L'histoire :
Lors de son voyage en train de la région de Madras vers Delhi, Jonathan se laisse bercer par ses pensées. Il rumine vaguement la panne de sa moto qui devait l'emmener du Myanmar vers l'Inde, et le contraint à un mode de transport plus traditionnel. Les retards annoncés du Tamil Nadu express vont lui laisser le temps de nouvelles rêveries, dont celle d'une femme qui siffle sous une douche d'eau de pluie. Familière mais inconnue, la silhouette persiste dans ses pensées au réveil, alors que le train fait une nouvelle halte imprévue dans une ville inconnue. Lorsqu'il parcourt les étals des vendeurs installés le long des quais, Jonathan entend la voix d'un mainate, sorte de perroquet qui fredonne un air connu. Il reconnait l'animal comme celui d'April, une amie d'enfance qu'il n'a pas oubliée. Il décide alors de bouleverser ses plans d'un éventuel retour en Europe, achète une moto d'occasion sur le marché, embarque le mainate et se lance à l'aventure. Il ne peut imaginer qu'April ait pu se séparer de son animal fétiche, il doit donc comprendre ce qu'il lui est arrivé. Débute alors une quête qui va mener Jonathan dans ses souvenirs d'enfance et mettre sur sa route des personnages qu'il n'aurait pas imaginé croiser un jour. Première étape, le Pine Trees Breeze College, lieu de sa rencontre avec April près de 20 ans plus tôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis qu'il a relancé sa série Jonathan, après 10 ans de silence au milieu des années 90, Cosey lui a progressivement donné une tournure, à la fois plus intime et plus grand-public. Les sentiments de Jonathan, l'éternel voyageur, se mêlent à des intrigues quasi policières et plutôt bien structurées, ce qui permet au lecteur de retrouver ce personnage attachant au milieu d'une histoire non dénuée de suspense. Comme à son habitude, l'auteur parsème son aventure de lieux pleins d'authenticité, que ce soit les guest-houses des villes indiennes ou les charrettes peintes des vendeurs d'eau en bouteille. Si Jonathan crapahute, c'est parce que son créateur fait de même, si bien que l'impression de trouver dans les pages de ce nouvel album des éléments vécus par Cosey est très forte. Sans bouleverser son approche narrative, faite de belles pages de balades, d'immersion au milieu de foules bigarrées, il nous offre en 54 planches à la fois la grande évasion au bout du monde et une plongée dans l'enfance de son personnage. L'avantage de ce nouvel opus est qu'il pourrait être celui de la prise de contact pour le lecteur qui ne connait pas la série. Les références aux albums précédents sont très peu nombreuses et tous les personnages connus que Jonathan croise ici sont parfaitement mis en scène et situés dans l'histoire du héros. Les habitués retrouveront avec plaisir un auteur atypique qui trace sa route dans la BD grand-public sans se départir de son originalité, depuis plus de 25 ans. Son trait fin, ses planches superbes quasiment sans jeux d'ombres et pourtant si profondes, et les incontournables références musicales en fin d'album, sont autant de points de repère pour le fan. Pas de révolution, donc, mais un nouvel opus très plaisant, par ailleurs riche en révélations sur le passé de son personnage.
