L'histoire :
Années 30, Cleveland, dans une immense bâtisse abandonnée, l’inspecteur Merylo vient interpeller Ethan Hedgeway. L’ancien homme à tout faire de Milano n’oppose aucune résistance, car il sait que les policiers n’ont rien contre lui. Si Hedgeway est revenu dans l’Ohio, c’est pour régler quelques comptes avec son ancien employeur. Milano a fait assassiner la femme d’Hedgeway et lui a renvoyé en pièces détachées dans plusieurs colis. L’homme à tout faire avait piqué les carnets de comptes de son patron, quelques liasses de billets et une grosse poignée de diamants. Hedgeway pensait que ces carnets étaient un sauf-conduit pour qu’il ait la paix. Il n’en était rien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Pelaez et Hugues Labiano signent un polar en hommage aux films noirs américains des années 40 à 60. Le personnage principal, un truand qui se venge de son ancien patron, va rapidement se faire cueillir par la police qui souhaite lui soutirer des informations sur un parrain de la pègre. Le temps de leur enquête, les policiers lui louent une chambre dans un hôtel qui ressemble à la cour des miracles. Au même moment, dans la ville, sévit le « tueur au torse » qui démembre ses victimes. Philippe Pelaez, qui décortique le genre du « film noir » en fin d’album, en a repris l’essentiel des codes. Il campe rapidement le paysage et le ton de ce récit pour nous immerger dans le milieu interlope et ultra-violent des années 30. Avec un style soigné et des dialogues ciselés, il met en place une galerie de portraits qui ne manquent pas de relief. Ethan Hedgewaye, personnage principal qui est également le narrateur, est mû par l’esprit de vengeance. Toutefois, il garde la tête froide tout en cédant aux charmes d’une unijambiste. Le scénario glauque de cette histoire est captivant et tient le lecteur en haleine sur toute la durée du récit. Graphiquement, Hugues Labiano était l’homme de la situation pour illustrer ce genre d’histoire. Les personnages ont des gueules aux traits acérés. Les aplats de noir superbement ajustés dans une colorisation en bichromie renforcent l’ambiance lourde du récit. Du grand art !
