L'histoire :
Au printemps 1631, Rembrandt Van Rijn pose ses valises à Amsterdam chez le marchand d’art Uylenburgh, avec lequel il souhaite s’associer. Le jeune homme est déjà un artiste reconnu et expérimenté qui a même dispensé son art à quelques apprentis dans la ville de Leyde. La cosmopolite Amsterdam, en contact avec le monde entier, devrait lui permettre de faire éclater son talent et, pourquoi pas, d’égaler son maitre, le grand Rubens. Le jeune peintre enchaine les travaux qui assurent la pérennité de l’entreprise : des portraits, que la petite bourgeoisie s’arrache ; des commandes plus ambitieuses qui émanent de la faculté ou de notables influents. A cette même époque, son associé lui présente Saskia, sa jeune nièce dont il tombe follement amoureux. En 1634, il épousera la belle. Les tourtereaux emménagent dans une villa cossue de la ville, Rembrandt est alors à l’apogée de son art et il s’y consacre pleinement sans aucun souci d’argent. Le bonheur se concrétise bientôt par l’arrivée d’un enfant mais le destin se joue de ces délicieux instants en volant aux époux le nouveau né : la peste qui ravage la ville ne l’épargne pas. Débute alors pour le peintre une mauvaise série qui complique peu à peu son existence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après s’être consacré à des adaptations d’œuvres littéraires en bande dessinée (Moby Dick, Othello, Frankenstein…), Denis Deprez, épaulé par son frère Olivier, s’essaye avec Rembrandt à la biographie. Pas question pourtant ici de faire dans le classique en livrant un travail proche de celui qu’on pourrait découvrir à la lecture d’une encyclopédie. On comprend, en effet, que l’auteur a choisi avant tout d’éclairer les mécanismes et les contingences de la création artistique. Aurait-il voulu nous parler des difficultés d’être auteur de BD, qu’il n’y s’y serait pas mieux pris…On aurait sûrement préféré, naïfs que nous sommes, qu’il ne s’attarde sur la poésie et les émotions que procure la contemplation du travail de l’artiste, qu’il esquisse une explication, même romancée, sur les raisons de ce génie. En choisissant cet angle de narration, on se demande même si la démarche n’aurait pas pu être utilisée avec n’importe quel personnage : dommage car, finalement, on apprend peu de choses sur l’artiste choisi. Le trait, incontestablement talentueux, de Denis Deprez ne s’exprime pas pour le mieux. Il rend souvent fade et froid le récit et contraste avec le travail de son sujet de biographie. On comprend qu’en livrant un trait grossier, s’embarrassant peu du détail, il a souhaité aller à l’essentiel (comme le conseille Rembrandt dans le récit) : l’atmosphère, l’émotion. Un objectif qu’il remplit peut-être mais qui nous frustre pourtant.
