L'histoire :
En 1936, originaire de Brownsville, un quartier de New York, la petite bande constituée entre autres d’Abe Reles, Pittsburgh Phil et Happy Maione s’est fait une réputation sur l’ensemble du territoire américain. Baptisé Murder Inc. par les journalistes, le groupe criminel porte la mort aux 4 coins du pays dés que le gratin de la Mafia lève le petit doigt. La machine si bien huilée fait ses premiers hoquets lorsqu’un grain de sable nommé Red Alpert refuse de se soumettre aux volontés de Pittsburgh Phil. Son sort est pourtant scellé : on décide de lui faire la peau. Mais avant de passer de vie à trépas, Alpert s’est confié à son vieux copain Rudolph… Lorsque 6 ans plus tard ce dernier se retrouve derrière les barreaux, il décide de s’épancher auprès du jeune Burton Turkus, l’assistant du District Attorney. Même si le prisonnier est connu pour être quelque peu dérangé, Turkus tient enfin une piste qui lui permet d’ébranler l’édifice bâti par Reles et ses comparses. Il décide donc de faire comparaitre Abe Reles et Buggsy Goldstein, pour le meurtre de Red Alpert. Les 2 hommes se rendent sans plus de difficulté au commissariat, le sourire aux lèvres, persuadés qu’une nouvelle fois ils sortiront blancs comme neige de cette accusation. Rapidement pourtant, l’assistant du District Attorney avance ses pions en réussissant à retourner des membres de la bande. Mais le plus surprenant reste à venir, puisque le 21 mars 1940, c’est le Kid Twist Reles, lui-même, qui, contre son immunité, se propose de pousser la chansonnette. Une mélodie qui risque d’en électrifier plus d’un…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau focus sur le crime organisé dans la New York des années 30 permet à David Chauvel de clore le second chapitre de sa Mafia Story, en confirmant l’orientation qu’il a voulu lui donner : un bon vieux documentaire touffu, épais, à lire la pipe au bec, au coin du feu. L’omniprésence de la voix-off qui distille à longueur de planche une quantité astronomique d’informations et annihile les velléités d’improvisations romanesques, en est le chef d’orchestre. Suivent à la baguette : cadrages, découpages et dessins, pour servir de la meilleure des manières cette intention. Les grincheux y trouveront forcément à redire, regrettant que la série n’exploite pas le potentiel narratif de l’époque, en utilisant par exemple le charisme de certains « acteurs » ou les zones d’ombres historiques pour broder (des cinéastes ou des romanciers s’y étant essayé avec succès). Mais David Chauvel, à l’instar de ce qu’il avait entrepris dans Ce qui est à nous, a choisi de nous faire vivre sa fascination pour cet univers sous l’angle historique, se refusant toute élucubration. Ce choix nous permet de démythifier ces « Initiés » dont on nous a trop souvent vendu le code d’honneur et l’héroïsme bon enfant. L’image que nous donne ici Kid Twist Reles et ses acolytes est nettement moins glorieuse : un univers rythmé par les trahisons et l’abandon de ses valeurs les plus chères, pour les billets verts ou pour sauver sa peau. Sans rédemption.
