L'histoire :
A bord de son arche zoologique, Noé pète un plomb : tous les animaux se livrent soudainement et frénétiquement à des copulations inter-espèces…
Un maharadja perché dans la nacelle au dessus de son éléphant s’inquiète auprès de son cornac de savoir ce que le pachyderme peut bien raconter à une congénère femelle qu’il vient de rencontrer. Le cornac lui rétorque qu’il s’agit pour sa monture d’identifier au préalable si sa rencontre est vaginale ou clitoridienne. Ce détail prend toute son importance lorsque l’animal décide de grimper sur l’autre en propulsant soudainement ses passagers au sol (elle était vaginale). Dommage : si elle avait été clitoridienne, il aurait fait ça gentiment avec sa trompe et tout le monde aurait été content…
A la fenêtre de son immeuble, un type un peu dégueu se récure une narine en contemplant d’un regard atone la civilisation par sa fenêtre. Par derrière et par-dessous, deux gros rats s’aperçoivent discrétos qu’un de ses testicules pendouille en dehors de son slip informe. Ils fomentent aussitôt un sale coup : l’un fait la courte échelle à l’autre, qui croque de toutes dents, d’un gros coup sec et de toutes ses forces, dans la pauvre couille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce type de recueil de dessins salaces et/ou ignobles, signés Reiser, permet de se rendre compte que les Sales blagues de Philippe Vuillemin ont été à bonne école avec un tel maître du genre ! Ici, comme l’indique le titre, l’axe thématique central est la déviance trash des bêbêtes, selon leurs particularismes zoomorphiques propres (ex : le crocodile qui, alléché par sa future proie, se scie la langue sur ses propres canines !). Jean-Marc Reiser avait un sens cynique particulièrement cruel et/ou jouissif et il ne s’encombrait pas de scrupule pour le coucher sur papier. Les rats, allégorie de la race humaine, tiennent aussi un rôle de composition de premier plan dans ce recueil… Néanmoins, sur le strict plan du travail éditorial, on peut regretter deux grosses limites à cet (énième) ouvrage souple, ré-exploitant le fonds de dessins de l’auteur (décédé il y a déjà presque 30 ans !). Primo, la thématique animale est plus que floue : ici, les dessins choisis n’ont parfois rien à voir avec le monde animal (la grande faucheuse, l’élection de Miss accident, l’accident de train…). Secundo, un minimum d’explications ou d’informations sur le contexte de leurs réalisations aurait été appréciable…
