interview Manga

Little Cloud

©Kotoji édition 2016

Fraichement débarquée chez nous avec Dragon axiom, Little Cloud nous invite à lire une aventure enchanteresse, inspirée de la célèbre chanson Puff the magic dragon. Comment est né ce manhua ? Qui est la touche-à-tout Little Cloud ? Pour répondre à ces questions, nous sommes allés à la rencontre de cette artiste chinoise bercée par l’art !

Réalisée en lien avec les albums Dragon axiom T1, Dragon axiom T2
Lieu de l'interview : Japan Expo 2016

interview menée
par
20 septembre 2016

Pouvez-vous vous présenter : qui êtes-vous, quel est votre parcours et comment êtes-vous devenue mangaka ?
Little Cloud : Ce n’était pas mon rêve étant enfant, mais quand j’étais à la maternelle, je dessinais tout le temps, j’adorais ça. Évidemment, je regardais des dessins animés et je lisais des BD. A l’université, j’ai rejoint le département des beaux-arts. Je pensais juste que ce serait bien de faire quelque chose en rapport avec l’art quand j’aurai mon diplôme. Depuis que je fais des BD vers l’âge de 12-13 ans, j’envoie mon travail à des maisons d’édition qui ont aimé mes dessins. A un moment, ils m’ont demandé de travailler pour eux, et donc je suis venue naturellement à travailler dans la BD.

Little Cloud - Dragon Axiom

Quels sont les auteurs et les BD qui vous ont influencés dans votre jeunesse ?
Little Cloud : Vu que je regarde beaucoup d’animés, il n’y a pas de référence unique. Mais je me rappelle de ce dessin animé d’aventure quand j’étais petite, Adrien le sauveur du monde. Au début, mon style était assez proche de celui-ci. Il y a aussi Tintin, que j’aimais vraiment beaucoup. J’aime tout ce qui parle d’aventure, de voyage, de rencontres...


Little Cloud - Dragon Axiom Dragon axiom a été inspiré par la chanson « Puff the magic dragon » et il y a beaucoup d’extraits de chansons dans le 2e tome : pouvez-vous nous en dire plus ? Est-ce que la musique influence votre travail ?
Little Cloud : La plupart du temps, oui. Quand je marche dans la rue, ou quand je suis dans les transports, je mets mon casque et j’écoute de la musique internationale, pas seulement chinoise ou japonaise. En fait je ne peux pas écouter les chansons chinoises, car je comprends les paroles et cela me déconcentre. Quand j’écoute les chansons des autres pays, les idées me viennent à l’esprit.


Entre chaque chapitre, il y a des fiches qui détaillent des éléments de Dragon axiom (personnages, villes, etc.) : pourquoi avoir choisi ce format plutôt que de l’inclure dans l’histoire principale ?
Little Cloud : Je voulais donner plus d’informations aux lecteurs pour qu’ils puissent mieux apprécier l’histoire. Et ils peuvent ainsi mieux connaître les personnages, comme leur date d’anniversaire par exemple. En fait, à chaque anniversaire de certains personnages, des lecteurs envoient des cartes de vœux. Ils marquent les dates dans leur agenda et dessinent ou écrivent quelque chose pour eux. Ces petits détails rendent les lecteurs plus intéressés par l’histoire.


Little Cloud - Dragon Axiom Vous avez mis 10 ans à écrire cette histoire, terminée il y a 10 ans justement. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce titre ?
Little Cloud : Certains dessins font vieux pour moi. Maintenant, j’ai un style un peu différent. J’ai l’impression que je ne maîtrisais pas certains éléments à l’époque, quand j’utilisais ce genre de crayon. Mais j’apprécie toujours mes anciens travaux car j’aime le style crayonné. Maintenant j’utilise plutôt des trames car la maison d’édition m’a dit que le crayonné, c’était un peu dur pour l’impression. Mais il y a beaucoup de lecteurs qui aiment ce style. Ça me fait beaucoup de souvenirs.


Vous travaillez dans grand nombre de domaines, comme la BD, les romans illustrés, la conception de personnages de jeux vidéo et la mode : lequel a votre préférence ?
Little Cloud : J’aime dessiner des histoires, c’est pourquoi je crée des bandes dessinées. Cela demande du temps, parce que je mets beaucoup d’énergie dans la création : je dois penser aux récits, et ensuite, dessiner. Mais à Hong-Kong, dessiner seulement une BD, ce n’est pas suffisant pour vivre, donc je profite de mon temps libre pour travailler et faire des illustrations en couleurs (pour les jeux vidéo, les éditeurs de romans...). C’est plus rapide qu’écrire une BD. C’est un moyen d’avoir un revenu complémentaire. Et j’enseigne aussi à l’université.


Little Cloud - Dragon Axiom Y a-t-il d’autres domaines dans lesquels vous aimeriez vous exprimer ?
Little Cloud : J’aimerai bien écrire, j’étais plutôt bonne pour ça. Ou de la calligraphie. Mais toujours quelque chose relié à l’art ! Pourquoi pas éditeur, je connais très bien le marché de l’édition en Chine, au Japon et aussi à Hong-Kong, je l’enseigne à l’université...


Savez-vous déjà quels sont vos prochains projets ? Et vers quoi voudriez-vous vous orienter à l’avenir, quel type de récit par exemple ?
Little Cloud : Je veux créer une autre série en plus de celle-là. Mais j’aimerais avoir le temps et la force de continuer. Je dessine moins vite car je dois enseigner, je dois dessiner aussi. Là, je dessine le 7e volume de Dragon axiom (NDLR : les 3 premiers tomes de la série ne constituent que le premier cycle, il existe une deuxième trilogie en Chine). Les volumes 4 à 6 racontent le passé et le futur des personnages, et ce tome 7 est plutôt un recueil d’histoires courtes.


Si on vous donnait le pouvoir magique de voir dans l’esprit d’un autre artiste, vivant ou mort, dessinateur ou autre, afin de le comprendre, savoir ce qu’il pensait, pouvoir discuter avec lui, apprendre des nouvelles techniques... qui choisiriez-vous et pour quelles raisons ?
Little Cloud : Léonard de Vinci ! Je voudrais comprendre son génie, pour des raisons évidentes !


Merci !


Little Cloud - Dragon Axiom




Merci aux éditions Kotoji

Toutes les illustrations de l'article sont © Little Cloud / KOTOJI Editions