L'histoire :
Norma Rouge est serveuse pour une agence évènementielle. Le boulot ne l’accapare que partiellement, aussi occupe t-elle la plupart de son temps à faire la fête dans toutes les soirées qu’elle peut se mettre sous le nez. Et justement, ce 24 juin, pour fêter les premiers jours de l’été, elle se rend chez Franck, un mec qui cumule les fonctions de fils à Papa et de sniffeur de compétition. Au programme : une soirée néo-païenne avec éco-champagne, éco-rock et éco-coke. Bien rapidement, pourtant, la belle Norma s’ennuie et ce ne sont pas les conversations ennuyeuses des futurs avocats, politicards ingénieurs ou financiers qui risquent de la décoincer. Alors Norma picole pour tuer le temps. Une heure plus tard, alors qu’elle s’apprête à quitter l’endroit, elle est accostée par Claire et Angelo, qui ont tapé l’incruste dans la soirée sans invitation. Quelques coupes de champagne, joints et rails de coco plus tard, les 3 amis veulent changer d’air. Claire et Angelo embarquent alors dans la voiture de Norma en lui promettant une jolie surprise. De fait, Angelo imbibe un mouchoir de chloroforme pour les belles narines de Norma. Quelques heures plus tard, Norma se réveille. Elle est au volant de sa voiture. Son coffre est ouvert. Le corps sans vie d’une inconnue y repose sans que notre belle blonde ne se souvienne de quoi que ce soit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une jolie poupée qui aurait mieux fait d’aller promener ses yeux de biches sur l’écran insipide de sa télévision, plutôt que de les emmener cligner sous les paillettes d’une énième soirée branchouille avec méchants loups aux aguets. Car du coup, la belle Norma, serveuse à temps partiel et jet-setteuse à plein-temps, devient malgré elle actrice d’une série noir- foncé qu’elle aurait sans doute préféré mater sur le petit écran plutôt que d’y participer pour de vrai. Usant d’un dessin empreint d’une réelle personnalité graphique, Jérôme Lerpinière (qui signe ici son 1er album) nous entraîne ainsi dans un polar sans concession pour lequel humour glacé, répliques incisives et sens de la mise en scène aiguisé corsettent habilement une trame dramatico-policière sans chichi. Ce qui plait ici ce n’est pas l’intrigue, en elle-même, ni ses quelques rebondissements, mais les personnages en eux même, leur interaction, leur naïveté abyssale, la déclinaison de leur connerie ou de leur totale immoralité. Chacun d’eux est en effet animé d’un élan jusqu’au-boutiste, impeccable pour nous entraîner droit dans le mur avec perte et fracas. On pense alors rapidement aux films du genre. Et selon ses propres références, on imagine relativement bien ce projet entre les mains d’un Jean-Pierre Meleville ou pourquoi pas d’un Quentin Tarantino. Amateurs de polar à l’emporte pièce avec jolie blonde qui panique, couple diabolique, gros salaud, témoin gênant et coke à gogo : celui là, en tous cas, est pour vous !
