L'histoire :
Paris, mai 1978. Jonathan Webb atterit dans la capitale. Il va participer au Salon du Livre. Depuis des années, il bosse pour un éditeur. Il déniche des manuscrits, leur donne une chance si il considère que ça tient la route et vend enfin les droits à l'international. C'est un boulot qu'il connaît bien, même si, depuis quelques années, Jonhatan se sent prisonnier d'une espèce de routine. La plupart du temps, il ne lit que quelques pages des ouvrages qu'on lui propose et pas plus de 10 minutes suffisent à ce qu'il fasse son choix. A tel point qu'il vend la plupart de ses bouquins sans les avoir intégralement lus ! Parmi les épreuves définitives qu'il emporte avec lui et auxquelles il va jeter un dernier œil durant son vol, figure un petit bouquin : « Alors, le feu », qui avait vraiment enthousiasmé David, son associé. Cela faisait environ un an qu'ils l’avaient publié mais il ne l'avait toujours pas lu. Alors le voici qui se surprend à trouver bien du plaisir à le lire, jusqu'à ce passage où le personnage fait un cauchemar. Et ce qui trouble le plus Jonathan, qui n'a d'ailleurs jamais parlé avec l'auteur, c'est que ce cauchemar, dans ce roman, est exactement celui qu'il fait de façon récurrente depuis des années...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est Ed Brubaker qui l'affirme lui-même, après le run soutenu de Reckless, lui et son complice Sean Phillips avaient envie d'un break. Et un break chez eux, ce n'est pas une pause dans l'industrie des comics mais tout simplement faire naître un nouveau projet. Alors ce one-shot provient d'une idée déjà ancienne du scénariste, mais comme plein d'idées, elles ne se concrétisent que lorsqu'on peut leur accorder du temps. Et cette histoire est cette fois-ci un thriller psychologique. Pas de grand banditisme, pas de flics (pourris ou pas) et même pas de femmes qui viennent empoissonner la vie des braves couillons ou de méchants bad boy. Cette fois-ci, Brubaker tape dans la psychologie pure et dure de son personnage principal, un éditeur blasé, un type qui a l'impression d'être passé à côté de sa vie maintenant qu'il est bien quinquagénère... Et comme parfois le hasard fait mal les choses, une opportunité se présente à lui. Avec un peu de filouterie, il s'introduit dans une soirée où un casino est privatisé, usurpe l'identité d'un joueur et fait le game de sa vie en sortant avec une coquette somme. Et ce qui aurait dû être une aubaine pour ce bonhomme va bien évidemment se transformer en plan pourri. Voilà pour la trame de l'histoire et si l'auteur ne puise pas cette fois-ci dans les stéréotypes qu'on retrouve dans presque toutes ses séries, il vient ici emprunter à des éléments Hitchcokiens. Jonathan Webb, cet écrivain en perdition, va se retrouver dans une situation qui ressemble à un véritable incubateur de paranoïa. On notera aussi que ce one-shot se passe en Europe, ce qui était une demande du dessinateur. Sean Phillips se régale donc des décors et il signe une prestation très aboutie, quand son fils donne des couleurs inquiétantes à cette nuit qui abrite tant de gens interlopes... Un nouveau régal, à ne manquer sous aucun prétexte si vous aimez les auteurs... et les thrillers !
