L'histoire :
En 2145, dans la mégalopole d'Europa, un nouveau cadavre de jeune femme vient d'être retrouvé, avec les mêmes mutilations et le même genre de mise en scène sordide que les 3 précédents. L'inspectrice Ramda N'Dam, au tempérament de tête brûlée et volontaire, se met sur l'affaire, avec l'aval de son supérieur hiérarchique. Le climat est tendu, à quelques semaines de l'élection pour la mairie-présidence, un scrutin pour lequel le puissant et médiatique Markus Tudor, aux méthodes de mafieux, fait la course en tête. Ramda est compétente et opiniâtre. Elle interroge les proches et les familles des victimes qui ont un point commun : elles étaient toutes handicapées de naissance. Le tueur les numérote dans l'ordre des crimes par un chiffre imprimé a l'intérieur de leur bouche, sur le palais supérieur. Ramda crée des faux profils sur les réseaux, à la fois pour appâter le tueur, mais aussi pour infiltrer la bande des « trakeurs », les mercenaires qui forment la garde rapprochée de Tudor. Car Ramda a acquis la conviction que c'est un proche du sulfureux candidat qui commet les crimes. Son plan fonctionne : elle réussit les tests de recrutement auprès du chef des trakeurs, Boorman. Le jour où elle a enfin rendez-vous avec Tudor, elle fait aussi connaissance avec sa fille Elysia. Contre toute attente, elle sympathise durablement avec elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 3e opus de Cyborg nous invite à suivre une enquête, dans une ville ultra-urbanisée, futuriste et sordide, sous la coupe d'un puissant potentat mafieux. L'inspectrice de police qui mène les investigations relève plus de la tête brûlée des commandos militaires que du commissaire Maigret. Noire, crâne rasée, corps scultural, toute de cuir vêtue... elle ne sera pas la seule caricature de cet album. Les crimes en série sur lesquels elle enquête frayent avec les classiques des thrillers retors : des handicapées sont démembrées et la mise en scène de leur cadavres relèvent du jeu de piste et révèlent un tueur sévèrement détraqué. Au scénario, Jean-Luc Istin connaît très bien les biais narratifs impliquants, mais il abuse tout de même des grosses ficelles. L'infiltration improbable, les coups de mains providentiels, la géopolitique bourrinement mafieuse, la révélation finale du tueur... tout cela ne fait pas dans la dentelle, mais reste un divertissement efficace. D'autant qu'au dessin, à l'exception de quelques perspectives douteuses, Oleg Okunev, storyboardé par Alex Sierra et colorisé par Najan, ne ménage pas sa peine, notamment sur le décor sans cesse renouvelé de cette mégalopole futuriste et ses bas-fonds crasseux. Âmes sensibles s'abstenir sur la séquence de torture finale. Ramda composera donc le 3e membre de l'équipe de Cyborgs qui prendra part à l'ultime aventure du tomes 5 de cette série-concept.