L'histoire :
Nés aux États-Unis de parents russes de confession juive, Elizabeth et George Chast se connaissent depuis toujours. Ils se considèrent comme des âmes sœurs. Ils sont nés avec 10 jours d’écart. Ils grandissent à deux rues l’un de l’autre, dans l’East Harlem, à New York. Ils sont dans la même classe en sixième. Ils se marient le 25 juin 1938. De leur amour, nait Roz, le 26 novembre 1954. À part la guerre, le travail, les maladies et aller aux toilettes, ils font tout ensemble. C’est un duo uni à qui il arrive de se disputer. Mais chercher mieux ou être heureux, ce sont des idées pour les gens modernes ou les stars de cinéma. Ils habitent le même appartement depuis plus de 50 ans, à Brooklyn. Parler de la mort ne fait pas partie de leurs principes. Peut-être croyaient-ils qu’en se cramponnant très fort à l’autre pour l’éternité, rien ne changerait jamais ? Roz déteste Brooklyn. C’est pour cela qu’en 1990, elle quitte New York avec son mari et leur fils de 3 ans (et enceinte d’une petite fille) pour le Connecticut. Là-bas, il y a plus d’espace et de verdure et de bonnes écoles publiques. Entre 1990 et 2001, elle ne met pas une seule fois les pieds à Brooklyn. Déni, évitement, égoïsme, paresse et occupations de la vie quotidienne l’en empêchent… Puis un jour, à l’improviste, elle rend visite à ses parents. Elle s’en rappelle très bien, c’était le 9 septembre 2001. Bien sûr, elle les avait au téléphone, mais ce n’est pas pareil que les revoir. Aujourd’hui, ils sont en plein troisième âge et la mort n’est pas très loin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une certitude, la mort nous attend tout au bout du bois, habillée d’une toge noire et tenant une grande faux. Elizabeth et George ne s’y sont pas préparés. Ils pensent, pour y échapper. Pourtant, pauvres mortels que nous sommes, cette issue est inéluctable. George est mort le 17 octobre 2007. Elizabeth est morte le 30 septembre 2009. En 2001, Roz se décide à revoir ses parents en chair et en os, bien qu’elle n’a pas perdu contact avec eux. Brooklyn lui sortait par les yeux ! Ce n’est évident pour personne de voir son père et sa mère vieillir. Pendant les dernières années, Roz vient les voir aussi souvent qu’elle le peut. Elle les accompagne jusqu’au bout. Roz Chast, illustratrice pour The New Yorker signe ici un ouvrage bouleversant, intime, plein de rires et d’émotion, des premières défaillances techniques jusqu’à l’inéluctable fin. Ne comptez pas sur elle pour tomber dans le pathos. Elle décrypte et s’amuse des tics de ses parents. Dans sa forme, ce pavé est dense, ce qui rend la lecture difficile et pas très fluide. Mais une fois que l’on rentre dedans, on se plait à suivre ces chroniques de la vieillesse. Autour de photos, de textes, de poésie, Roz Chast illustre des anecdotes glanées ici et là. Bien sûr, son dessin est simpliste, mais il correspond bien à ce type de récit où le poids des mots est plus important. Est-ce qu’on pourrait parler d'autre chose figure parmi les 10 meilleurs livres de l’année 2014 pour le New-York Times.