au début j’étais toujours tout seul dans mon coin à dessiner. Et après je me suis lancé : j’ai essayé de présenter des projets aux éditeurs. C’était une période un peu difficile car je n’avais pas encore le niveau professionnel. De fil en aiguille, j’ai dû travailler mon graphisme, sous les conseils des éditeurs qui trouvaient que je faisais des choses intéressantes. Puis en janvier 2007, lors du festival d’Angoulême, j’ai présenté à Delcourt, et aux autres aussi, une version contemporaine de cette pièce de Marivaux. Delcourt était en train de créer la collection Ex-Libris et était intéressé. J’ai repris mon travail pour que l’adaptation rentre dans la collection. Au début, j’étais un peu gêné parce que moi, je voulais faire un truc contemporain et puis j’ai imaginé l’ambiance d’époque et finalement je m’y suis bien plu. J’ai rencontré Jean-David Morvan par la suite et il a aimé mon travail : il m’a donné le feu vert.

Quels sont les auteurs que tu lis ?
FH : Je n’en lis pas assez, pourtant j’adore la bande dessinée. Avant je regardais beaucoup plus les dessins, et je laissais de côté l’histoire : j’étais trop axé sur le graphisme. Avec le temps, je m’ouvre beaucoup plus à l’histoire, à l’ambiance et aux autres styles graphiques.

© Florent Humbert Quelles sont tes influences ?
FH : Loisel, Yslaire, Bilal, De Crécy, Moebius…

Tu as d’ailleurs failli travailler avec Bernard Yslaire ?
FH : On était quatre à bosser sur un projet et on avait envoyé nos planches à Yslaire pour avoir un avis. Il se trouve qu’il était à la recherche de personnes pour travailler sur son histoire La guerre des Sambre et il a proposé à notre atelier de bosser dessus. Je n’étais pas très chaud : c’est une histoire que j’adore en tant que lecteur mais qui ne me correspondait pas. Je cherchais quelque chose de plus comique et gai. En plus à quatre, ça coinçait un peu : on a forcément des divergences d’opinion. Donc je suis parti de l’atelier.

Pourquoi adapter une œuvre littéraire ?
FH : En 2006, je cherchais une histoire et je tournais un peu en rond. J’ai mis sur papier tous les ingrédients que je voulais mettre en place : l’amour, l’humour, l’espionnage et les mesquineries… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé à Marivaux que j’avais lu au collège. Je l’ai relu et je me suis fendu la gueule. J’ai imaginé tout de suite plein de scènes de BD. C’était en 2006.

Comment as-tu travaillé sur cet album ?
FH : C’est de la couleur directe, de l’aquarelle sur du crayon noir. Ce sont des planches A3 que j’ai été obligé de retravailler à l’ordinateur : à la base, les personnages devaient être beaucoup plus jeunes. En cours de route, l’éditeur a voulu, à raison, que je les vieillisse. J’ai essayé de garder l’aspect du crayonné et au final je suis assez content parce que ça ne se voit pas trop.

As-tu des projets après ce premier album ?
FH : J’ai plein d’histoires en tête que j’ai envie de développer, des histoires originales. Mais l’écriture de scénario est encore un peu instable chez moi. J’ai rencontré la femme de Jean-David qui a travaillé sur un projet identique au mien : on a décidé de bosser ensemble. On est en train de chercher de la documentation et de mettre en place la trame.

Tu peux nous en dire plus ?
FH : C’est tout frais, je préfère le garder pour moi mais je peux dire que c’est de la BD historique. On en fera peut-être une petite série.

Dernière question : si tu avais le pouvoir de rentrer dans le crâne d’un autre auteur de BD (pour mieux comprendre son talent), à qui irais-tu rendre visite ?
FH : Mon auteur préféré, c’est régis Loisel mais ce n’est pas lui que je choisirais. Ce serait Nicolas De Crécy. C’est un auteur qui m’épate : il est très fort graphiquement, on voit une maîtrise du dessin incroyable, et il a un univers vraiment propre à lui. Parfois, quand je suis coincé, je regarde ce qu’il fait et je me demande comment il arrive à ça, à ce style aussi lâché ! C’est un univers curieux et j’aimerais vraiment comprendre son mécanisme de fonctionnement.

Merci Florent.
FH : Merci à vous.

Vous pouvez retrouver l’univers de Florent Humbert à l’adresse suivante :
www.florenthumbert.com