parution 17 février 2010  éditeur Fluide Glacial  Public ado / adulte

SDF

Pour René, Jean-Paul et leurs compagnons de galère, cette fameuse crise, ils en connaissent l'alphabet : SDF. Tranches de « vie » grinçantes de quelques sans abris. Décapant et pas si exagéré.


SDF, bd chez Fluide Glacial de Le Borgne
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Fluide Glacial édition 2010

L'histoire :

Même lorsqu’on vit dans la rue, on joue facilement les agents immobiliers pour un jeune couple que la crise vient de contraindre à s’installer sous les ponts. Ce n’est pourtant pas cette fois qu’on pourra vendre le produit offrant vue sur le fleuve (la Seine à quelques centimètres), proximité des transports (l’autoroute pour plafond), nombreux placards (cartons usagés) et pas de caution demandée. C’est à se demander ce qu’il leur faut, car même sur le pavé, elle existe belle et bien, la crise de l’immobilier : centres d’hébergements complets, camping refusant les chômeurs, bancs publics surtaxés, cabines téléphoniques hors de prix et place dans le métro nécessitant une cave portative bien fournie. D’autant plus que tout le monde ne peut pas s’offrir un petit coin de poulailler à quelques kilomètres du centre ville. Dans ces conditions, le top serait de tomber, un soir de chance, sur une âme charitable qui offrirait gîte et couvert. Ou mieux : de tomber entre les pattes d’un fumeur de barreaux de chaise qui nous aiderait à réussir définitivement notre échec…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le sans abris avait pris l’habitude de s’inviter, dès novembre et ses Celsius frisant le pas chaud, au 20 heures ou en Une des quotidiens, s’il lui prenait l’idée d’abandonner définitivement sa carcasse sur le pavé. Et puis, la sainte crise aidant, comble de la misère et d’un échelon gravi dans l’indifférence, le SDF « n’empathise » plus les médias : plus besoin d’être à la rue, sous une toile de tente, pour émouvoir. La précarité s’est invitée partout, avec ou sans toit, bien plus prompte à effrayer le bourgeois que la possibilité de se retrouver sous un pont : la seconde éventualité relève, à coup sûr plus, du manque de courage et d’un penchant immodéré pour la boisson que de la fatalité et des dommages collatéraux des caprices du marché. Heureusement, Le Borgne nous fait une piqure de rappel (puisée dans l’incroyable stock de Roselyne Bachelot) en déclinant l’acronyme au papier de verre. Le bricolage lui permet, souvent cruellement, en une caricature à peine exagérée, de brosser le quotidien ordinaire de quelques galériens, pour une mise en scène politiquement incorrecte de notre vision du problème : s’ils en sont là et qu’ils y restent, c’est sûrement qu’ils l’ont cherché et qu’ils ne font rien pour que ça change. La caricature fonctionne alors à plein régime forcée, par un cynisme maitrisé égratignant à parts égales excès de notre bon vieux capitalisme, bonne conscience bourgeoise, inefficacité de la prise en charge, naïveté passive des miséreux ou manque de solidarité (tous statuts confondus). Du coté de la mise en mouvements, c’est un trait reiserien (rapide, vif, excessif et provocateur) accompagné d’une science du mot juste, faisant souvent mouche qui se chargent du boulot. Un album poil à gratter, maniant impeccablement l’art du second degré, pour amateur d’humour grinçant.

voir la fiche officielle ISBN 9782858158829