L'histoire :
Quand on entre en adolescence, c’est l’âge ingrat. De l’acné volcanique sur la tronche, une voix de puceau et une maturité de collégien souvent située en-dessous de la ceinture, tout est prétexte à moquerie. Dans un magasin, dans la cour d’école, dans une chambre ou près d’une écluse, l’ado n’est jamais à sa place au bon moment et brille souvent par sa bêtise sans fond. Surtout quand votre père veut cambrioler un appartement et que vous croyez vous rendre chez un ami. L’ado est lent d’esprit, souvent frustré et incapable de comprendre pourquoi il l’est. Résultat : il aura droit à quelques taloches bien fermes, histoire de lui remettre les idées en place… P’tit con, plaf, plaf !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maître du dessin de presse, Jean-Marc Roussillon (dit Reiser) fut caricaturiste pour les revues Hara Kiri, Pilote et Métal Hurlant. Dans une veine irrévérencieuse et un esprit « sale gosse », Reiser croquait l’âge ingrat dans ce qu’il a de plus rebelle, de plus idiot et surtout de plus drôle. Une forme de naïveté persistante, touchante mais stupide, source de défaites morales irréversibles. Vous voudriez lire tranquillement vos revues coquines à l’âge de 14 ans ? Pas possible mec, petite maman est derrière la porte pour vous retourner gentiment les lobes… Ailleurs, difficile de cambrioler intelligemment en compagnie du fils, il ne comprend rien à la symbolique de la boite aux lettres pleine… Jouant l’excès de caricature et la surenchère à l’envi, Reiser montrait des baffes de trois mètres d’envergure, les dynamisait de son trait vif et précis pour in fine railler nos chères têtes blondes aux faux airs de Spok, les yeux exorbités en prime. Voilà donc une satire sociale gentillette et souvent drôle par le trublion Reiser, cruel mais perspicace ici, dont le sens de l’humour noir était à la mesure de la tendresse qu’il vouait à ses personnages. En se disant qu’un Riad Sattouf s’en est peut-être inspiré au moment de réaliser La vie secrète des jeunes...
