L'histoire :
1er mars à 20h23. Julian Thaun profite du spectacle à l’Iceberg. Elle est superbe et il ne rate aucun de ses mouvements lascifs le long de la barre. Le barman remarque l’intérêt de Thaun et il lui révèle son nom : elle s’appelle Nippy et vu qu’il est un habitué, il peut obtenir un petit rendez vous en privé avec elle pour une dédicace ou plus s’il en a envie.
4 mars à 16h33. Un colosse du nom de Waylon Jones, la tête cachée par son pardessus et le chapeau vissé profondément, avance à pas lourd sur les escaliers de la First National Bank. Il passe devant Julian Thaun qui lui ouvre poliment la porte et ne semble pas s’inquiéter de son identité. Pourtant, l’agent de sécurité ne peut s’empêcher de regarder cette armoire à glace qui attend son tour derrière d’autres clients. Thaun reçoit un message de son talkie-walkie pour lui demander ce qu’il observe et s’il y a un problème. L’agent répond que tout va bien et qu’il était perdu dans ses pensées. Il n’empêche.
A 16h53, le géant dont on ne voit pas le visage arrive devant le guichetier et prononce à demi-mots : « L’argent, je le veux… ». Le guichetier n’a pas le temps de réagir qu’il est soulevé violemment par des pattes gigantesques. Killer Croc attaque la First National Bank !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est le mois Tom King chez Urban car en octobre, on a le droit à pas moins de quatre récits de l’écrivain américain. A chacune de ses productions, on se demande bien ce que nous réserve l'étonnant auteur. Et comme souvent, ce que l’on découvre nous surprend toujours, quand bien même on s’était préparé à cela. Pourtant, un one shot sur Batman qui doit arrêter des super vilains qui font un coup tordu, c’est du déjà vu. Peut-être en effet mais ici, Catwoman n’est plus la fidèle amie qu’on a l’habitude de lire ces dernières années. Au contraire, elle est une voleuse dangereuse qui en plus s’allie avec Énigma. Là encore, ne vous trompez pas : tout ceci n’est pas vraiment surprenant. Pas plus que ce nouveau personnage inquiétant qui peut se vanter de battre Batman au combat. La véritable inventivité est à chercher du côté de l’écriture, comme toujours chez King. Et là, attachez vos ceintures car son style scénaristique va vous faire décoller plus sûrement qu’un démarrage de la Batmobile. Quasi chaque page indique au tout début une date, une heure et le récit se dessine petit à petit, au gré d’une temporalité hyper quadrillée mais en même temps très aléatoire avec les multiples retours en arrière. Cela donne des trouvailles jamais lues auparavant comme des flashbacks de quelques secondes ou des sauts dans le temps qui vont même jusqu’à l’Antiquité ! Cette narration à la fois ultra précise et totalement morcelée est un nouveau coup de génie qui en plus trouve une explication exceptionnelle à la fin de l’album. C’est fou, c’est dingue, c’est dément, c’est Tom King ! Le génial scénariste a le bon goût de s’entourer de dessinateurs de talent et ici, le visuel est particulièrement impressionnant de beauté. David Marquez cisèle ce joyau en chef d’œuvre d’orfèvrerie. Le 12 juillet 2012, Tom King entre dans le monde du comics et change la face de la fiction…
