L'histoire :
Le temps a passé. Jacques et Carole, les parents de Blaise, se sont séparés. Une guerre a éclaté entre la France et la Chine, et les troupes françaises ont été envoyées en masse sur ce front oriental. Désormais en âge de combattre, Blaise a été mobilisé là-bas. Les informations télé annoncent l’enfer, les morts par dizaines. Dans son canapé, tandis qu’il sirote une bière, Jacques cause à son fils au téléphone. Il lui avoue que depuis que sa mère est partie vivre avec Philippe, c’est dur pour lui, mais qu’il ne faut pas qu’il culpabilise, car ce n’est pas de sa faute, même si c’est quand même dur pour lui. Il lui demande aussi s’il fait beau, en Chine. Et puis l’info primeur du moment, celle dont il faut absolument parler, c’est la mort soudaine de Dabi Doubane, la personnalité préférée des français. Ça épate tout le monde, ça mobilise les conversations et les médias. C’est devant une des nombreuses émissions télés qui lui sont consacrées, en compagnie de sa vieille maman, que Jacques a une idée de génie : et s’il profitait de son célibat pour aller voir une pute et faire tous les trucs dégueulasses qu’il n’a jamais osé faire avec Carole ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux ans qu’on était sans nouvelle de Blaise… L’inspiration de Dimitri Planchon s’était-elle tarie ? Que nenni, le revoilà, plus con que jamais (NDLR : ceci est un compliment, Dimitri) ! Le contexte social et géopolitique d’anticipation a toutefois fait un bon de quelques années en avant et les choses ont donc bien changé. Les parents de Blaise ont divorcé, une guerre a éclaté en Asie et Blaise y participe en tant que soldat. Car au passage, la France est devenue un empire expansionniste qui rétablit les colonies et l’esclavage… Mais on s’en fiche parce que le célèbre Dabi Doubane est mort, et ça, c’est terrrrrible. Le niveau moral, intellectuel et culturel de la société est donc resté au raz-des-pâquerettes, une véritable calamité ; et c’est le principal, car c’est de ce point sensible que Planchon tire la substantifique moelle de son humour féroce. Suivant la même méthode que pour les précédents volets, avec un cynisme jubilatoire pour mettre en relief notre société individualiste et égoïste à outrance, il livre une cinquantaine de séquences du quotidien pour cette famille « normale ». Le recueil souple est divisé en trois chapitres : tout d’abord, le focus est porté sur le père, Jacques, qui cherche à culpabiliser son entourage sur son célibat tragique. Puis passons à Blaise. Initialement présenté comme un soldat engagé dans un lointain et horrible conflit, nous découvrons qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter pour son intégrité physique… Puis enfin Carole, la mère, qui conforte dans une moindre mesure que chacun ne pense qu’à tirer un zest de gloriole de sa situation, sans la moindre notion de mesquinerie. Transversalement, la marche du monde importe bien moins dans les discutions mondaines, que le potin pipole sur lequel on peut bavasser des heures. Bref, Planchon massacre l’égo de l’humanité avec une acuité salutaire. Ses cases résultent une nouvelle fois de montages et d’infographies 3D, qui semblent encore plus soignés qu’auparavant, et dont les tronches ahuries ajoutent encore à l’effet comique. Un opus hilarant, si vous aimez le rire et la guerre…
