Scène de crime

L'histoire :

Jack Herriman est un détective privé que sa dernière affaire a bien cabossé. Un gamin de 11 ans qui fait une fugue, des parents qui le contactent et lui donnent suffisamment d'éléments pour qu'il aille vite... mais il n'était pas préparé à retrouver le môme dans une poubelle, overdosé à l'héro. Il rentre chez lui et prend une sacrée rincée tandis qu'il réfléchit au sort de ce gamin lorsqu'une voiture s'arrête à son niveau. Paul Raymonds, un flic qui bossait avec son père et qu'il n'a pas revu depuis des lustres, en descend. Il va lui envoyer un boulot. Une nana dont la soeur a disparu depuis un mois.

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Bientôt un quart de siècle pour cette série qui a révélé Ed Brubaker aux US. La préface fort sympathique de Bendis nous ramène au début de sa (leur) carrière et il faut donc aborder Scène de crime comme une œuvre de jeunesse, mais déjà pleine de talent. L'écriture est au centre de la narration et relire cette série met aussi en évidence à quel point Ed Brubaker a épuré son style depuis. Côté dessin, celui qui a l'époque a encré le dessin anguleux de Michael Lark est devenu culte et indissociable de l'écrivain. Car cet album se lit désormais au prisme du chemin que les deux comparses ont fait depuis. Scène de crime a ce goût si particulier de l'originel. Il a aussi le gout du polar, la saveur du roman graphique noir. Les personnages de Scène de crime, ce sont les stéréotypes du privé, du client louche, des sales plans et des losers de la classe moyenne américaine. Effectivement, un album qui plaira aux inconditionnels du meilleur duo d'artistes de polar depuis 20 ans et une nouvelle occasion, pour la génération suivante de lecteurs, de les découvrir.

Ce qu'un autre en pense sur la planète BD :

Les lecteurs de comics et amateurs de polar connaissent les qualités de scénariste d'Ed Brubaker. Avec des séries telles que Criminal, Incognito ou Fatale, l'auteur n'a plus grand chose à prouver. Alors qu'il travaille en ce moment sur cette dernière, les éditions Delcourt ont la bonne idée de sortir Scène de crime, un récit plus ancien datant de 1999. On y suit les mésaventures de Jack Herriman, un détective privé au passé compliqué et qui vit chez son oncle, un photographe de scènes de crimes. L'enquête offerte par le scénariste use d'une narration des plus intéressante et assez proche de celle que les romans du genre proposent. Dans des chapitres assez courts, on suit la progression de l'histoire avec attention. L’utilisation de la voix-off est plutôt immersive, même si Brubaker en abuse un peu trop souvent. En effet, Scène de crime tient plus du diamant brut, pas encore façonné par l'expérience. L'album reste cependant très agréable à lire aujourd'hui. Michael Lark et Sean Phillips unissent leurs talents pour offrir des planches correctes, qui ne subissent que rarement des baisses de forme. Dommage par contre que le niveau de détails ne soit pas toujours optimum. Divertissant et bien fait, Scène de crime comblera les fans acharnés de Brubaker, qui seront heureux de découvrir une œuvre de jeunesse, là où les autres liront un bon polar, pas culte mais fort sympathique.