L'histoire :
Quelques dizaines (centaines ?) d’années après une apocalypse qui a décimé l’humanité, une forme humanoïde engoncée dans une combinaison et un masque explore les ruines de la civilisation. New York a été recouvert par la jungle, mais elle parvient à descendre par une bouche de métro, longer un quai où se trouve désormais un marécage, traverser une station recouverte de champignons et pénétrer dans une rame. A l’intérieur, des cadavres qui ont terminé leur putréfaction depuis longtemps. L’explorateur trouve ce qu’il était venu chercher : le macchabée d’une femme tenant le squelette d’un enfant dans ses bras. Il scanne le bébé : c’est lui, il l’a retrouvé ! Il l’emmène avec lui, remonte par l’ouverture d’un musée de la paléontologie, où se trouve son laboratoire. L’explorateur retire son masque : c’est une jeune femme aux longs cheveux blonds. Elle place le squelette du bébé dans une sorte de couveuse et lance le programme informatique de reconstruction métabolique à partir de l’ADN. Consciencieusement, la machine fait son œuvre et au terme, renait ainsi David. Bien des années plus tard (des siècles !) David est devenu adulte. Il a passé sa vie avec Chloé qui l’a instruit et servi comme une mère, mais sans vieillir, car Chloé est un androïde. David est arrivé à maturité de son enveloppe charnelle et il est bien décidé à télécharger sa mémoire, pour lancer sereinement une seconde régénérescence. C’est le moment pour Chloé de le prévenir : en faisant cela, il va aussi découvrir qui il était vraiment avant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est au croisement de plusieurs mythes classiques de la science-fiction post-apo que se situe cette série en 6 fascicules comics, ici regroupées en un seul, grand format, par les éditions 404. Il y a un peu de Terminator (les robots ont survécu à la chute de l’humanité), un peu de Planète des singes (pour le décor d’ouverture, surtout), un peu de Niourk de Stephan Wul (pour la technologie qui perdure au-delà de l’apocalypse). Dans un décor luxuriant des ruines de notre civilisation, une humanoïde ressuscite un bébé humain, qu’elle pousse ensuite à maturité, avant que ce dernier découvre qui il est vraiment. Nous tairons ses fameuses Origines du titre, qui font tout le sel et le cœur de la problématique, afin de vous conserver le suspens. Mais sachez qu’on se trouve au cœur du débat sur l’intelligence artificielle : nous achèvera-t-elle ou s’avèrera-t-elle un atout pour notre résilience ? Imaginé par une équipe plutôt vouée au 7ème art (Arash Amel, Lee Toland Krieger et Joseph Oxford), le scénar de Clay McLeod a du fond, même s’il prend son temps au travers de beaucoup d’itérations et de radotages pour se dérouler et qu’il passe par des séquences un peu confuses, ou d'autres un peu obligées, pour bien faire le visit-tour du propos. Le dessin de Jakub Rebelka est franchement somptueux sur le décorum et régulièrement lui aussi très « pateux » et embrouillé dans le détail des scènes d’action. On ressort de là en ayant le sentiment d’avoir déjà vu/lu cette réinterprétation du mythe de la résilience humaine post-apo et de la responsabilité fantasmée de l’IA.