interview Comics

Stjepan Sejic

©Panini Comics édition 2015

Les pannes d'inspiration ont parfois du bon ! Le dessinateur croate Stjepan Sejic en a été victime après plusieurs années à travailler sur Witchblade. Pour se changer les idées, il se mit à illustrer plusieurs personnages dans des situations coquines. Devant les retours très positifs, l'artiste a alors imaginé la série Sunstone, un titre mêlant comédie, romance et BDSM. Le succès est au rendez-vous et il est mérité tant Sunstone est une lecture aussi surprenante que subtile et avant tout une formidable histoire d'amour. Retour sur la nouvelle vie artistique de Stjepan Sejic par le biais de quelques questions...

Réalisée en lien avec les albums Sunstone T1, Witchblade T6
Lieu de l'interview : Le cyber espace

interview menée
par
2 septembre 2015

Quelles étaient tes influences à tes débuts et quelles sont-elles, aujourd'hui ?
Stjepan Sejic : Lors de mes toutes premières lectures comics, mes premières influences venaient des artistes et auteurs italiens qui oeuvraient sur des titres comme Zagor, Dylan Dog, Nathan Never, etc. Plus tard, je suis devenu fan des comics américains dans le style des années 90. Des créateurs comme Michael Turner, Marc Silvestri, Dale Keown etc. Puis je me suis Stjepan Sejictourné vers le réalisme et ce que faisait Alex Ross. Mais, au final, ce qui prédomine c'est mon amour du style cartoon et c'est ce que j'ai fini par employer, la majorité du temps.

Comment définirais-tu le style Stjepan Sejic ?
Stjepan Sejic : Du cartoon réaliste. Du moins aujourd'hui.

À Top Cow, tu a commencé par colorer les planches d'autres artistes. Est-ce que les gens de Top Cow savaient que tu pouvais aussi dessiner ?
Stjepan Sejic : Pas au début. Mon éditrice a été très surprise quand je lui ai envoyé mes premiers échantillons. Au point que le premier email qu'elle m'a envoyé disait : « Attends une minute, là. Tu sais aussi dessiner ? ».

J'ai entendu dire que tu n'étais pas très fan des super-héros. Selon toi, Witchblade et Darkness n'appartiennent pas à ce genre ?
Stjepan Sejic : Non, pour moi Witchblade et Darkness sont plus dans le genre de Hellboy, des aventures surnaturelles.

Tu as débuté sur The Darkness Level One puis tu es très vite arrivé sur Witchblade. Tu es resté très longtemps sur la série. Quel regard portes-tu sur ta participation aux aventures de Sara Pazzini ?
Stjepan Sejic : Je hais ce que j'ai fait. Encore une fois, je déteste toujours mes vieux dessins. Quand d'autres que moi jettent un oeil sur ces comics, c'est tout ce qu'ils voient, des comics. Moi, j'y vois des erreurs, des expériences Stjepan Sejicratées, des impasses artistiques dont il m'a fallu m'extirper. Mais c'est quelque chose de fréquent parmi les dessinateurs.

As-tu suivi la suite de la série après ton départ ?
Stjepan Sejic : Plus ou moins. J'avais un emploi du temps de folie. Une des choses que tu entendras très souvent de la part de créateurs de comics est qu'ils ont rarement le temps d'en lire.

Tu es un artiste qui travaille très vite, au point de réaliser parfois des couvertures pour d'autres éditeurs comme Marvel. Est-ce que ce dernier t'a déjà fait des appels du pied pour que tu travailles sur ses séries ?
Stjepan Sejic : Marvel, non. Je travaille principalement avec DC, ces derniers temps. Encore une fois, je ne cherche pas vraiment, la charge de travail ne me manque pas.

Dernièrement, tu t'es aventuré avec Sunstone dans un registre très différent de celui dans lequel nous te connaissions jusqu'ici. La série sortant en France cet été, peux-tu nous présenter le titre ?
Stjepan Sejic : Sunstone, ou l'incroyable aventure BDSM de Ally et de Lisa ! C'est une comédie romano-érotique où deux amies se rencontrent via le web et décident de se gratter mutuellement, là où ça fait du bien. Au départ, ce ne devait être qu'un petit arrangement entre amies. Bien entendu, les choses vont se compliquer.

Stjepan Sejic Sunstone Sunstone a eu dès sa parution un accueil très positif. T'attendais-tu à cela ?
Stjepan Sejic : Je ne m'attendais même pas à ce que Sunstone voie le jour. Après ça, ce ne furent que d'agréables surprises.

Le fait d'avoir au départ publié Sunstone sur le web t'a t-il permis plus de liberté que ce qu'aurait laissé passé un éditeur en temps normal ?
Stjepan Sejic : Oui, et non. D'un côté, sur internet, tu n'as pas d'éditeur à proprement parler. De l'autre, tu en as en fait des dizaines de milliers. Et tous savent repérer tes fautes de frappe.

As-tu eu des retours concernant Sunstone de la part de membres de la communauté BDSM et, si oui, en bien ? Je veux dire par là, meilleurs que 50 Shades of Grey ?
Stjepan Sejic : J'ai eu de nombreux retours et leur teneur était prévue. Là encore, je connaissais déjà des gens appartenant à la communauté BDSM bien avant que Sunstone ne voie le jour. Et puis, il y a l'expérience, aussi.

J'ai lu le deuxième tome, encore inédit en France et comme tu le soulignes dans les bonus, il est clair que tu y as consacré un soin particulier, plus encore que le premier tome. Est-ce à dire que la réalisation de Sunstone est devenu quelque chose de plus sérieux qu'au départ ?
Stjepan Sejic : Eh bien, je suppose que qui vivra verra. Plus sérieusement, il y a des scènes que je préfère illustrer de manière réaliste, dès lors que la situation le requiert.

Stjepan Sejic Le premier tome était drôle tandis que le deuxième adopte un ton plus dramatique. À quoi doit-on s'attendre dans le troisième ?
Stjepan Sejic : Des fumigènes ! [NDT: traduction incertaine] Il y aura des moments drôles, d'autres, dramatiques. C'est romantique, les deux sont indissociables.

En parallèle de Sunstone, tu as aussi créé Death Vigil. Est-ce que cette série est cette fameuse saga d'heroic fantasy sur laquelle tu travailles depuis des années ?
Stjepan Sejic : Non, ça, c'était Ravine. Le premier de mes comics qui se soit fracassé sur le mur des ventes. Death Vigil a l'air parti pour devenir le second mais il y a encore de l'espoir. Quoi qu'il en soit, le premier arc narratif est terminé et avec un peu de chances et des ventes correctes en TPB, je pourrais poursuivre la série.

Sais-tu si Death Vigil a des chances de sortir en France ? Peux-tu nous présenter un peu le titre ?
Stjepan Sejic : Très franchement, je ne sais pas si ça sortira en France. Il est trop tôt pour le dire. Quant à l'histoire, ça parle d'une bande de chevaliers de la mort combattant aux côtés de la Faucheuse afin de défendre notre univers de l'invasion des Grands Anciens. C'est un mélange d'aventure, d'horreur et de comédie qui a eu un formidable accueil de la part des critiques.

Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Stjepan Sejic : Le regretté Stan Winston. Les productions de son studio ont eu une grande influence sur mon sens du design, quand j'étais adolescent.

Merci Stjepan !

Remerciements à Alain Delaplace pour la traduction surchauffée !

Retrouvez également l'interview originale de Stjepan Sejic en cliquant ici !


Stjepan Sejic Sunstone