L'histoire :
De nos jours, se produit de manière tragique la rencontre improbable entre deux personnalités. D’une part, Elisabeth Malory est une navigatrice aussi élégante que talentueuse pour faire voguer un voilier. D’autre part, Yves Kramer, chef du département « Innovation et Prospective » de l’Agence Spatiale, est chargé de sélectionner les projets liés aux voyages spatiaux. Un jour, alors qu’elle traverse la rue, Elisabeth est percutée par Yves en voiture. Elle survit mais reste lourdement handicapée, en fauteuil roulant. Un procès s’ensuit, qui oblige Yves à payer une pension à la championne désormais infirme… mais ne répare pas la rancœur que voue désormais Elisabeth à Yves. Quelques mois plus tard, Yves a abouti un ambitieux projet de voyage spatial, à partir d’une propulsion photonique (de vents solaires). Ce projet est acheté par un riche industriel qui se lance aussitôt dans la construction d’un gigantesque vaisseau cylindrique tournant sur lui-même (pour recréer une gravité artificielle cinétique) pouvant emmener 144 000 colons sur une exoplanète située à 2 années-lumière. A la vitesse de 2 millions de km/h, le voyage doit durer 1000 ans ! Donc plusieurs générations d’humains doivent se succéder à bord. Yves Kramer impose que le pilotage soit confié à la navigatrice Elisabeth Malory…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un roman publié en 2006, Bernard Werber satisfaisait au bon vieux fantasme des amateurs de science-fiction : la colonie humaine sur une lointaine exoplanète. Etant données les distances cosmiques, cela implique un voyage interstellaire qui dure… 1000 ans, sur plusieurs générations. Son « Papillon des étoiles » est un gigantesque vaisseau interstellaire (un tube en rotation de 32 km de long) qui peut emmener plus de 100 000 personnes (l’équivalent d’une ville comme Amiens ou Tours !), propulsé par des vents solaires. Car rien ne va plus vite que la vitesse du photon / de la lumière. C’est cette histoire qu’adaptent en BD Bernard Werber lui-même et Jean-Michel Ponzio, toujours à l’aide de son mode de production photo-réaliste : des comédiens prennent la pose et Ponzio redessine par-dessus, infographiquement, dans des décors qu’il a partiellement conçus en 3D. Comme un hommage au romancier, Ponzio fait ainsi « jouer » Werber dans le rôle du personnage principal d’Yves Kramer. Mais aussi l’éditeur Hervé Desinge et bien d’autres personnes de leur entourage. Il faut quand même reconnaître au romancier d’avoir mis sous le tapis bien des aspects techniques et psychologiques d’un projet de colonisation démentiel comme celui-ci. Ainsi, on se fiche de savoir comment construire dans l’espace un vaisseau de 32 km de long. On se fiche de la logique psychologique du pardon accordé par la navigatrice à son tortionnaire haï, au point d’en faire son époux. Une ellipse culottée de plusieurs centaines d’années permet aussi de réduire en 2 cases (p.68) la population du vaisseau à 6 individus. Bref, c’est un voyage de SF un chouya low-cost.
