L'histoire :
Après une courte relation avec Véronique, Michel se fait larguer à l’aide d’un grand classique du registre : « je préfèrerais que nous restions amis ». Même pas grave : quelques jours plus tard, à la piscine, il engage la conversation avec une autre jeune fille, trop mignonne. Ils se font quelques œillades en se croisant dans leurs lignes de brasse respectives… et rendez-vous est donné au cinéma. Mais le moment venu, du fait du retard de Clarisse (c’est son nom), ils vont plutôt boire un verre en attendant la séance suivante. Michel s’aperçoit alors que Clarisse fume et qu’elle jette ses mégots par terre (l’horreur !). Puis dans la conversation, la question de la situation sentimentale est spontanément abordée : ils sont tous deux célibataires et en recherche de partenaire. Michel est affolé par la précédente relation de Clarisse : elle s’est fait larguer après 8 ans de vie en couple. Vient alors l’heure de la seconde séance de ciné. Dans l’obscurité de la salle, Michel, intimidé, ne tente rien, au désespoir de Clarisse. Ils se séparent un peu bêtement, en se faisant la bise dans un couloir du métro. Mais rapidement, ils s’appellent au téléphone et s’avouent leurs inhibitions réciproques. Michel invite alors Clarisse à venir chez lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Tabou défrichent ici un créneau éditorial relativement nouveau pour elles, d’ordinaire connues pour publier des BD pornos, voire éventuellement érotiques. Ce Sale petit con prend en effet la forme d’une chronique sociale sentimentale, avec certes quelques rares scènes de sexe (c’est tout de même leur marque de fabrique !). Mais n’espérez pas vous pignoler fiévreusement avec ça : ultra simple et minimaliste, le dessin met en scène des personnages zoomorphiques qui n’ont rien d’excitant. Pour être précis, l’auteur Madet se situe dans un registre assez similaire au célèbre Lapinot de Lewis Trondheim, ce qui n’est pas la moindre des références. L’histoire aborde « fraîchement », c'est-à-dire sans tabou ni détour, le début d’une idylle compliquée entre un jeune homme et une jeune femme. Fantasmes, frustrations, errances psychologiques : on suit en parallèle les questions intimes que ces deux personnages se posent face à cette problématique du couple naissant, celles qu’on se pose réellement en pareil cas : « comment vais-je m’y prendre pour lui avouer mon attirance, pour lui rouler une galoche et pour avoir une relation sexuelle ? ». En l’occurrence, ladite relation n’a rien de simple. En réalité, l’album s’appelle Le sale petit con, mais il aurait surtout pu se titrer : « Ma relation avec une fille compliquée et pénible ». Sauf erreur, le héros montre en effet avoir une dose de connerie relativement moyenne et commune à tous les mecs : il cherche juste à baiser, sans jamais abuser de son partenaire et sans en faire une fixation non plus. La relou de service, ici, c’est bien Clarisse. M’enfin, c’est un avis de mec… Mais le simple fait d’entrer dans ces considérations prouve l’efficience de cette histoire sociale et sentimentale qui se laisse lire, sans révolutionner le genre.
