interview Comics

Giulivo & Rebelka

©404 éditions édition 2024

Howard Phillips Lovecraft : tout le monde connaît l’écrivain à l’univers si particulier et pourtant, on connait mal l’homme derrière l’œuvre. Pour réparer cet oubli, Romuald Giulivo et Jakub Rebelka décident d’évoquer les derniers instants de Lovecraft. Une bande dessinée ésotérique fascinante qui touche de près l’essence mystique de H.P. Lovecraft. On voulait connaître qui se cachent derrière ces auteurs de cette BD autour d’un café à Paris.

Réalisée en lien avec l'album Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft
Lieu de l'interview : Paris

interview menée
par
21 février 2024

Est-ce que vous pouvez vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Jakub Rebelka : Mon nom est Jakub. Je suis né en Pologne. J’ai toujours voulu être un dessinateur de bande dessinée. Mon père est un peintre et ma mère adore la littérature donc c’était ce que je devais forcément faire. J’ai essayé pendant longtemps de dessiner des bandes dessinées pour vivre et maintenant j’y arrive ! J’ai publié quelques albums en France, beaucoup en Pologne et quelques uns aux Etats-Unis.

Romuald Giulivo : Je suis essentiellement écrivain à la base. J’ai écrit des romans pour grands adolescents et adultes publiés essentiellement à l’Ecole des Loisirs et chez Anne Carrière.

Romuald, c’est ton premier roman graphique ?
RG : Oui c’est ma première bande dessinée/ roman graphique. Mes amis se moquent souvent de moi quand je parle de « roman graphique », comme moi je me suis longtemps moqué des gens qui parlaient de ça. Je suis romancier mais j’ai la chance de partager un espace de travail commun avec des auteurs à Bordeaux, essentiellement des dessinateurs de bande dessinée et l’idée est aussi venue un peu comme ça. Pendant longtemps, je les entendais parler de romans graphiques. J’étais un peu perplexe parce que la dénomination, la qualité de certains textes et ce truc de « Je vais vous montrer moi, ce que c’est qu’un roman graphique » m’énervaient un peu. C’est mon premier et peut-être mon dernier, je n’en sais rien.

En même temps, tu t’intéresses à plusieurs façons de raconter (des lectures à voix haute, des liens avec la musique). Est-ce que le roman graphique n’est pas une nouvelle façon de raconter pour toi ?
RG : Oui mais je suis aussi un écrivain qui vit dans la routine. Dès qu’il y a quelque chose qui change dans la journée, c’est l’angoisse. Mais justement, il faut sortir de ça. Je suis un peu un musicien raté : quand j’avais 20 ans, je rêvais d’être une rock star avec une guitare et un micro mais j’ai vite vu que ça ne serait pas possible. J’aime être tout seul et écrire dans ma tour d’ivoire mais c’est souvent aussi un prétexte pour partager d’autres points de vue, créer ensemble et rencontrer des gens, notamment quand je fais des lectures dessinées ou musicales. Là, c’était le plaisir de travailler avec Jakub ou Nicolas Beaujouan (NDLR : responsable éditorial de 404 Comics). C’est souvent des prétextes pour faire des projets en commun ou échanger. En atelier, ce que je trouve intéressant, c’est d’échanger avec des gens qui n’ont pas la même pratique que toi. Echanger avec des écrivains, en fait, c’est un peu chiant. Par exemple, j’ai souvent échangé avec Laureline Mattiussi qui est une super dessinatrice : je la voyais lorsqu’elle dessinait un corps et pour savoir si cela fonctionnait, elle regardait son dessin dans un miroir. Et je me suis demandé ce que ça voulait dire si je faisais cela avec mon écriture. J’aime beaucoup regarder d’autres pratiques pour les transférer en écriture.

Jakub, on t’a vu dans beaucoup de genres (fantasy, science-fiction, super héros) mais aussi dans beaucoup de pays. Tu as un parcours riche.
JR : Pour moi, toutes les histoires sont liées à la fantasy. Je n’ai pas vraiment travaillé sur des histoires de super-héros et je ne suis pas vraiment fan de ce genre. Toutes les fictions sont en fait liées à la fantasy. Mais c’est quelque chose de nécessaire quand tu as dessiné en Pologne et que tu veux travailler dans la bande dessinée. Tu dois apporter quelque chose d’autre ou un univers. Les BD dans mon pays sont très appréciées mais ce n’est pas le plus grand marché dans ce domaine. J’aime aussi beaucoup dessiner des choses qui n’existent pas : c’est sûrement ça, le lien avec la fantasy.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
JR : On se connait seulement depuis une semaine ! C’est un « mariage arrangé » organisé par l’éditeur. Nicolas Beaujouan m’a demandé si j’étais intéressé pour dessiner une histoire sur Lovecraft. J’ai ensuite fait des croquis pour moi-même à partir des poèmes de Lovecraft, seulement pour le plaisir. J’écris beaucoup sur mon livre de croquis et je me suis dit que j’aimais ça. Il m’a envoyé le script. Je l’ai donné à ma femme, elle l’a lu et elle m’a dit que je devais faire cet album. Deux ans après, on s’est rencontrés !

Extrait Le dernier jour d'Howard Phillips Lovecraft


Est-ce que ce n’est pas trop difficile de parler de H. P. Lovecraft ?
JR : C’est le travail de Romuald. J’ai essayé d’interpréter ce qu’il a écrit. Je n’ai pas recherché un style qui ferait Lovecraft. La plus grosse partie du travail a été faite par Romuald. De mon côté, j’ai juste essayé d’imaginer ce que peut ressentir un défunt. J’ai exploré cette dimension particulière.

RG : C’était assez simple car tous ceux qui ont parlé de Lovecraft avant le font de la même façon. Il y a des choses que personne n’a jamais explorées. C’est évidemment un auteur très exploité et avec ses zones d’ombre. Cela peut être en effet compliqué à aborder, surtout dans une société où certains sujets sont source de tension. Mais tout le monde parle de Lovecraft de la même façon et ne parlent que de l’œuvre. Quand on parle du personnage, on parle de ce personnage qui n’a jamais existé à travers la reconstitution d’August Derleth et de la culture populaire. Le meilleur exemple est qu’à l’adjectif « kafkaïen » est venu s’ajouter l’adjectif « lovecraftien ». On a eu la volonté de revenir vraiment à l’homme. Il y a eu bien sûr la difficulté de revenir sur l’ordure assez conventionnelle qu’il était. Hormis la biographie Je suis Providence de S. T. Jochi qui a beaucoup changé la vision qu’on a de Lovecraft, cela n’avait pas été trop fait.

Pour parler de la vie de Lovecraft, vous parlez de sa mort. C’est étrange, non ?
RG : C’était aussi une évidence que pour parler de vie, il fallait parler de mort. Cela nous permet également de parler de son univers. Cet album est, je l’espère, pour les fans de Lovecraft mais il s’adresse aussi à ceux qui ne connaissent rien à cet auteur et à son œuvre. C’est une histoire universelle où le but est de raconter que quand tu es en vie, il faut aussi accepter que tu mourras.

Romuald, en tant qu’écrivain, est-ce que ce n’est pas intimidant de s’attaquer à un écrivain comme Lovecraft ?
RG : En fait, au départ, je n’ai jamais cru que ça allait donner un bouquin, un peu comme pour les croquis de Jakub. Quand je l’écrivais, je me suis dit que personne ne voudra jamais ça ! C’était un peu trop dingue pour que cela intéresse quelqu’un. Quand tu écris, il faut toujours avoir un ego à dimension variable. Ecrire un livre aujourd’hui, c’est un peu présomptueux. Faire une BD pourquoi pas mais peut-on faire mieux que Alberto Breccia ? Là aussi, c’est assez présomptueux. Il fallait que je parle à Lovecraft. Certains lecteurs m’ont dit que mon texte était virulent vis-à-vis de Lovecraft mais je crois que je lui ai parlé comme le lecteur que j’étais à 15 ans et qui avait besoin de régler ses comptes en lui disant : « Tu aurais pu me dire que tu étais une sale ordure ».

Extrait Le dernier jour d'Howard Phillips Lovecraft Dans la bande dessinée, il est parfois difficile de distinguer le faux de l’authentique. Notamment sur les lettres. Peux-tu nous éclairer là-dessus ?
RG : Beaucoup de lecteurs se demandent si elles sont vraies. Tout est faux : il n’y a pas un mot qui est de lui. Il ne s’est jamais écrit à lui-même. Tout comme il n’a jamais écrit à Robert E. Howard une fois mort. Tout est faux donc tout est vrai ! Je suis revenu à Lovecraft à travers la correspondance. Je n’avais plus le même regard que quand j’avais 15 ans. Il fallait écrire un roman graphique sans faire référence à Will Eisner qui invente une forme ni ce qu’on appelle le « roman graphique » en France qui est bien souvent une étiquette commerciale pour dire qu’on fait un roman façon Proust en espérant qu’on touchera un public plus littéraire. J’avais envie de faire quelque chose qui soit littéraire. C’est ce qui était dangereux et ce qui m’a pris beaucoup de temps. J’ai mis beaucoup de lettres au panier car je voulais que ça sonne comme du Lovecraft et je voulais que le lecteur se dise : « ça n’en est pas mais ça pourrait en être. » Si tu regardes sa prose dans les lettres, elle est beaucoup plus poussiéreuse. J’ai voulu écrire avec le fantasme que l’on a de l’auteur. Je voulais que ce soit une sorte de « Canada Dry » de Lovecraft : ça en a le goût mais ça n’en est pas. Je voulais qu’il y ait ce trouble. On sent que c’est faux mais j’avais envie qu’on espère que ce soit vrai.

Tu as laissé beaucoup de place pour le dessin de Jakub. Le dessin est ici très important.
JR : La façon dont le scénario était écrit est assez inhabituel pour un comics. Je n’avais jamais travaillé pour un script comme ça auparavant. D’habitude, le scénariste écrit beaucoup de détails pour chaque planche et la façon dont on doit dessiner. Ici, c’était complètement différent. Tout était écrit comme si l’album était divisé en chapitres avec une indication du nombre de pages pour chaque chapitre. J’avais donc toute la structure sur mon bureau pendant deux ans. Pour le reste, j’avais beaucoup de textes et j’avais la liberté de l’interpréter. Je pouvais choisir. Pour le graphisme, il n’y a que le dessinateur qui saura si l’image est bonne ou ce qu’il faut faire pour que ce soit efficace. Parfois, j’avais besoin de la moitié d’une page juste pour le visage mais parfois, j’avais besoin de beaucoup de cases. C’était donc une façon très intéressante de travailler.

Extrait Le dernier jour d'Howard Phillips Lovecraft


Je pense que ton dessin a évolué avec le temps. Es-tu un peintre finalement ?
JR : Je vends parfois des peintures. Au départ, j’ai étudié à l’Académie des Beaux Arts de Gdansk. Avant cela, j’ai dessiné de la bande dessinée. J’avais cinq ans quand je commençais déjà à faire des dessins de bande dessinée. Ma principale inspiration vient du Journal Spirou dans les années 80 : des amis de mes parents m’ont donné ça quand j’étais jeune. J’adorais ce qu’ils faisaient. Je dessinais beaucoup et je voulais devenir un dessinateur. J’ai progressé et progressé. Dans les années 90, ce n’était pas si simple mais il y avait une grosse culture de bande dessinée en Pologne. Il y avait un mouvement sur le noir et blanc avec des auteurs très intéressants. Mais ensuite, tout le monde est parti aux Etats-Unis ou en Angleterre. Le premier album que j’ai publié en France était de la fantasy avec La Cité des Chiens. Puis j’ai publié chez Boom Studios (un éditeur américain). J’ai ensuite dessiné Judas qui a eu beaucoup de succès et qui a été publié dans plusieurs pays. Judas a été le lien avec Nicolas car il a aimé l’album et il m’a contacté pour Lovecraft. Pour moi, l’album sur Lovecraft est très spécial car c’est la première fois que je n’ai pas ressenti de pression. Aux Etats-Unis, il y a toujours un délai et temps à respecter.

RG : Il te fallait ce temps. Je pense que Nicolas l’a fait exprès et a été très intelligent là-dessus pour que tu puisses t’imprégner de l’esprit de Lovecraft. Jakub a fait beaucoup de croquis pour trouver la façon juste de dessiner Lovecraft. Les premiers dessins n’étaient pas de ce niveau.

JR : La bande dessinée est un langage fait de symboles. J’ai essayé de trouver le symbole juste pour le visage de Lovecraft. J’avais besoin de temps pour trouver la bonne manière de représenter le personnage façon BD. Quand tu vois ses deux yeux, tu dois reconnaître Lovecraft. Même si ce n’est pas lui, c’est simplement une représentation symbolique.

L’objet est aussi très beau. 404 éditions a fait un superbe travail sur cet album.
RG : Dis le encore ! (rires)

JR : Nicolas a fait un travail fantastique sur cet album.

Extrait Le dernier jour d'Howard Phillips Lovecraft On parle beaucoup des personnages mais tes décors sont tout aussi intéressants et semblent plein de vie.
JR : C’est cool que tu l’aies vu car c’était important pour moi. J’adore regarder les films plus anciens pour les décors. Aujourd’hui, c’est une vraie mine d’informations, un peu comme des documentaires. Tu peux regarder Frantic et tu vois le Paris des années 80. C’est en effet une partie importante de l’histoire. Je déteste les bandes dessinées où on ne voit que les visages parler. Il n’y a pas d’interaction et c’est froid. Par exemple, regarde ce que fait Moebius : il y a toujours beaucoup de détails à l’arrière plan.

RG : Et cela donne corps à l’histoire car c’est l’histoire de Lovecraft mais aussi de Providence. Lovecraft est Providence. Il est enfermé dans sa chambre d’hôtel et les seules fois où il sort, c’est Providence.

Je trouve qu’on a l’impression de revivre La Divine Comédie de Dante car on voyage presque en Enfer ou en tout cas vers la mort.
RG : Comme Dante qui marche en Enfer ou à la fin des temps, Lovecraft marche vers sa mort. Il devait être en mouvement même s’il est en train de mourir.

JR : C’est super que tu parles de Dante car à la fin de l’album, il y a une séquence sans texte et c’est une sorte de rythmique de la mort. Juste avant la mort, il n’y a pas de mots et que des souvenirs.

J’ai été surpris que vous ne parliez pas de l'univers de Lovecraft.
RG : J’en avais parlé à Nicolas et je lui avais dit que je ne veux pas de tentacule ! C’est tellement exploité et parfois tellement mal exploité. Bien souvent, les représentations classiques qu’on a de Lovecraft se résument à ce qu’il n’y a pas dans les nouvelles. Je suis toujours surpris que dans les albums, on passe toute son énergie à représenter ce qui est irreprésentable ! Il n’y a qu’un seul artiste qui a réussi, c’est Breccia. Il n’a pas représenté les créatures mais la peur et ça fonctionne. Je comprends que certains veulent autre chose mais je voulais parler de l’homme avant tout. Je suis très critique par l’image qu’ont fabriquée August Derleth et tous les autres car ils l’ont trahi. Chez Lovecraft, par exemple, Yog Sototh n’est qu’une invocation. Il n’y a donc aucune cohérence. Après, en réalité, je m’en sers quand même un peu.

Il y a une scène que j’aimerais que vous expliquiez : c’est celle de la rencontre avec d’autres auteurs et notamment le caractère de Neil Gaiman. Comment avez-vous choisi les auteurs ?
RG : C’est de ma faute. Ce sont des auteurs qui ont aussi beaucoup travaillé sur Lovecraft et ce n’est pas un hasard. J’avais envie d’incarner les nouvelles stars de l’imaginaire, des gens qu’on pourrait dire « lovecraftiens ». Je pense que les grands succès sont toujours des incompréhensions. Aujourd’hui, Lovecraft est célèbre pour des raisons qu’il aurait trouvées débiles et à l’inverse, il aurait aimé avoir la célébrité sur sa qualité de prose, sa réflexion sur le temps qui passe… Il fallait que l’un des auteurs joue un mauvais rôle et c’est celui qui est le moins cher à mon cœur : Neil Gaiman. Celui qui s’en sort le mieux, c’est celui que je préfère, Borges. On a tous une vision fausse de Lovecraft. C’est le seul qui a bien compris Lovecraft. Il fallait forcément qu’il y ait Alan Moore. Je ne suis pas fan de tout ce qu’il fait, comme dans les œuvres de Lovecraft où certaines œuvres sont très mauvaises.

Jakub, était-ce difficile de faire ces portraits réalistes ?
JR : C’est ce que j’ai dit auparavant. J’avais besoin de trouver un langage du corps. Avec ces personnages comme Gaiman et King, j’ai essayé de ne pas être offensant : ça peut être le cas quand tu dessines quelqu’un et que c’est laid. Je voulais capter la symbolique de leur nature et de leur physique. C’était intéressant à faire. Pour Lovecraft, c’était pareil. Je regardais pendant longtemps une photo de lui sur mon bureau et j’ai dessiné beaucoup de petits visages. Au départ, ils avaient des valises sous les yeux et un nez d’aigle ! Ce n’est pas Lovecraft mais la meilleure vision que j’aie de lui.

RG : J’avais insisté pour que Jacques Bergier ait cette tête là. Je pense qu’il y aura seulement trois personnes à la lecture qui vont savoir qui il est. Mais avec Nicolas, on l’adore car à cette époque, tout était possible et les mecs étaient complètement fous. Pour la scène avec tous les correspondants, qui est une sorte de parodie des Montagnes Hallucinées, j’avais donné à Jakub tous les noms des personnes à représenter. Je lui avais dit qu’il pouvait faire des recherches sur eux mais aussi que ce n’était pas grave s’ils ne ressemblent pas à la réalité. Je trouve que le visuel qu’il a trouvé est très malin.

Lovecraft est-il quelqu’un de mauvais ?
RG : Oui, bien sûr. Il est raciste, antisémite, réactionnaire. C’était plus simple pour moi car je l’aimais avant de savoir ce qu’il était. Ce n’est pas le cas avec Louis Ferdinand Céline par exemple. J’ai lu Bagatelles pour un massacre. Quand tu lis ça, tu ne peux plus dire que c’est un grand écrivain. Je ne comprends pas comment on peut lire quelqu’un qui écrit ça. Lovecraft n’a jamais écrit quelque chose de ce genre, à part ponctuellement dans quelques lettres. Cette image qu’on a de lui, c’est la période avant qu’il parte à New York. A la fin, Lovecraft est socialiste, presque communiste. Il est fervent défenseur de Roosevelt. Il fait amende honorable sur son antisémitisme. Là où il n’évolue pas, c’est sur le fait qu’il dit que les Noirs sont une race inférieure. Mais à l’époque, Roosevelt écrit des horreurs sur les noirs Américains. Ça n’excuse rien mais c’est hélas le sentiment commun de l’époque. Aujourd’hui, on a du mal à dire que comprendre n’est pas excuser. Je suis chrétien et je crois aussi au pardon. Pour moi, il est en colère et cette colère se déverse d’une mauvaise façon.

Quels sont les projets à venir ? Un nouveau projet ensemble ?
JR : Il ne faut jamais dire jamais. On a beaucoup aimé faire cet album donc on verra par la suite.

Extrait Le dernier jour d'Howard Phillips Lovecraft Si vous aviez le pouvoir (sûrement hérité de l’univers fantastique de Lovecraft) de rentrer dans la tête d’un auteur, qui ce serait et pour y trouver quoi ?
JR : C’est une question spéciale car je suis dans ma tête et je sais à quel point c’est difficile ! Je ne sais pas si j’aurais besoin de ça. Trop d’informations. Si j’avais des super-pouvoirs, j’aimerais être dans l’espace et voir les autres planètes. C’est mon rêve.

RG : La tête d’un artiste, c’est quelque chose qui fait tripper si on n’est pas soi-même un artiste ! Ce n’est vraiment pas l’endroit où être. Je préfèrerais être dans le livre de quelqu’un qu’être dans sa tête. J’aime beaucoup Ernest Hemingway. J’adore La dérive qui est un livre posthume avec plusieurs de ses récits. A l’intérieur, il y a l’histoire étrange d’un père et son fils qui partent faire une partie de pêche en mer. J’aimerais bien être sur ce bateau…

Merci Romuald, merci Jakub ! Et merci à Emilie d'avoir organisé cette interview.