L'histoire :
Cette nuit d’août, la lune brille aux trois quarts. L’atmosphère est moite. Dans la chambre de Luke, Heather attend debout, devant la fenêtre. L’adolescent qu’elle connaît depuis son enfance, souhaite lui montrer quelque chose. Une chose mystérieuse qu’il a réussi à se procurer. Ils sont seuls à la maison, la maman de Luke étant sortie (…). La chose n’a rien d’extraordinaire. C’est, de fait, un bête livre de dimension classique, une simple bande dessinée. Pourtant, un sentiment de malaise prend Heather à la gorge. On raconte des événements étranges qui seraient arrivés aux lecteurs du magazine. Malice, tel est son titre. Distribuée sous le manteau, la BD figure des histoires angoissantes qui, page après page, empirent ! On raconte que si l’on invoque le personnage de Tall Jake – un épouvantail diabolique – celui-ci vient et vous emporte… Par défi, Luke accomplit le rituel sans tenir compte des avertissements de son amie. Soudain, la lumière s’éteint et voilà les deux adolescents plongés dans le noir. La peur gagne les esprits. Et si c’était vrai ? Et si, alors que Luke est descendu seul à la cave changer les plombs, Tall Jake apparaissait et l’emportait vraiment ? Mais finalement, c’est la maman du garçon qui rentre – faisant grincer le parquet. Puis la nuit passe. Rien n’est arrivé. Quelques temps après pourtant, Luke disparaît. La police et sa maman pensent à une fugue. Cependant, ses amis soupçonnent autre chose de bien plus terrifiant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rien n’indique au demeurant que ce numéro n’est qu’un numéro 1 – ni en couverture ni sur la tranche. Malice sera suivi d’une suite intitulée Ravage. L’envie fut sans doute trop grande d’étirer la sauce, d’autant qu’il y a matière tant l’histoire développée et son univers s’y prêtent (…). « Novateur », ce titre l’est sur deux points. D’une part, la couverture en relief tape à l’œil et son touché est (mais vous jugerez) sympathique. D’autre part et surtout, l’idée d’associer littérature et bande dessinée, à défaut d’être révolutionnaire, est intéressante. Elle aurait pu être même payante ! Malheureusement, le concept tombe ici un peu à plat. Les quelques 6 séquences BD – quelques 50 planches peut-être, mais le nombre importe peu – font figure de gadget en comparaison des 400 pages écrites dont elles prennent, par courts passages, le relais. Le roman prend largement le pas sur le dessin qui le complète, mettant en images un univers qui n’existait qu’en pensée. Si l’on écarte cette collaboration inachevée, Chris Wooding sait y faire pour prendre et ne plus lâcher son lecteur. Les (pré-) adolescents friands de transgression, d’interdit et de secret seront servis, dans des limites autorisant toutefois le plus large public : on frissonnera juste ce qu’il faut. Côté graphique, le jeune Dan Chernett fait ses armes et on sera indulgent au regard de la place qui lui est accordée – de surcroît, la qualité du papier étant aussi diminuée. Bref, un titre au concept intéressant bien qu’inabouti. A suivre.
