L'histoire :
Depuis la Chine, les ressortissants japonais subissent, les errements de la seconde guerre mondiale. Pour Sayo et sa famille, tout se passe très bien à Tsing Tao. Son mari travaille, sa petite Miyako se porte très bien et surtout elle est à nouveau enceinte. Pourtant, tout bascule un soir, lorsqu'un soldat dépose la feuille rouge, une lettre de mobilisation des troupes d'infanterie japonaise. Sous les conseils de son mari, Sayo et Miyako se rendent à Dairen où vivent sa sœur et ses enfants. Cette ville est jugée moins dangereuse et surtout, elle dispose d'un hôpital. Le trajet est long et chaotique, puisqu'il doit se faire en bateau et que des milliers de mines sillonnent ce coin d'océan... A Dairen, l'ambiance est plus agréable qu'escomptée. Miyako passe du temps avec les enfants d'Ayiko, alors que celle-ci passe un peu de temps avec Goto, un ancien collègue de son défunt mari. Quelques semaines passent et le Japon capitule. Si cette nouvelle annonçant la fin de la guerre réjouit Sayo et sa sœur, les deux femmes n'imaginent pas encore que cela est en réalité le début du cauchemar.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié en Italie en 2009, L'histoire de Sayo est née de la collaboration entre Yoshiko Watanabe et Giovani Masi. La première est une animatrice japonaise qui a longtemps travaillé sur les animés d'Osamu Tezuka, avant d'enseigner le dessin en Italie. Le second est un jeune scénariste et réalisateur transalpin. Présentant une facette méconnue de l'Histoire (vue de notre lorgnette européenne), à savoir le traitement des ressortissants japonais en Mandchourie à la fin de la seconde guerre mondiale, le récit raconte la façon dont Sayo et sa petite famille a tenté de survivre à cette période. Le sujet est très intéressant. Le traitement choisi par les auteurs débute en forme de comédie, avant de virer à la tragédie pure. Malheureusement, l'empathie vis à vis des personnages ne fonctionne pas totalement. Gen d'Hiroshima avait su devenir totalement culte, sur un thème différent, et avec une narration assez proche (bien que le titre ait plusieurs décennies). Evidemment, il y avait un excellent travail sur ses protagonistes, ce qui n'est pas le cas ici, car ce point de traitement reste sommaire. Les dessins de Watanabe évoquent certes fortement ceux de Tezuka... Mais si le trait est proche, il n'est pas aussi réussi que celui du surnommé Dieu du manga (notamment dans le manque de détail, en général). L'histoire de Sayo est une lecture poignante et mémorable, mais elle n'arrive jamais au niveau des œuvres cultes du registre (citons encore Ayako). Le titre reste cependant intéressant pour ceux qui voudraient éclaircir cet aspect sombre de l'Histoire.
