L'histoire :
Quand il salue les jeunes en mode banlieue, ils rigolent. Le mec tente de faire genre il est moderne alors qu’il utilise du verlan ! C’est malaisant, la gênance quoi ! Cependant, il leur répond que leur vocabulaire sera déjà craignos ou ringard dans 20 ans ! Une personne âgée passant par là n’apprécie pas du tout ce qu’elle entend. Le vocabulaire d’aujourd’hui détruit la beauté de la langue française. Il réplique que les néologismes, c’est vieux comme le monde. Cela vient de « neo » qui signifie « nouveau » et « logos » qui fait référence à la langue. Et surtout, on invente des mots pour expliquer des émotions ou autre qu’on n’a jamais su nommer auparavant. Il n’y a donc pas de mal à cela et normalement, les néologismes correspondent à un besoin d’expression. La jeune fille précise que le mot « malaisant » est officiellement inscrit dans le dictionnaire depuis 2019. Cependant, il y a des dérives, bien sûr. Par exemple, le mot « gênance » n’est pas utile car il existe déjà avec le mot « gêne ». Malgré tout, le mot « néologisme » est apparu en 1735 peu de temps après le mot « néologie ». La néologie est l’art savant de créer de nouveaux mots recherchés et réfléchis. Le néologisme est beaucoup plus vulgaire dans sa conception et issue du langage courant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
James signe ici le deuxième (ou le second) tome de La sémantique c’est élastique. Le principe reste toujours le même : on aborde des notions de français en vrac à travers un personnage potelé et quasi omnipotent. Le ton léger et les nombreux jeux de mots font passer l’album qui est en fait une mine d’informations sur des détails particuliers de notre langue. On aborde ici l’histoire des noms des pays, l’utilisation des jurons, des poncifs que l’on emploie régulièrement, des tics de langage, la politique et son jargon, les mots amoureux, les différences de dialectes régionaux, les chiffres et numéros, les abréviations… Cette liste disparate est traitée de façon très intelligente et quasi universitaire avec des analyses assez poussées sur l’étymologie des mots et sur l’emploi qu’on en fait. L’auteur revient également sur l’inquiétude constante de certains sur le fait que le français s’appauvrit ou sur d’autres « polémiques » comme les mots « genrés » et y répond de façon magistrate et quasi scientifique, mettant tout le monde d’accord. Sympa et instructif, donc, même si le texte assez fourni et exigeant ne plaira pas à tout le monde et pourra même barber comme on dit. Côté dessins, c’est l’efficacité qui prime avec des personnages sans visage mais bien réalisés (on reconnaît même certaines vedettes). Avis aux amateurs (de français).