L'histoire :
De Certains l’aiment chaud, commenté et illustré par Virginie Augustin, jusqu’à Olivier Vatine qui présente La 36e chambre de Shaolin, 51 dessinateurs nous baladent dans le 7e art à coups de pinceaux et d’analyses avisées, sur un film les ayant marqués. On retrouve par exemple sans surprise Jérôme Lereculey louant Excalibur, avouant sans rougir que son Arthur ressemblait, sans même qu’il ne s’en aperçoive, à celui imaginé par John Boorman. On ne s’étonne pas que l’affiche de Le Bon, la Brute et le Truand, sous les pinceaux de Christian Rossi, devienne un clin d’œil à W.E.S.T., sa somptueuse série, ou qu’il admire chez Sergio Leone cette faculté de nous mener où il veut : c’est ce qu’il s’exerce à nous faire subir depuis des années. D’autres auteurs nous font quelques surprises nous menant sur des chemins inattendus. Chacun, en exprimant ce qui les a ému, nous laisse entrevoir le mécanisme qui rend leur art si touchant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inutile de se lancer dans de longues théories visant à démontrer les liens familiaux entre cinéma et bande dessinée : les récentes créations du 7e art piochent allégrement (avec plus ou moins de réussite) dans le 9e, tandis que ce dernier emprunte régulièrement (souvent avec succès) son rythme narratif ou ses plans au cinéma. Bref, quoi de plus logique, donc, que de se retrouver avec un livre beau et épais, rendant un vibrant hommage aux films via les pinceaux et les stylos d’artistes de bandes dessinées. Ils sont 51 à relever le gant de l’illustration, revisitée d’une affiche les ayant marqués. Les Rabaté, Cosey, Dany, Hermann, Perriot, Lepage, Boucq, Coyote et consorts se livrent donc avec beaucoup de talent à l’exercice imposé : de la couverture à la dernière affiche proposée, ils parviennent tous à nous infliger la terrible frustration de ne pouvoir choisir celle qui pourrait orner un mur de notre salon. Si souvent passé sous le crible de l’analyse et de la critique, chacun se prête à son tour à ce petit jeu. De dissections techniques, en analyse fine du message transmis par l’œuvre, en passant par ce que ces réalisations ont pu leur apporter professionnellement : tous se retrouvent indéniablement sur le registre de la sensibilité et de l’émotion, certains même avec beaucoup d’intimité. Alors certes, les dévoreurs de bulles ou les squatters de salles obscures préfèrent se rouler dans l’expression traditionnelle de leur médium plutôt que de faire leur fond de poche pour s’offrir ce type de digression. Mais ce serait franchement une erreur que de ne pas saisir l’occasion d’un beau voyage qui donne la double envie de voir les films mis en lumière par l’exercice et de se précipiter sur les œuvres de nos studieux participants…
