interview Bande dessinée

Pica, Sti & S.Léturgie

©Bamboo édition 2020

La célèbre série Les profs a désormais 20 ans ! Pour fêter cet évènement, les éditions Bamboo ont invité tous les artisans de cette grande aventure à un album spécial, et entre autre le retour en grandes pompes de Pica, le dessinateur originel de la série. Forcé d’arrêter la bande dessinée depuis plusieurs années à cause de soucis de santé, Pierre Tranchand, dit Pica, est de la fête pour le plus grand plaisir de tous. Nous avons aussi été invités à cette joyeuse célébration et en guise de gâteau d’anniversaire, nous avons pu interviewer tous les auteurs de la série. Tous ? Non ! Gilles Erroc n’est malheureusement pas de la partie (mais ce n’est que partie remise !). Les autres artistes sont tous là et ce sont des invités de marque : Pica donc, le scénariste Sti et le dessinateur Simon Léturgie. Un entretien festif, plein de rires, de camaraderie et d’anecdotes cocasses.

Réalisée en lien avec les albums Les profs T22, Les Seignors T3, Généalo Jill
Lieu de l'interview : Angoulême

interview menée
par
16 avril 2020

Pouvez-vous vous présenter rapidement pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Pica : Je suis Pierre Tranchand, connu sous le pseudonyme Pica depuis 40 ans. J’ai changé de nom en 1984 car à l’époque, on m’avait dit que j’étais mort dans le métier. Cela fait 42 ans que je travaille dans la bande dessinée avec des séries comme Marine, Smith & Wesson, L’école Abracadabra, etc. J’ai commencé chez Fleurus puis chez Mickey, Spirou… J’ai beaucoup bourlingué !
Simon Léturgie : Je suis dessinateur depuis 1992 et j’ai commencé chez Spirou. Je suis le fils de Jean Léturgie qui est scénariste de bande dessinées. Je baigne donc dans la bande dessinée depuis tout petit.

Copyright Corteggiani, Pica, HachettePierre, tu as collaboré avec François Corteggiani. Peux-tu nous parler de cette période ?
Pica : Comme avec tous les scénaristes, j’ai essayé d’illustrer au mieux ses histoires. Le problème qu’on a eu, c’est que les séries qu’on a faites n’ont pas toutes marché. Il y a 97% des BD qui ne marchent pas. C’était quand même dur et en 1995 justement, plus personne ne me publiait. Pendant un an et demi, je n’avais plus rien donc là, c’était chaud ! J’ai failli changer de métier d’ailleurs. Et puis, je suis remonté sur le cheval et j’ai fait Croco & Fastefoude. Puis la série Les profs est arrivée. J’ai dessiné la première page des Profs en juillet 1997. L’album est paru en juin 2000 : j’ai mis presque trois ans à faire l’album ! C’était difficile car on l'a proposé à tout le monde et personne n’en voulait. On l'a publié dans le Journal de Mickey au sein d'une rubrique qui s’appelait « Comics Zone » qui était une rubrique « débutant »… enfin soi-disant pour débutant. Le Journal de Mickey n’en voulait pas non plus à la base car la série était trop adulte. Se retrouver dans cette rubrique après 25 ans de métier, c’est assez particulier !

Comment s’est créée cette série Les Profs ?
Copyright Le journal de MickeyPica : Il y avait longtemps que je voulais faire une série sur Les profs, mais je croyais qu’il fallait un prof pour faire les scénarios. On a fait deux ou trois projets avant avec Gilles Erroc qui avaient été refusés partout et je lui ai parlé de mon envie de faire un album sur les profs. Gilles m’a alors raconté qu’il avait voulu faire avec HB un projet identique deux ans plus tôt qui avait été refusé par Dargaud. Je lui ai demandé de m’envoyer les fax du scénario (c’était comme ça à l’époque) et j’ai compris que c’était tout à fait ce que je voulais faire. Je l’ai donc dessiné et on l’a proposé un peu partout mais ça a été refusé. Vu que je travaillais au Journal de Mickey, j’ai montré le travail au rédacteur en chef qui a trouvé ça super mais le directeur n’en voulait pas. Il a donc proposé de le mettre dans cette rubrique débutant pour tester la série. Très vite, les enfants ont trouvé ça super.
Au bout de cinq, six gags, la rédac de Mickey nous a appelés et nous a dit : « On va sortir la série de Comics Zone et vous allez faire dix pages cet été pour voir si cela fonctionne. » A ce moment, Olivier Sulpice [NDLR : le créateur et responsable de Bamboo] a acheté Mickey dans un magasin. Il a vu ça et il a dit que c’était exactement ce qu’il aurait voulu faire et il a même trouvé que c’était mieux que ce qu’il aurait pu faire.
Sti : (qui vient d'arriver) Ce n’est pas dur ! Olivier, il est nul ! (rires)
Simon Léturgie : Olivier était également très fan du travail de Pierre.
Pica : Oui, il faut savoir qu’Olivier a commencé à copier mes dessins quand il avait six, sept ans. Il a raté et il a dit qu’il n’était pas bon et qu’il ferait des scénarios. Il a bien fait d’ailleurs !

Contrairement à tes autres séries précédentes, Pierre, Les Profs est un succès phénoménal…
Pica : Les profs, c’était formidable. A l’époque, Bamboo n’existait pas et la maison d’édition, ce n’était rien. C’était des mecs qui portaient des cartons ! Olivier a tellement insisté, il m’appelait tous les jours ! J’ai aussi une anecdote là-dessus. Un jour, on devait aller à Carpentras et il avait neigé. J’ai horreur de rouler sur la neige ! J’ai donc demandé à Olivier s’il pouvait me prendre au passage. A l’époque, j’habitais à Saint-Etienne. Il m’a pris au passage et c’est à ce moment-là qu’il m’a fait son offre. Il m’avait dit : « Je vais prendre un attaché de presse », ce qu’il a fait d’ailleurs. L’attachée de presse, c’était Ghislaine Dulier, la femme de Maëster. On va le mettre en place avec 10 000 exemplaires ! Je me suis dit : « On est foutu ! » C’était le 7 juin 2000. Je suis parti en vacances puis je suis revenu. Olivier me rappelle pour m’annoncer qu’on était à 7500 exemplaires vendus ! Chaque semaine, il me rappelait pour me dire qu’on avait vendu 100 de plus ! A la fin, on était à plus de 12 000 exemplaires ! C’était ensuite le festival d’Angoulême et on était nominé en décembre. Et on a eu le prix ! Je ne suis pas venu car j’avais été nominé plusieurs fois auparavant et je pensais que je ne l’aurais pas. Je ne voulais pas me prendre une veste ! Quand on a eu le prix, Olivier est rentré d’Angoulême et il me téléphone en roulant et il me dit : « On vise les 15 000 ! » Je lui ai dit qu’il était fou car, pour moi, je n’avais jamais dépassé les 10 000 sur un album. On a fait le deuxième en juin 2001 et le troisième en novembre 2001. Le deuxième était déjà mis en place à 17 000 exemplaires. Le troisième à 35 000 !

Est-ce que tu te souviens du moment où tu as dessiné ces personnages, qui n’ont pas changé depuis ?
Pica : Ils ont quand même changé ! J’avais fait une centaine de personnages et Gilles m’a dit : « Ça, c’est la prof d’anglais, ça c’est la prof d’espagnol, la prof de maths… » Mais certains personnages ont changé depuis.
Copyright PicaSti : Boulard a un peu changé par rapport au début.
Pica : Boulard n’était pas fixé au début, c’est vrai !
Sti : Il n’avait pas la même couleur de cheveux.
Pica : Oui, ça fait partie du folklore !

Pierre, ça ne t’a pas lassé de travailler sur autant de tomes des Profs ?
Pica : Si je ne m’amusais plus, j’aurais arrêté. Ne pas avoir de succès, c’est bien plus lassant ! Quand on a du succès et qu’on vit de ce métier, c’est super ! Quand vous avez les gens qui font la queue pour des dédicaces, c’est beau. Mais le succès m’a fait peur. A ce moment-là, le rédacteur en chef de Pif m’a dit que j’étais lu par beaucoup plus de gens quand je travaillais pour eux, ce qui était vrai d’ailleurs. A l’époque, Mickey tirait à 400 000 et ça a bien changé.
Sti : 400 000, cela reste très lu !

Tes soucis de santé ont élargi l’équipe qui travaille sur la série. Que penses-tu du travail qui a été fait en ton absence, Pierre ?
Pica : Honnêtement, parfois ça me foutait les boules parce que je trouvais ça mieux que ce que je faisais ! Je suis très pudique sur ce que je fais. On est différent de toute façon. Simon a un talent fou. C’est moi qui l’ai choisi d’ailleurs.
Simon Léturgie : La reprise a été aussi possible grâce à cette question de la légitimité. Si c’est l’éditeur qui te confie quelque chose, on se dit : « c’est commercial » et il manque l’humain. Là, le fait que Pierre me le propose m’a mis à l’aise.
Pica : Je n’appréciais pas l’encreur, à l’époque, car il changeait mon dessin. J’ai appris à ce moment-là que Simon était dans une période un peu difficile et qu’il voulait abandonner le dessin. Avec le talent qu’il a, ce n’était pas possible. Je l’ai donc appelé pour lui demander s’il voulait encrer le tome suivant et il a accepté.
Sti : Il y a une légitimité, c’est vrai, mais Simon et moi, nous avons aussi un grand respect pour la série. C’est pour cela que ça fonctionne bien entre nous quatre. On ne voulait pas tout changer en disant : « Place aux jeunes ! »

Sti, justement, comment es-tu entré dans l’aventure des Profs ?
Sti : Je connaissais déjà Erroc car je travaillais avec lui pour le Journal de Mickey. Au bout de 20 tomes, il trouvait cela compliqué de se renouveler et il avait l’impression de tourner un peu en rond.
Pica : Mais il ne voulait pas que la série décline.
Sti : Gilles avait déjà réfléchi avec qui il pourrait travailler sur la série.
Pica : Tu l’as fait boire, oui ! (rires)
Sti : J’étais rentré chez Bamboo deux ans auparavant. Il aimait bien plusieurs de mes séries, notamment L’île carrément perdue que j’avais fait chez Spirou. Il était donc à côté de moi pendant un salon et il me dit : « Tu vas bosser avec moi pour le prochain tome des Profs ». Au début, j’ai cru qu’il se moquait de moi ou qu’il rigolait. Je suis donc resté comme ça pendant plusieurs jours. J’ai demandé à Olivier Sulplice et Hervé Richez si c’était sérieux et c’était le cas. Au début, il m’avait dit qu’on en ferait un à deux pour ne pas que ce soit une rupture. Il était là pour m’épauler et m’expliquer... et ça s’est super bien passé. On s’entendait très bien avec Gilles. On s’est dit finalement qu’on allait continuer comme ça. On en est à notre troisième tome en tant que co-scénaristes et ça se passe de mieux en mieux. Pour le deuxième qu’on a fait ensemble, Tour de contrôle, qui est sorti en septembre, on a même fait pour la première fois une histoire qu’on a écrite ensemble. On s’est réuni et on l’a écrit à deux. Avant, on faisait chacun nos gags.
Pica : Quand on lit les albums, d’ailleurs, on ne sait pas qui à fait quoi.
Sti : C’est pour cela qu’on ne signe pas les gags à la fin, car on ne veut pas que les gens se disent que c’est fait par untel et pas l’autre.
Simon Léturgie : Moi, je vais quand même donner un indice : il suffit de regarder au niveau des dialogues. Gilles finit toutes ses bulles avec un point d’exclamation et toi, tu mets beaucoup plus de points de suspension.

Vous ne vous êtes fixés aucun code ou ligne de conduite au niveau scénario ?
Sti : Non. On fait vraiment chacun nos gags de nos côtés. A chaque fois qu’on fait un gag, on se les envoie et parfois, on rebondit. Gilles reste toujours à la validation avec Pierre.
Pica : Non, moi je ne valide rien du tout ! J’ai pour principe de ne pas m’immiscer dans votre travail.
Sti : Sur les deux premiers tomes, il a toujours été convenu que Gilles devait valider mon gag. Si quelque chose n’allait pas, je voulais qu’il me le dise. Il y a eu quelques petites modifications de faites. La première fois que j’ai démarré dans la série, j’ai relu tous les albums pour essayer de rester dans le ton. A partir du troisième tome, Gilles m’a dit qu’il me faisait confiance et que je pouvais les rédiger seul. Ça m’a beaucoup touché.
Pica : Maintenant, je vais les contrôler ! (rires)
Sti : Mes codes sont de rester dans l’univers de la série en essayant d’apporter mes petites touches d’humour un peu différentes. Même nos proches, et notamment nos conjointes, se trompent parfois pour savoir qui a écrit quoi.
Pica : Moi, en tout cas, je ne sais jamais.
Sti : C’est donc que ça marche bien ! C’est exactement le but.

Les Profs, Copyright Bamboo



Pour le dessin, Simon te sollicite-t-il de temps en temps, Pierre ?
Pica : Pas du tout. Je reçois tout mais je ne veux pas intervenir car je sais qu’il est très professionnel.
Simon Léturgie : On envoie à Pierre car, pour moi, c’est important qu'il puisse dire des choses si jamais il sent que la série déborde de son cadre. De mon point de vue, cela reste sa série ainsi que celle de Gilles. Ce sont les créateurs et c’est un super cadeau de nous avoir mis dans l’équipe.
Pica : Je m’interdis de censurer ou donner un avis négatif car je n’aimerais pas qu’on me le fasse ! Ils ont suffisamment de talent de toute façon. Sauf un petit truc que je t’ai toujours dit : les détails sont trop petits.

Tu as su changer cela Simon ?
Pica : C’est difficile à faire !
Simon Léturgie : J’essaie et maintenant, à chaque page que je termine, je vérifie !
Sti : Il prend la règle et hop, 1 mm de plus ! (rires)
Simon Léturgie : Dans le dessin, je suis parti d’un mix entre le dessin de Pierre et le mien pour tirer le dessin petit à petit vers le mien. C’était donc compliqué, car on n’a pas les mêmes structures. Pierre est plus sur l’école Uderzo, Mickey, alors que moi, je suis vraiment sur l’école Spirou. Il y a donc pas mal de petites différences d’approche. Il fallait que le lecteur ne le sente pas. Arriver à combiner des codes Spirou d’un côté et des codes Mickey de l’autre.
Pica : Tu dis ça mais je n’ai pas l’impression d’avoir des codes de quoi que ce soit. Je ne sais pas où je suis !

Les Profs, le filmQue pensez-vous des adaptations des Profs au cinéma ?
Pica : Pour moi, c’est comme une consécration. Avoir du succès et être adapté au cinéma, c’est pas mal ! Le premier film est assez proche de notre univers. Je trouve qu’ils ont été assez respectueux.
Sti : Moi, je peux dire vraiment ce que je veux puisqu’on n’était pas là quand les films ont été faits. Je trouve que c’est une des meilleures adaptations BD qui a été faites au cinéma. Souvent, c’est assez foireux !
Simon Léturgie : Il y a quand même Scott Pilgrimm !
Sti : Oui, mais on va dire en adaptation de BD franco-belge. Pour moi, Les profs, c’est celui qui s’en sort le mieux. Pour l’anecdote d’ailleurs, la première fois que j’ai vu le film Les profs, c’est le jour où j’arrive officiellement sur la série. Il passait à la télé le soir même et je ne l’avais pas vu ! C’était le premier film et je l’ai trouvé vraiment chouette.
Pica : Il y a en plus de grands acteurs à la fin ! Surtout à la fin ! (rires)
Sti : Oui, on m’avait dit que vous étiez sur la fin du film et j’ai regardé la photo dans tous les coins et effectivement, on voit Gilles et Pierre à la fin !
Simon Léturgie : Il y a surtout un esprit café-théâtre et des personnages hyper caractérisés. Il y a l’esprit de troupe qui ressort qu’on a dans la BD. Il y a en plus de très bons gags et ça fonctionne très bien.
Pica : Le deuxième s’éloigne un peu plus de notre série mais c’est normal.
Sti : Mais il est sympa. Rien que pour l’actrice qu’ils ont choisi pour jouer Amina, ça valait le coup ! Elle est géniale !
Pica : Elle est géniale Stéfi Celma mais aussi très sympa ! Ils sont d’ailleurs tous sympas.
Sti : Il y a également une chose que j’ai prise du film et que j’ai rajoutée dans la BD. Isabelle Nanty, dans le film, balance ses craies mais ça n’existait pas dans la BD. Pour moi, inconsciemment, ça m’a marqué et du coup, dans les deux derniers tomes, elle balance des craies alors qu’elle ne le faisait pas avant. C’est un héritage du film.

Les Profs, Copyright Bamboo



Avez-vous encore des idées pour renouveler la série ?
Sti : Dans le prochain tome, on a envie d’amener des nouveaux profs de matières qui n’ont pas forcément été complètement explorées. Tout ce qui est histoire, français et des nouvelles matières qui n’existaient pas à l’époque ; ou des matières avec moins d’heures, comme la musique ou les arts plastiques. J’ai envie de rajouter par petites touches un nouveau prof car on n’est pas là non plus pour faire du grand ménage. Dans le prochain tome, on va également rajouter un nouvel élève qui serait une sorte de pendant de Boulard… et qui sera une fille ! C’est aussi une façon de toucher un public plus large. Elle s’appellera Louise et elle prendra un peu de place puisque c’était toujours Boulard et qu’il a en plus sa propre série maintenant.

Il y aurait une histoire d’amour dans l'air avec Boulard ?
Simon Léturgie : Non, mais Louise ouvre également à plein de questions plus actuelles même si c’est une des séries où il y a le plus de femmes qui sont dessinées. Dans les séries d’humour, il y avait peu de femmes représentées.
Pica : De toute façon, il faut toujours amener quelque chose de nouveau et du sang neuf, sinon on tourne en rond.
Sti : Oui et la série a toujours fonctionné comme ça. Tous les personnages ne sont pas apparus dès le départ.

Les profs ont également 20 ans !
Sti : En effet. Il y a un album anniversaire qui est en train de se faire. On a mis la couverture de cet album à l’entrée du stand avec Gladys qui sort d’un grand gâteau. Et c’est avec le retour de Pica au dessin ! Avec Gilles, nous avons écrit une histoire complète de vingt pages et on a demandé à plein de nos potes de chez Bamboo de dessiner chacun une page de cette histoire. A tout seigneur tout honneur, Pierre a fait la première planche de cette histoire et Simon dessine la dernière. On trouvait que c’était un beau symbole. Au milieu, il y a 18 autres auteurs ! J’en dessine une et Erroc également ! Jacqueline Guénard, qui est la coloriste historique de la série, est en charge de coloriser les vingt pages pour garder une unité à tout cela. C’est un peu l’enfer pour nous car il faut surveiller que chaque auteur respecte bien la tenue des personnages.
Simon Léturgie : Il y aura Bilal, Schuiten… (rires)
Sti : Il y aura aussi plein de surprises à l’intérieur… Un poster de Pica nu avec une tête de squelette pour cacher comme dans le tome 19 ! (rires)

D’un point de vue personnel, avez-vous d’autres projets ?
Pica : Je continue de dessiner, mais des petites choses. J’ai un album qui sort mercredi prochain ! Ce sera sur la généalogie, avec Christophe Cazenove. Par contre, j’ai un gros souci car je travaille sur tablette graphique à cause de mes soucis de santé et j’ai du mal car je ne suis pas très à l’aise. J’ai commencé en plus une autre histoire mais je ne suis pas sorti de l’auberge ! Maintenant, je n’ai plus de pression. J’ai arrêté Les profs pour une simple raison : je ne pouvais plus assurer le rythme avec un album par an. Je me mettais une pression tout seul. Gilles était plus jeune que moi à l’époque, donc il fallait qu’il gagne un peu sa vie et il fallait donc que la série tourne. Moi, je pars du principe que j’ai une responsabilité vis-à-vis des autres. Quand je faisais Marine et les autres séries d’avant, je ne gagnais pas ma vie et c’est Uderzo qui me finançait. Là, c’est moi qui finançais Bamboo et je trouvais ça normal. J’aurais pu dire que j’en ferais un tous les trois ans. Personne ne m’a mis la pression : c’est moi qui me la suis mise tout seul. Olivier et Gilles ne m’ont jamais mis la pression : ce sont des messieurs !
Gunter, Copyright Simon LéturgieSimon Léturgie : J’ai sorti un petit bouquin de strips sous le pseudonyme de Gunter qui s’appelle L’insoutenable légèreté du slip. J’ai dû me cacher car j’aime ma maman et je ne veux pas qu’elle ait trop honte ! (rires) C’est un peu plus adulte comme humour et moins grand-public. C’est un peu plus limité aussi : il y a quelques croix gammées etc.
Sti : Ah c’est toujours bien quand il y a des croix gammées dans un album ! (rires)
Simon Léturgie : On vient de reprendre Spoon & White avec mon père… qui est aussi à la retraite, limite en Ehpad ! (rires) Du coup, on devrait avoir un album dans l’année chez Bamboo qui va reprendre l’ensemble de la série.
Sti : Moi, je me Christophecazenovise un peu : j’ai pas mal de sorties chez Bamboo ! J’ai aussi une sortie mercredi prochain : c’est le troisième tome de Les seignors : une bande de petits vieux avec Hervé Richez en co-scénario et Juan au dessin. J’ai le tome deux des Runners sur la course à pied avec Buche au dessin qui sortira vers le marathon de Paris à peu près. Je termine le prochain Foot Maniacs qui parlera de l’Euro 2020. Il y aura aussi un album plus personnel qui sortira en septembre et qui s’appellera Photos de famille recomposée. Cela parle de familles recomposées et je suis aussi concerné puisque j’ai des enfants et je suis divorcé et je me suis remis avec quelqu’un qui était dans mon cas. Du coup, ça crée des problématiques et j’en parle pour essayer de positiver tout ça pour les familles qui sont dans ce cas-là. Le « héros » de la série, ce sera moi.
Pica : Quel mégalo ! Bravo ! (rires)
Sti : On a changé le nom, mais c’est très basé sur du vécu. C’est un truc dont je suis très fier et on travaille déjà sur le tome 2. Evidemment, il y a aussi le tome anniversaire des Profs qui sortira au mois de mai, je crois et on commence à bosser sur le tome 23 qui sortira en fin d’année.

Les Profs, Copyright Bamboo



Merci Pica, merci Simon et merci Sti !