interview Bande dessinée

Véra Daviet

©Le Lombard édition 2015

Dans certains domaines artistiques, il est des professions dont on parle peu ou pas assez. Dans la bande dessinée, les métiers d'encreur ou de coloriste en sont un parfait exemple. Véra Daviet boxe dans la seconde catégorie et a fait ses débuts avec Louis, son mari de dessinateur (et scénariste aussi !). À mesure que les années passent, elle n'a cessé de voir son nom orner de plus en plus de couvertures d'albums. De quoi nous inciter à converser avec elle sur la façon dont elle a débuté mais aussi sur son quotidien de coloriste.

Réalisée en lien avec les albums Drones T1, 7 clones
Lieu de l'interview : Le cyber espace

interview menée
par
30 août 2015

Qui es-tu et comment es-tu arrivé dans le monde la bande dessinée ?
Véra Daviet : Je suis la femme de Louis et une ex secrétaire d'édition... Je suis arrivée par hasard dans le monde de la BD... en fait par le biais de Louis. J'en avais marre de mon boulot de salarié, ça se passait pas très bien, et je ne me voyais pas démissionner pour postuler ailleurs pour le même poste qui ne me convenait plus. C'est alors que Louis m'a proposé de me lancer en faisant des aplats pour des coloristes. Il m'a dit "ça te fera pas vivre, mais le but c'est que tu Véra Daviet deviennes coloristes" (et maintenant je suis une nabab qui pète dans la soie :joke:). Alors j'ai démissionné et pendant un an, j'ai appris sur le tas en ne gagnant rien mais en apprenant toute seule avec l'aide de Louis (qui m'a expliqué les bases de la mise en scène et qui m'a appris à me servir de Photoshop), et en lisant un max de BD pour décortiquer comment les autres coloristes bossaient. Sébastien Lamirand (coloriste de Tessa et que je salue au passage) m'a filé de sacrés tuyaux également.

Quelles sont tes influences ?
Véra Daviet : Sébastien Lamirand parce que j'ai tout appris sur ses colos :)

Quelles sont tes méthodes de colorisation ?
Véra Daviet : Euh alors là j'ai pas de méthode particulière c'est au feeling et selon le dessin. Mais la base c'est de commencer les aplats de la planche pour enfin attaquer la couleur (lumière, modelés, ambiance) proprement dite.

Certains coloristes comme Jose Villarrubia cultivent également d'autres activités en plus de leur métier de coloriste comme la peinture ou la photographie. Y a t-il des domaines artistiques sur lequel tu aimes t'aventurer également ?
Véra Daviet : Moi non j'ai pas le temps, c'est déjà suffisamment dur d'en vivre pour que j'ai le temps de faire autre chose (on part déjà jamais en vacances alors bon). Et je ne dis pas ça pour faire "Cosette" mais c'est une réalité.

Véra Daviet Si pour toi il devait y avoir un (ou une) coloriste ultime, ce serait qui ?
Véra Daviet : J'en sais rien y en a tellement. Mais ceux que j'adore sont également dessinateurs (Ignacio Noé, Romain Hugault, pfff... j'en oublie plein là ça m'énerve...).

Tu as colorisé déjà de nombreux albums et souvent dans des registres très différents. Lequel t'a donné le plus de fil à retordre et sur lequel t'es-tu le plus éclatée ?
Véra Daviet : Je m'éclate sur tous (pour ne vexer personne :)) ) Sérieusement, je m'éclate sur tous en début d'album, mais quand on arrive vers les dernières planches on a souvent hâte de passer à autre chose parce que faire les mêmes perso sur 46 pages voir plus y a un moment où ça devient trèèèèèèès long. Sinon le plus retors a été le premier, un des tomes de Lans Sirling, parce que j'avais même pas 6 mois de colo quand j'ai décroché mon premier contrat et j'étais aux fraises... heureusement que Louis était là sinon je me serais vautrée en plein vol...

Est-ce que coloriser des éléments réalistes ou fantastiques impliquent des choix particuliers pour toi ?
Véra Daviet : Pas vraiment si ce n'est que j'aurais tendance à plus travailler un album fantastique en ambiance qu'un album réaliste. Et puis il faut tenir compte des exigences des dessinateur et scénariste.

Véra Daviet Tu travailles souvent avec Louis (et pour cause), mais tu as aussi travaillé avec d'autres artistes comme Alain Janolle ou Michel Rodrigue. Ont-ils des demandes différentes ?
Véra Daviet : Oui mais je pense que c'est normal cela vient de leur style qui leur est propre à chacun. Alain fait du semi-réaliste quand Michel fait du gros nez. Ils ne peuvent pas voir les mêmes exigences.

Quels sont tes autres projets ?
Véra Daviet : Là je travaille sur le tome 2 de Drones avec Louis (dessin) et Sylvain Runberg (scénar), mais aussi sur Starfuckers avec Gihef, Alcante (les 2 au scénar) et Dylan Teague (dessin), également sur L'amour est une haine comme les autres avec Louis (scénar) et Lionel Marty (dessin). Et puis d'autre projets dont je ne peux parler encore car pas encore signé.

Si tu avais le pouvoir métaphysique de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre son génie, lui piquer des idées... Chez qui irais-tu et pourquoi faire ?
Véra Daviet : Ignacio Noé, je suis une fan absolue. L'élégance de son dessin allié à la magnificence de ses couloirs chatoyante... j'adore.

Merci Véra !


Véra Daviet