interview Manga

Kengo Hanazawa

©Kana édition 2013

Au Japon, Kengo Hanazawa est un mangaka à succès dans le registre du seinen. Ses anciennes séries, si elles n’ont pas encore été traduites en France, ont au Japon en tout cas été pour l’une récompensée (Ressentiment) et pour l’autre adaptée en film (Boys on the run). Sa série la plus récente traduite en France, I am a hero, a quant à elle plusieurs fois été dans le top des ventes au Japon. Il faut dire que ce titre de zombies se montre des plus originaux grâce à ses protagonistes en complet décalage avec le monde qui les entoure. A l’image de leur auteur ? Si on l’écoute, I am a hero est écrit par un auteur qui pense « I am a loser »... Pour en savoir plus, nous sommes allés le rencontrer lors de sa première venue en Europe, au salon Made In Asia de Bruxelles. Durant tout un week-end, Kengo Hanazawa a répondu aux nombreuses questions de son public, et aux nôtres...

Réalisée en lien avec les albums I am a hero T7, I am a hero T6, I am a hero T5, I am a hero T4, I am a hero T2, I am a hero T1
Lieu de l'interview : Made In Asia 5

interview menée
par
9 mai 2013

Racontez vos débuts de mangaka en tant qu’assistant et comment avez-vous commencé dans le métier ?
Kengo Hanazawa : A l’âge de 23 ans, je suis devenu assistant pour un mangaka, Osamu Uoto, l’auteur de Dossier A (publié en France chez Delcourt), puis je suis devenu mangaka moi-même à l’âge de 29 ans, et j’ai finalement pu lancer ma première série, Ressentiment.

Quels sont vos maîtres en manga ?
Kengo Hanazawa : En dehors de Osamu Uoto pour qui j’étais assistant, j’admire Yoshiharu Tsuge (l’auteur du manga L’homme sans talent disponible en France chez l’éditeur Ego comme X).

Dans I am a hero comme dans vos anciennes séries Ressentiment ou Boys on the run (non traduites à ce jour), vos héros sont toujours des losers au départ. Est-ce que vous affectionnez spécifiquement ce genre de personnages ?
Les œuvres originales de l’auteur Kengo Hanazawa : Pour dire vrai, dans ces mangas, c’est de moi que je parle. A chaque fois, le personnage principal est un loser qui me ressemble. Tous ces personnages me reflètent, car quand je fais un manga, je veux que cela reflète la réalité. C’est pour cela que mes personnages principaux me ressemblent à chaque fois beaucoup.


Les œuvres originales de l’auteur


Jusqu’à quel point Hideo, le personnage principal de I am a hero, est-il autobiographique : il vous ressemble beaucoup, il fait le même métier… Avez-vous un fusil, et êtes-vous vous aussi tenté de tirer sur des gens ?
Kengo Hanazawa : Déjà, il me ressemble physiquement. Je me suis fait couper les cheveux récemment, mais sinon, on a la même tête. Je ne sais pas si j’ai envie de tirer sur les gens, mais au Japon c’est déjà un crime d’avoir une arme à feu, donc de toute façon ce n’est pas possible pour moi d’en avoir une.

Pour continuer sur le héros, Hideo, il est névrosé, craintif, paranoïaque... Il a énormément de défauts. Pourquoi lui en avoir donné autant et pas par exemple simplement un gros défaut majeur ?
Kengo Hanazawa : Pour créer ce manga, j’estimais que le réalisme était très important. Le personnage principal me reflète, et j’ai moi-même beaucoup de défauts, c’est pour cela que je lui en ai donné beaucoup également.

Hideo et son fusil Comme on le disait, le personnage principal est un peu paranoïaque. C’est parce qu’il est comme ça et qu’il vit en marge de la société et qu’il survit mieux par rapport aux autres. Vous sentez-vous aussi un peu en marge ?
Kengo Hanazawa : C’est vrai que je suis souvent en marge, et si je ne pouvais pas écrire de manga, je ne serais personne. Le personnage principal de I am a hero me reflète bien : si je n’étais pas mangaka, je serais un loser moi aussi. C’est le manga qui m’a sauvé.

Comme un clin d’œil, à un moment Hideo porte un t-shirt sur lequel est inscrit « Hysteric NEET » (neet signifie Not in Employment, Education or Training, terme utilisé pour décrire au Japon les gens qui ne font absolument rien de leur vie), est-ce que vous vous sentez proche de ce genre de personnes ?
Kengo Hanazawa : Mon personnage a du travail puisqu’il est assistant mangaka, donc ce n’est pas un NEET, mais il n’est tout de même pas très bien vu. Je suis désolé pour les gens dans cette situation. Moi-même, si je n’avais pas le manga, je pourrais être NEET mais heureusement j’ai réalisé mon rêve d’être mangaka.

A ce propos, en faisant du héros un mangaka, vous vouliez montrer quelque chose de la profession en particulier ? La solitude par exemple...
Kengo Hanazawa : La solitude oui, et parler du statut de mangaka, notamment quand la carrière ne décolle pas. Le personnage a beaucoup de frustration en lui, comme la plupart des mangakas. Il y a beaucoup de décalage entre ceux qui réussissent et les autres.

Le public est venu nombreux à Made In Asia assister à la conférence Le public est venu nombreux à Made In Asia assister à la conférence

Quand on lit le premier tome, il y a une description assez réaliste de ce qu’est la vie d’un mangaka dans un atelier. Avez-vous retranscrit les choses telles que vous les avez vécues lorsque vous étiez assistant ?
Kengo Hanazawa : Oui, bien évidemment, cela reflète la réalité, je n’ai pas vraiment exagéré.

Cette vie d’assistant semble très dure, cela ne vous a pas découragé à l’époque ?
Kengo Hanazawa : C’est vrai que j’ai souffert à ce moment-là. Même maintenant que je ne suis plus assistant, c’est dur. Par exemple c’est difficile de continuer à publier chaque semaine, on a parfois du mal à trouver des idées pour l’histoire.

Au début de la série, Hideo a peut-être beaucoup de défauts mais en tout cas il exprime souvent son avis sur différents points concernant la société. Ce sont souvent des monologues, il n’y a pas vraiment de réponses en face de la part de ses collègues qui n’ont pas trop l’air intéressés. Ces réflexions sur la société, ce sont les vôtres ou est-ce que c’était juste pour montrer qu’autour du héros les autres personnages sont complétement amorphes et n’ont pas envie de réfléchir, comme des zombies avant l’heure en quelque sorte ?
Kengo Hanazawa : Oui, ce sont mes propres réflexions tous ces monologues. Maintenant, je suis marié, et je discute avec ma femme, mais avant cela, c’est vrai que j’étais solitaire, et ça se passait comme dans le manga.

Kengo Hanazawa en conférence au salon Made In Asia de Bruxelles Kengo Hanazawa en conférence au salon Made In Asia de Bruxelles

Dans le manga, la société japonaise semble anesthésiée : le personnage fait des monologues sans réponse, et après ce sont des vrais zombies qu’il a en face de lui, ce qui ne change pas grand-chose. Au fur et à mesure de cette invasion surnaturelle, la population japonaise commence à se réveiller. Il y a une scène très marquante où un personnage sur le point de mourir après une attaque de zombies dit qu’il est très content car il s’est enfin senti en vie. C’est ce que vous voulez faire avec cette série, créer un électrochoc pour la société japonaise ?
Kengo Hanazawa : C’est vrai que je pense qu’il faut changer la façon de penser dans la société japonaise. J’ai commencé cette série avant le séisme de 2011, mais finalement la réalité a dépassé la fiction. Bien évidemment, c’est maintenant le moment de réfléchir aux changements... Mais au début, c’est vrai que j’ai voulu choquer la société.


Un des 12 dessins réalisés par l’auteur pour ses fans : le personnage de Hiromi Dans cette représentation de la société japonaise, il y a un côté satirique très prononcé. Le monde est au bord du chaos, mais les gens ne font pas attention à ce qui est en train d’arriver. Ils semblent complétement aveugles à ce qui se passe autour d’eux et restent cloisonnés dans leur vie, ils continuent de s’inquiéter de leur travail alors que la ville est à feu et à sang... Ils sont incapables de gérer ce qu’il se passe autour d’eux. Est-ce votre vision du Japon actuel ?
Kengo Hanazawa : Oui, j’ai cette vision-là. Après le séisme de mars 2011, les choses ont changé mais c’est vrai qu’au Japon, les gens n’étaient pas conscients de la possibilité d’une crise. Le séisme a changé beaucoup de choses, notamment la façon de penser.

Un des 12 dessins réalisés par l’auteur pour ses fans : le personnage de Hiromi



La série a été créée avant Fukushima, mais si elle avait été créée après, auriez-vous changé le point de départ de l’invasion zombie pour le placer là-bas, pour faire écho à une catastrophe récente justement ?
Kengo Hanazawa : Au contraire, j’aurais évité de placer le début à Fukushima car c’est très délicat de parler de cela. Peut-être même qu’il n’aurait pas été possible de commencer cette série qui parle de catastrophe à l’échelle nationale si on avait voulu la lancer après le séisme.

Hideo est quelqu’un qui vit beaucoup dans l’imaginaire, et au moment où des éléments fantastiques envahissent la vie réelle, il les refuse, il ne l’accepte pas. Pourquoi ce déni, cette fuite de la réalité ?
Kengo Hanazawa : Il n’a pas beaucoup de capacités de communication. Pour des gens comme ça, c’est difficile de vivre dans la réalité, c’est le cas de beaucoup de mangaka. C’est vrai qu’il refuse de regarder la réalité, car sinon il ne pourrait pas survivre. La fuite est un moyen de survie...

Dans le manga, Hideo dit qu’il n’est pas le personnage principal de sa propre vie mais un personnage secondaire. Plus qu’un titre de zombies, ce récit n’est-il pas qu’une excuse Un des 12 dessins réalisés par l’auteur pour ses fans : le personnage de Hideo pour montrer comment Hideo devient le personnage principal de sa vie ? Les zombies sont juste un prétexte mais ça aurait pu être n’importe quoi d’autre...
Kengo Hanazawa : Effectivement, c’est plutôt une série qui reflète la société plutôt qu’une série de zombies. Au début on n’avait pas décidé quelle serait la cause de la catastrophe. Les zombies, ça n’a pas de personnalité, ils sont là en tant que rôles secondaires et laissent donc facilement la place à Hideo. Mais je ne me sens pas moi-même comme le personnage principal dans ma vie, et comme il y a vraiment beaucoup de points communs entre le personnage et moi, c’est donc difficile pour moi de faire en sorte que Hideo le devienne dans le récit.

Un des 12 dessins réalisés par l’auteur pour ses fans : le personnage de Hideo



Est-ce que pour dépasser ses peurs et devenir le héros de sa propre vie, il faut être confronté à un événement énorme comme une invasion de zombie ?
Kengo Hanazawa : Pour faire cette histoire, on a décidé que la peur était le plus important, et ce qui provoque cette peur aurait effectivement pu être n’importe quoi. On y a réfléchi et on a finalement pensé aux zombies, mais c’est la peur qui est véritablement l’élément central auquel sont confrontés les protagonistes.

Pour être créatif et se démarquer dans le système actuel de production du manga, pensez-vous qu’il faut comme votre personnage avoir autant de névroses ? Que c’est nécessaire pour la création ?
Kengo Hanazawa : Pour ce manga en tout cas, la peur ou la nervosité sont très importants. La peur est l’élément principal du récit et avant de commencer à écrire la série, j’ai beaucoup discuté avec mon éditeur à ce sujet, des peurs profondes, des peurs de l’enfance... Quand j’étais petit, j’avais peur d’aller aux toilettes tout seul par exemple.

A propos de la notion de réalisme, le manga est un moyen d’expression qui peux imiter la réalité mais qui ne l’est pas. Qu’avez-vous utilisé comme astuce dans votre récit pour donner cette impression de réalité au lecteur ?
Kengo Hanazawa : J’ai essayé de mettre mes sentiments sans les changer. J’essaye de ne pas les cacher, de mettre ce que je ressens réellement dans la vie quotidienne pour que ce soit réaliste.

Pourquoi êtes-vous aussi attaché au réalisme ?
Kengo Hanazawa : Il est nécessaire de bien montrer la réalité pour ensuite décrire au mieux la panique. Comme cela, les différences entre la réalité et le monde imaginaire qui a sombré dans le chaos ressortent bien.

Un stand Kana permettait aux amateurs de se faire maquiller en zombie Un stand Kana permettait aux amateurs de se faire maquiller en zombie

I am a hero met en scène des zombies. Quelles sont vos références dans le genre ?
Kengo Hanazawa : Elles sont essentiellement cinématographiques. C’est dans le film Dawn of the dead que j’ai découvert les zombies qui pouvaient courir très vite et cela m’a impressionné. Après cela j’ai vu 28 jours plus tard et REC, et plus récemment la série The walking dead. Parmi les zombies, ceux qui courent et ont des mouvements rapides me font le plus d’effet, cela augmente la peur. Ce n’est pas la même rapidité de contamination non plus.

Le titre de la série, I am a hero, fait-il référence à I am a legend, l’œuvre de Richard Matheson ? Comme dans le roman, Hideo restera-t-il lui aussi le dernier homme sur Terre ?
Kengo Hanazawa : Oui tout à fait, mais il s’agit de la version film. J’ai été attiré par la scène où le personnage principal reste tout seul dans cette histoire. Je voulais faire la même chose mais qui se passerait à Tokyo par exemple. Pour le reste je ne sais pas : la suite n’est pas encore écrite mais je vois à peu près la fin que je veux mettre en place. Dans beaucoup de films de zombies, ils n’expliquent pas ce que sont ces créatures, mais moi je veux essayer de le montrer.

Le zombie « classique » à l’occidental, à la base, c’est un mort qui revient à la vie. Vous vous inscrivez plus dans la veine des contaminés, des gens infectés par un virus. Ce type de zombies « bactériologiques », c’est quelque chose de très japonais. Un des 2 ex-libris dessinés spécialement pour le salon Made In Asia : Hideo D’où pensez-vous que vienne cette différence culturelle ? D’un traumatisme comme Hiroshima peut-être ?
Kengo Hanazawa : Oui, peut-être que cela reflète la culture japonaise. Au Japon, on brûle les morts, donc ils ne peuvent pas ressusciter et sortir de leur tombe. Quand j’ai commencé I am a hero, je ne pensais pas du tout à ce genre de chose, la contamination, mais c’est vrai que depuis le séisme de mars 2011, c’est une chose à laquelle je réfléchis.

Le 1er tome se termine avec la 1ère véritable apparition d’un zombie. Ce n’est vraiment pas une scène ordinaire et plus qu’un zombie, cela rappelle plutôt les films de fantômes asiatiques. Cherchiez-vous à brouillez les pistes ?
Kengo Hanazawa : Je n’ai pas spécialement pensé à jouer avec les lecteurs à ce moment-là, mais il est vrai qu’habituellement je cherche à toujours à les surprendre.

Un des 2 ex-libris dessinés spécialement pour le salon Made In Asia : Hideo



Et ce mélange de styles graphiques entre le récit de zombie et celui de fantômes japonais était voulu ?
Kengo Hanazawa : Chez les japonais, il y a cette sorte de peur indéfinissable, qui est peut-être propre à notre culture. Et peut-être que j’associe cette peur indéfinissable avec les zombies, mais je n’ai pas particulièrement essayé de croiser les fantômes japonais avec les zombies, cela a dû se faire inconsciemment.

Vous vous imposez une contrainte de respect graphique par rapport à la réalité, et à côté de cela vos zombies sont très surréalistes, désarticulés, grotesques. Ils dénotent vraiment du reste. C’est votre espace de liberté ?
Un zombie vraiment étrange Kengo Hanazawa : Pour tout le reste je colle à la réalité, mais pour les zombies, je veux faire passer la peur, et pour cela il faut que cela dénote vraiment, que ça sorte de l’imagination.

Justement, d’où viennent vos idées pour la représentation graphique des zombies ? Avez-vous des références ou est-ce votre imagination ?
Kengo Hanazawa : Pour ce qui est des références, j’ai vu beaucoup de zombies dans les films, mais justement je voulais dessiner quelque chose que je n’avais jamais vu. C’est comme ça que j’ai créé les zombies qui courent en arrière ou à 4 pattes.


Votre récit se déroule pratiquement en temps réel, il y a très peu d’ellipses. Votre style est très découpé, et certaines séquences détaillent chaque mouvement, ce qui donne des scènes très longues lors des attaques de zombies, et parfois aussi des séquences très dures au niveau de la violence. Etait-ce votre intention ?
Kengo Hanazawa : Comme je le disais, pour créer de l’originalité avec les zombies, je les fais par exemple courir à 4 pattes, des choses comme ça. Ensuite, pour le découpage, je décris les détails de chacun de ces étranges mouvements car cela donne un côté très réel que les lecteurs apprécient.

Il y a des instants saisissants, comme la scène où Hideo coure dans la rue et passe devant plein de maisons. Les habitants disent des phrases qu’on saisit au vol et on entend qu’ils sont aux prises avec des zombies ou en train de mourir...
Kengo Hanazawa : C’est vrai qu’au lieu de juste suivre les mouvements du personnage principal, je mets ce qu’il se passe en arrière-fond. C’est une technique pour montrer le monde entier et pas seulement le monde du personnage principal.

Pouvez-vous nous expliquer la façon dont vous travaillez. Il me semble que vous utilisez beaucoup l’ordinateur...
Kengo Hanazawa : Je commence par le crayonné, et à partir de là je vais discuter du contenu de chaque chapitre avec mon responsable éditorial. C’est une esquisse très simplifiée : je travaille pour un magazine hebdomadaire et il faut produire très rapidement. Je dois faire entre 16 et 18 pages par semaine. Habituellement, je commence à travailler à 13h et je termine à 3h du matin. Mais quand on est juste avant la date limite de rendu des planches, je ne dors même plus, je continue de travailler en permanence jusqu’à ce que j’ai terminé toutes les planches. Pour les graphismes, je mélange le dessin manuel et l’ordinateur. Je dessine quelques personnages à la main, et ensuite je scanne la planche. Durant la conférence publique, l’auteur explique à renfort de photos comment il créé ses planches étape par étape J’ai 5 ou 6 assistants. Ils s’occupent par exemple des décors. On scanne tous les dessins dans l’ordinateur, et après ils s’occupent de placer chacun des éléments dans les cases, et aussi du tramage. On utilise des photos pour refléter au mieux la réalité, que ce soit pour les décors, ou certaines poses des personnages. Par exemple pour dessiner une voiture, je la dessine d’abord à la main d’après un modèle, puis on passe le dessin à l’ordinateur, on pose les trames numériques et on s’occupe d’incruster des décors derrière. Après, on réunit le décor et les personnages dessinés à part : on met tous les éléments ensemble dans les cases.


Durant la conférence publique, l’auteur explique à renfort de photos comment il créé ses planches étape par étape



Sur une série comme I am a hero, vous avez travaillé avec combien de photographies jusqu’ici ?
Kengo Hanazawa : Il y a vraiment beaucoup de décors différents dans la série, et je voyage beaucoup pour faire les photographies pour ces décors. A chaque voyage, je fais 3 000 à 4 000 photos, et je n’en choisis que quelques-unes après cela pour les utiliser dans le manga.

Vous avez une date limite chaque semaine pour le magazine. Comment gérez-vous votre emploi du temps et votre stress ?
Un des 2 ex-libris dessinés spécialement pour le salon Made In Asia : Hiromi Kengo Hanazawa : C’est mon éditrice qui contrôle la date limite de rendu des planches, et je me débrouille. En principe, je reste tout le temps à la maison, mon atelier est chez moi, mais pour me décontracter je sors au restaurant avec ma femme.

Connaissez-vous la BD européenne ?
Kengo Hanazawa : Je ne connais pas très bien, désolé. Je suis allé à la librairie hier et j’ai feuilleté quelques ouvrages. Je vais regarder ça... J’ai trouvé des choses magnifiques.

Le fait d’avoir été sélectionné à Angoulême, cela représente quelque chose pour vous ?
Kengo Hanazawa : Je suis étonné car cela veut dire qu’il y a beaucoup de gens à l’étranger qui comprennent mon travail alors que c’est quelque chose de très japonais. S’ils aiment ça, cela veut dire que j’arrive à partager mes sentiments avec beaucoup de gens, c’est rassurant.

Un des 2 ex-libris dessinés spécialement pour le salon Made In Asia : Hiromi



Que pensez-vous du succès de votre série auprès des lecteurs francophones ?
Kengo Hanazawa : Je suis étonné de voir à quel point la culture japonaise est appréciée ici. Le succès de ma série m’étonne car ce manga n’est pas aussi violent que les titres de zombies habituels. Et surtout, le personnage principal de I am a hero, Hideo, est plutôt un perdant. Mais les lecteurs aiment bien ce personnage malgré tout et c’est surtout cela qui m’étonne.

Aujourd’hui, vous avez réussi : vous avez un manga qui a du succès dans le monde entier. On ne peut plus dire que vous êtes un loser. Puisque vous vous inspiriez de vous pour créer vos personnages de perdants, comment ferez-vous pour vos prochaines séries ?
Kengo Hanazawa : Malgré le succès de la série, je me considère toujours de la même manière. Et je ne pourrais pas écrire de série avec un super héros par exemple, j’aurais l’impression que c’est un mensonge et ce n’est pas ce que je veux produire. Je continuerai donc probablement à faire des mangas avec des perdants.

Kengo Hanazawa en dédicace au salon Made In Asia de Bruxelles Kengo Hanazawa en dédicace au salon Made In Asia de Bruxelles

Voudrez-vous continuer à faire des mangas dans ce style, axés sur la peur, on bien souhaiterez-vous essayer d’autres genres d’histoire ?
Kengo Hanazawa : Bientôt, je ferai un manga avec un style différent, mais je ne peux pas encore en parler.

Pour conclure, que feriez-vous en cas d’invasion de zombies ?
Kengo Hanazawa : Je ne pourrais pas résister et je deviendrais un zombie tout de suite. C’est peut-être mieux comme ça, il y aurait moins de stress.

Merci !


Merci aux éditions Kana et au salon Made In Asia


Toutes les illustrations de l'article sont ©Kengo Hanazawa
I AM A HERO © 2009 Kengo HANAZAWA / Shogakukan
Toutes les photos sont ©Nicolas Demay